Depuis plus d’un an, des voix se lèvent à l’ombre du château de Polignac pour se dresser contre le projet d’Altriom. L’entreprise de tri des déchets avait pour dessein de construire une structure permettant, selon le Président de la société Altriom, de produire de la chaleur avec « un combustible fabriqué avec des matières triées non-recyclable et réduire ainsi les ultimes restants à enfouir ».
Du côté des nombreux opposants, composés des gens de la commune et d’ailleurs, c’est une véritable croisade organisée contre ce qu’ils définissent comme « un incinérateur, générateur de rejets dangereux et toxiques ». Même une centaine de médecin (127 précisément) avait mêlé leur griffe pour alerter des dangers potentiels sur l’homme et son environnement.
Depuis, les rumeurs ont fait leur bout de chemin, alimentant les espoirs et les doutes. D’après certaines sources, provenant directement du Conseil municipal de Polignac, les permis de construire ont tous été refusés par la commune. Certains acteurs principaux de la fronde certifient aussi que le projet d’Altriom se fera mais dans le Brivadois ou du côté d’Ambert.
Précédemment, la rédaction de Zoomdici a tenté de faire réagir le maire de Polignac, Jean-Pierre Vigouroux, sur le sujet. Mais il ne souhaite pas s’étendre sur ce dossier dit sensible
« Le dossier n’a pas encore été rendu public par le Préfet. Alors, qui peut soutenir de telles fausses affirmations ? »
La chaudière environnementale à Polignac est-elle définitivement enterrée ? « Non, c’est faux, lance Fabien Charreyre. Le projet est parfaitement en cours. Nous avons procédé à un complément d’informations demandé par les services d’instructions ».
Fabien Charreyre complète pour mettre à terre la rumeur des permis non autorisés : « Les permis seront instruits par la Préfecture et en lien avec le dossier d’autorisation. C’est dans ce dernier que se trouvent les études environnementales complémentaires. Ces documents sont dans les mains de personnels en charge de l’instruction à la DDT et à La DREAL. Le dossier n’a pas encore été rendu public par le Préfet. Alors, qui peut soutenir de telles fausses affirmations ? »
« Si politiquement nos élus déterminent d’autres solutions viables, nous les suivrons »
Mais quant est-il alors des localités qui apparaissent dans les discussions et qui évoquent la construction de la chaudière plutôt vers Brioude ou Ambert ? « Encore des rumeurs sans fondement, certifie Fabien Charreyre. À Polignac, nous sommes dans une zone industrielle, sur un terrain qui au PLU est destiné à ce type d’activités ! Peut-on trouver meilleur endroit ? »
Il continue en ce sens : « Cela dit, notre projet permet d’en finir avec l’enfouissement en masse des Poubelles Ménagères. Il s’agit ainsi d’un enjeu politique et départemental. Si politiquement nos élus déterminent d’autres solutions viables, nous les suivrons ».
Près de 150 personnes regroupées le 14 septembre 2022 pour s'opposer au projet d'Altriom.
Photo par Nicolas Defay
« Ils auraient dû nous protéger et protéger nos employés ! »
D’après des élus de Polignac, tout le conseil municipal est contre le projet. « Les élus sont les garants sur le territoire de la commune du respect du dialogue démocratique et des échanges, insiste Fabien Charreyre. Ils peuvent ensuite se positionner pour ou contre. Tout cela est normal. Seulement là, le conseil municipal nous a assuré de leur soutien total et nous a lâché sans crier gare ! »
Le patron d’Altriom tonne : « Pire ! Les élus ont été à ce moment là dans le sens de ceux qui avaient décidé de lutter par tous les moyens contre l’entreprise et plus seulement contre son projet. Ils auraient dû nous protéger et protéger nos employés ! »
Fabien Charreyre souligne également : « Rappelez-vous ce qu’a dit au micro le maire Jean-Pierre Vigouroux, à la réouverture d’Altriom : « Alors les frères Charreyre, chapeau, vraiment chapeau, nous sommes fiers d’avoir une telle usine sur notre commune ».
« Il (Laurent Wauquiez) s’est mis dans la situation de respecter la procédure qui veut que le dialogue ait lieu entre les pour et les contre ». Fabien Charreyre
« Nous pensons réellement qu’une écrasante majorité sur le bassin du Puy est pour cette implantation à Polignac »
D'après certains opposants, Laurent Wauquiez leur aurait affirmé qu’il s’assurerait que le projet de la chaudière ne se ferait pas à Polignac. « Notre président de Région a rappelé que l’entreprise faisait un travail indispensable et le faisait bien. Il a ensuite dit que le projet allait dans le bon sens et qu’il fallait se demander si l’implantation était la bonne. En posant ces questions, il s’est mis dans la situation de respecter la procédure qui veut que le dialogue ait lieu entre les pour et les contre ».
Il poursuit : « Nous saluons sa position car, à un moment, il faut respecter les citoyens sur les territoires et accepter que la démocratie s’exprime. Mais nous pensons réellement qu’une écrasante majorité sur le bassin du Puy est pour cette implantation à Polignac ».
« Nous sommes conscients d’un déficit de communication que nous espérons combler dès que le dossier sera réputé complet par la Dréal et pourra être présenté au public ». Fabien Charreyre
« Choqués par tout ce que nous entendons encore »
Suite au témoignage de Fabien Charreyre, la chaudière environnementale à Polignac est donc loin d’être un foyer éteint et froid comme espéré par ses détracteurs. Si aucune échéance, ni aucun calendrier n’ont été précisé par le fondateur d’Altriom, la structure est encore debout administrativement parlant.
Pour terminer, ce que regrette principalement Fabien Charreyre est l’absence de dialogue avec la population. « Nos employés et nous même sont tout à fait choqués de ce que nous avons subi et subissons encore. Et choqués par tout ce que nous entendons encore. Nous sommes conscients d’un déficit de communication que nous espérons combler dès que le dossier sera réputé complet par la Dréal et pourra être présenté au public. Nous espérons être de nouveau compris du plus grand nombre et surtout sur notre commune ».
« Je sais ce sujet très sensible et nous allons le traiter en respect total avec la règlementation »
Malgré son arrivée toute récente dans le département, le nouveau Préfet de Haute-Loire, Yvan Cordier, partage son point de vue sur le dossier. « Il est vrai que je viens d'arriver et il est difficile pour moi de m'expliquer en longueur sur la création de la chaudière environnementale de la société Altriom. Mais je peux vous dire que la Dreal a contacté Mr Charreyre notamment pour lui demander d'apporter des documents supplémentaires qui manquaient ».
Il continue : « Un premier dossier a été déposé le 13 juillet 2022. Mr Charreyre l'a complété comme demandé. À présent, les services de la Dreal sont en train de vérifier que rien ne manque afin de pouvoir instruire correctement le dossier ».
Yvan Cordier termine en ces termes : « Au fil des lectures dans la presse, j'ai bien saisi que beaucoup de questions restent sans réponse pour la population, le maire de Polignac et les élus. Je sais ce sujet très sensible et nous allons le traiter en respect total avec la règlementation ».
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