Jamais la réunion mensuelle entre les murs de la municipalité ponote n'avait débuté si sereinement. Les ordres du jour se sont déroulés tranquillement sans accroche ou à peine pendant près d'1h15…jusqu'au point numéro 12.
Ginette Vincent, élue majoritaire, décrit alors un grand projet urbain baptisé "Belvédère des Cimes" où seront construites 14 habitations individuelles et 26 intermédiaires avec jardins ou terrasses et bénéficiant d'un panorama avantageux sur les hauteurs du Puy-en-Velay (5 T2, 20 T3 et 15 T4). Le tout, entouré de 80 places de stationnements.
La réalisation d'une crèche serait également dans les plans. Surface totale du terrain, 16 330 m2 sur d'anciens terrains de sports du lycée Roche Arnaud. Le début des travaux est programmé à la fin 2023 pour un chantier qui devrait durer 2 ans.
Quatre candidatures sur le marché public
"L’appel à projet lancé à l'automne 2021 a permis de retenir un promoteur constructeur parmi les quatre offres reçues, nous apprend Ginette Vincent. L'offre la plus intéressante sur les plans urbanistiques et économiques est proposée par le groupement constitué de la Forézienne de promotion, du Cabinet d'architectes L'atelier des Vergers et de la holding financière Falgère".
D'après l'élue adjointe à l'Urbanisme, les propositions ont été analysées sur la base de l'offre financière, de la programmation immobilière, de la qualité architecturale, "avec mention spéciale sur l'intégration paysagère, précise-t-elle. Elles ont été analysées d'abord par une commission technique, puis par une commission d'élus".
"On tombe sur deux cahiers relativement différents avec des paragraphes modifiés dans l'historique"
Si la description semble séduire presque tout le monde, la boite de Pandore s'est soulevée juste après l'intervention de Laurent Johanny. "Actuellement, nous ne sommes en capacité de nous immerger pleinement sur les attributions des marchés publics et être certains que tout se passe dans les règles", dit-il.
Il continue : "En ce sens, nous voterons contre tant que le rapport de l'enquête judiciaire sur un précédent marché public que tout le monde a en tête ne sera pas terminé".
Il souligne enfin : "D'ailleurs, quand on cherche le cahier des charges du projet présenté ce soir, on tombe sur deux cahiers relativement différents avec des paragraphes modifiés dans l'historique. Pourquoi de telles modifications ?"
"C'est un procès diffamatoire ! Ce que vous faites est odieux !"
Le vent est semé. Place à la tempête. "Ce que vous essayez d'avancer là, Mr Johanny, est à la limite de la diffamation !, lance Michel Chapuis, Maire du Puy-en-Velay. Vous êtes en train d'imaginer que tous les marchés sont entachés d'irrégularités. C'est un procès diffamatoire ! Ce que vous faites est odieux et blessant."
Il hurle : "Vous remettez en question le travail de l'ensemble des salariés qui préparent les marchés ! Pour moi, il n'y a aucune réponse à vous donner !"
"Ne vous inquiétez pas, Mr Johanny. Je vous réserve une suite à vos attaques !"
Excédé, Michel Chapuis pique : "Vous n'avez jamais rien géré de votre vie, Mr Johanny ! Quand on n'a pas l'expérience pour diriger une municipalité, c'est très facile de critiquer ainsi en agressant à tout va."
Il prévient : "Ne vous inquiétez pas, Mr Johanny. Je vous réserve une suite à vos attaques. Saisissez le Tribunal administratif si vous avez un doute sur les quatre candidatures du dossier. Mais sachez que la majorité a choisi ce candidat en connaissance de cause et de façon totalement honnête !"
"Je ne suis pas là pour me faire insulter !"
"On va se calmer, Mr Le Maire !, contre-attaque Laurent Johanny. Je ne suis pas là pour me faire insulter ! Et j'avais pris toutes les précautions pour que le débat se passe bien."
Michel Chapuis coupe : "J'attends vos excuses Mr Johanny ! Les arguments que vous avez développés sont une insulte pour notre municipalité et ses salariés."
"Je le laisse à sa bassesse"
Laurent Johanny analyse cette prise de bec qui n'aurait pas dû avoir lieu, selon lui. "Le vote contre est motivé par nos profondes réserves quant au projet présenté et non pas à cause de l'affaire du marché couvert. Je suis intervenu longuement sur le projet en lui même. Sur les choix portés par la commune en terme d'habitats, sur la nécessité d'en faire un projet phare d'un point de vue environnemental, nous regrettons ce qui est présenté : circulation automobile, faible densité de logements,...."
Il précise aussi : "Plus encore, je suis intervenu sur la question citoyenne : il ne s'agit pas d'un nouveau quartier mais bien d'un aménagement au cœur d'un quartier bien existant : cette dimension n'a pas été pris en compte et comme bien souvent les principaux intéressés découvriront le projet dans la presse avant même de pouvoir demander quelques modifications."
Il termine en ces mots : "Puis, seulement en fin d'intervention, j'ai ajouté que je n'étais pas en capacité avec mon groupe de savoir si les règles d'attribution avaient été respectées compte-tenu des faits révélés dans le cadre du marché couvert. Le maire a alors perdu ses nerfs en dépassant les bornes : je le laisse à sa bassesse".