La promenade la Borne, entre le gué de la Biocoop et le parking de Cluny au Puy-en-Velay, a suscité la curiosité et la stupéfaction de la part des usagers rencontrés. À côté du beau chemin de terre, 34 arbres ont été profondément écorcés, les plaies surmontées par une marque rouge faite à la bombe.
« Ce sont des robiniers faux acacia, précise Jean-Pierre Milone, érudit sur le sujet. Tous ceux qui ont été esquintés sont quasiment tous en bonne santé ! Quand on pose la main sur les troncs abîmés, on sent la fraîcheur et l’humidité de la sève. Je ne comprends pas ce saccage ! »
La chair des arbres est assurément vivante, suante de sève.
Photo par Nicolas Defay
« Les blessures présentes les condamnent indéniablement à mort »
Jean-Pierre Milone déplore encore : « Ces arbres assurent l’ombre du lieu, ils fixent les berges de la Borne, ils sont des refuges pour les abeilles qui font du miel avec les fleurs et des endroits de nidification pour les oiseaux. Ils sont des climatiseurs naturels et captent abondamment le carbone. Les blessures présentes les condamnent indéniablement à mort ».
Il pose alors la question : « Pourquoi ? Quel est l’objet d’une telle agression qui va à contre-courant de tout ce qu’il faut faire pour protéger la nature, la planète et, in fine, nous tous ! »
Les arbres ciblés sont alignés sur une cinquantaine de mètres environ.
Photo par Nicolas Defay
« C’est vrai que c’est étrange de voir les troncs comme ça »
Une pancarte a d’ailleurs été fixée contre un large spécimen avec cette mention : « Pourquoi ce massacre ? » Deux dames d’un certain âge se sont arrêtées devant. « Je ne comprends pas non plus, répond l’une d’entre elles à la question. C’est bizarre. S’ils voulaient les enlever, pourquoi n’ont-ils pas été coupés complètement. Vous savez qui a fait ça ? »
Un couple également, apparaît surpris par le spectacle. « Je ne sais pas, peut-être que c’était un atelier dans le cadre d’une formation pour apprendre à couper des arbres, imagine le promeneur. Il y a des marques rouges un peu partout. Ce sont sûrement des repères. Mais c’est vrai que c’est étrange de voir les troncs comme ça ».
Tous appartiennent à la même essence d'arbre à savoir des robiniers faux acacia.
Photo par Nicolas Defay
« L’une des techniques est de l’écorcer, de l’éplucher, pour qu’il décline doucement sur pied »
La rédaction de Zoomdici s’est tournée du côté de l’Agglo pour tenter de collecter des explications. Voici les réponses de la collectivité : « Avec un technicien de l’Epage (Établissements publics d'aménagement et de gestion de l'eau, Ndlr), nous avons identifié les végétaux rivulaires, c’est-à-dire les arbres qui se trouvent sur la berge et qui peuvent poser des problèmes en cas d’inondation », explique Vincent Teyssonneyre, spécialiste sur le sujet.
Il continue : « Nous avons répertorié, d’une part, les arbres morts qui peuvent générer des embâcles (obstacles végétaux dans les cours d’eau, Ndlr). Et d’autre part, les espèces particulières qui, de par leur piètre système racinaire, peuvent entraîner un risque de chute. Le robinier faux acacia est un arbre très dense avec peu de racines. Il est donc susceptible de tomber facilement ».
Vincent Teyssonneyre explique alors : « Cet arbre a une particularité étonnante. Plus vous le coupez, plus il va végéter. Et il est très compliqué de traiter les rejets. L’une des techniques est de l’écorcer, de l’éplucher, pour qu’il décline doucement sur pied. Il va s’affaiblir jusqu’à mourir. Une fois mort, il est abattu ».
Sans pouvoir donner une date précise, l’abatage des arbres écorcés se fera l’année prochaine ou dans les années à venir, ceci en fonction de l’état des acacias.
Des pancartes informatives pour la population
Pour terminer, Vincent Teyssonneyre reconnaît qu’il serait judicieux à l’avenir que des panneaux informatifs destinés à la population soient apposés afin d’expliquer les raisons de ce genre d’opération. « D’autant plus si les interventions se font dans un secteur très fréquenté comme la promenade de la Borne », conclut-il.
"Il est normal que les gens se soient posées des questions". Vincent Teyssonneyre.
Photo par Nicolas Defay
