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Les conducteurs âgés « fichés S »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 26/09/2023 à 12:00

Est-ce que cette info qui circule à tout-va entre les bouches et les oreilles est exacte ? Que les conducteurs seniors devront placarder un S sur le coffre de leur voiture, ceci afin d’indiquer aux autres utilisateurs de la route qu’ils suivent une personne âgée et agir en conséquence.

C’est la rumeur du moment. À l’instar des nouveaux automobilistes qui se doivent de rouler avec le fameux A à l’arrière de leur véhicule, leurs aînés auront également un signe distinctif. Il s’agirait d’un grand S rouge, collé par les conducteurs de plus de 65 ans sur leur moyen de locomotion.

Mais contrairement aux premiers qui circulent avec le macaron pendant trois ans, les « vieux » le garderaient ad vitam æternam.

« Cela serait très discriminatoire à mon sens. »

« Pour l’instant, ce n’est qu’une rumeur, annonce Frédéric Doutre, patron de l’auto-moto-école de la Voix verte au Puy-en-Velay. Je trouve qu’appliquer ce genre de signe serait très compliqué en termes d’éthique. Cela serait très discriminatoire à mon sens ».

À la question de savoir si cela ne ressemblerait pas finalement au A des nouveaux conducteurs, Frédéric Doutre répond : « Je comprends l’idée du S pour les seniors au même titre que le A. Mais déjà, le A s’applique à toutes les tranches d’âge au moment où le conducteur a passé le permis. Là, le S n’indiquerait pas le côté inexpérimenté de l’automobiliste mais son âge. C’est très discriminant et je suis certain que ce serait mal perçu par les gens concernés ».

« Si ce S peut empêcher même un seul mort, je ne vois pas où est le problème. »

Pour Bernard et Gilberte, le premier habitant à Brives-Charensac, la seconde à Vals-près-le-Puy, le débat fait...débat. « Pourquoi pas ?, lance Bernard du haut de ses 77 ans et de son demi-siècle de permis de conduire. Je ne vois pas en quoi cela serait blessant pour les vieux conducteurs. Si ça peut éviter des accidents même minimes, alors c’est gagné. Avec tous les morts qu’il y a encore sur les routes, tout doit être envisagé. Si ce S peut empêcher même un seul mort, je ne vois pas où est le problème ».

« Avant, on répondait à deux questions pour le code. Et sur la route, il n’y avait pas autant de voitures et de signalisations. Les feux tricolores étaient inexistants. Il n’y avait pas de dos d’âne non plus ». Gilberte, 72 ans

« Je suis contre ce S qui assimilerait forcément un vieux à un danger systématique. »

Quant à Gilberte, 72 ans, détentrice du papier rose depuis ses 19 ans, elle se dresse contre l’idée. « Je suis absolument contre !, livre-t-elle au volant de sa Twingo. Mais je reconnais tout de même que les seniors ne conduisent pas forcément bien même s’ils pensent le contraire ».

Elle ajoute : « Il ne faut pas oublier que le passage du permis il y a 50 ans était complètement différent, tout comme l’attitude au volant. Avant, on répondait à deux questions pour le code. Et sur la route, il n’y avait pas autant de voitures et de signalisations. Les feux tricolores étaient inexistants. Il n’y avait pas de dos d’âne non plus ».

Elle termine ainsi : « Les vieux entendent moins bien et possèdent moins de réflexes, c’est vrai. Mais je suis contre ce S qui assimilerait forcément un vieux à un danger systématique ! »

« C’est à double tranchant »

Frédéric Doutre rappelle que les accidents mortels touchent plus les jeunes âgés de 18 à 25 ans que les conducteurs de plus de 65 ans. « Peut-être que ce S permettrait d’alerter, envisage-t-il. Mais c’est à double tranchant. Un signe tel que celui-là pourrait pousser les conducteurs seniors à se sentir plus en sécurité et plus dans le droit de faire des erreurs ».

« Ils sont très attentifs aux évolutions sur le sujet et sont conscients de leur état de santé. »

Le professionnel pense que la solution réside dans la prévention et dans l’actualisation des savoirs. « Des ateliers seniors sur la conduite se font de plus en plus un peu partout en Haute-Loire comme à Chaspuzac ou à Saint-Paulien, par exemple. Ils sont en principe proposés par les CCAS des communes. »

Il continue : « Les participants revoient le code, apprennent certaines modifications, font de l’audit de conduite. Ils sont très attentifs aux évolutions sur le sujet et sont conscients de leur état de santé. Je pense sincèrement que la prévention et la sensibilisation sont beaucoup plus efficaces qu’une simple étiquette collée sur la voiture ».

« Que les personnes dites "senior" puissent avoir accès tous les 5 ans à une visite médicale »

Au sein du gouvernement a été abordée la question d'une visite médicale obligatoire pour les conducteurs de plus de 65 ans qui s'échelonnerait à fréquence régulière. Si le sujet reste encore en l'état de réflexion, l'idée semble séduire d'avantage que le S indicatif.

« Je trouve que ce S ne sert à rien, partage Coralie, conductrice brivoise de 39 ans. Mais ce qui pourrait servir la cause de la sécurité routière et même celle des automobilistes concernés, serait que les personnes dites "senior" puissent avoir accès tous les 5 ans par exemple à une visite médicale pour faire un bilan de leur état de santé. Elles pourraient être conscientes de leur problèmes visuels, auditifs et autres et adapter alors leur conduite en fonction ».

 

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