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« Sommes-nous des demi-enseignants ? »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 11/09/2023 à 17:00

Rares sont leurs mobilisations. Pourtant, ce 11 septembre 2023, ils montrent massivement les crocs devant le siège de l’Inspe au Puy. « Ils », ce sont les enseignants du second degré affectés dans le supérieur (Esas). Invisibles, ils entendent bien montrer qu’ils sont un rouage sans qui rien ne se peut.

Lundi 11 septembre, enseignants et étudiants se sont regroupés sur les marches de l’Inspe (ex-IUFM) au Puy-en-Velay à partir de 11 heures. En oriflamme, des pancartes du Collectif 384, une entité créée deux ans auparavant par des « profs » Esas dans le but de défendre leurs intérêts et le sens de leur profession.

Le porte-voix de la colère regroupée sur le parvis de l’antique bâtiment ponot est Pierre-Yves Bischoff, enseignant depuis 20 ans à l'IUT Informatique du Puy-en-Velay. « Nous sommes 2 000 sur le collectif sur les 13 000 enseignants Esas en France, précise-t-il. Pourquoi ce nom de Collectif 384 ? Pour rappeler qu’on est sur le même régime que les enseignants-chercheurs, avec l’obligation de dispenser 384 heures d’enseignement chaque année en plus de nos affections respectives ».

Avant de rajouter : « La seule différence est que nous percevons exactement la moitié de la prime que bénéficient les enseignants-chercheurs pour faire exactement le même travail. Alors, sommes-nous des demi-enseignants pour le ministère ? »

Même travail pour deux fois moins de considération

Pierre-Yves Bischoff explique que cette prime a été instiguée il y a deux ans par le ministère de l'Enseignement supérieur de la recherche pour les enseignants-chercheurs. « Ce sont des enseignants qui font la moitié de leur temps à l'enseignement et l'autre moitié à la recherche, souffle-t-il. Nous, nous ne faisons que de l’enseignement ».

Il lance alors : « Pendant 30 ans, nous étions considérés de la même façon. Aujourd’hui, le ministère de l’Éducation nationale nous a annoncé que nous n’aurions que la moitié de cette prime en dépit du fait que nous enseignons de la même façon, avec la même qualité et la même assiduité que nos confrères chercheurs ! »

Entre les murs de l’Inspe du Puy-en-Velay, une vingtaine d'enseignants du supérieur dispense des cours à environ 400 élèves

Les rejetons de parents divorcés

La source de ce mépris provient directement des satellites du gouvernement, selon Pierre-Yves Bischoff. « Les Esas sont coincés entre deux ministères, celui de l’Éducation nationale et celui de l'Enseignement supérieur et de la recherche, déplore-t-il. Aussi, nous avons les revalorisations ni de l’un, ni de l’autre ».

Chacun se fait ainsi passer la patate chaude en invitant les enseignants en question d’aller voir ailleurs. « Le premier ministère va dire qu’on ne fait plus partie techniquement de l’Éducation nationale et les seconds vont rappeler que les Esas sont affectés au ministère de l’Enseignement supérieur, mais gérés par le ministre de l’Éducation nationale ».

Pas d’alternance validée, pas de diplôme

Quant aux actions décidées pour enrayer la grosse machine de l’enseignement ? « À partir d’aujourd’hui, je ne signe plus de contrats d’alternance, générant ainsi un gros manque à gagner, déclare Pierre-Yves Bischoff. C'est à peu près huit mille euros qui tombent dans les caisses de l'université pour chaque contrat. »

Il ajoute aussi : « Surtout, je ne diplômerai pas puisqu'il n'y aura pas de stage ni en deuxième, ni en troisième année et que c'est obligatoire pour que les étudiants puissent avoir leur année ».

Et les élèves dans tout ça ?

À la question de savoir si cela ne va pas affecter directement les étudiants ? « Si mais justement, on espère qu'ils transmettront à leurs parents ces dysfonctionnements, livre-t-il. Et que cela donnera plus de poids encore à notre combat. Il y a déjà une pétition issue d’un parent d'élève pour nous soutenir ».

D’après Pierre-Yves Bischoff et le Collectif 384, d’autres mobilisations auront lieu au Puy-en-Velay dans les jours prochains.

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