Les enfants verront une fusée, posée là en plein milieu du Puy, parée pour une ascension imminente vers le ciel et ses mystères. C’est vrai que l’image prête à confusion. Le clocher est devenu le corps d’un lanceur, sa base bien ancrée dans le sol de la cité mariale et sa tête tutoyant le ciel, 56 mètres plus haut.
Accrochées contre la base, deux ailes blanches, épaisses et solides, promettent une bonne stabilité dans son aventure spatiale. Et toutes celles et ceux, chanceux d’avoir l’esprit un peu perché sur la lune, imagineront le panache de fumée qui gonflera à ses pieds.
Ils compteront alors à rebours de « five à ignition ». Puis ils regarderont cette fusée de pierre trembler un moment, s’élever doucement, pesamment, hurlant contre la gravité terrestre, pour la voir finalement s’échapper là-haut, dans la nuit noire éternelle.
Un parapluie XXL
Pour les plus cartésiens, cette simple illusion d’optique est générée par le colossal échafaudage reposant contre le monument religieux. « La structure métallique pèse environ 100 tonnes, explique un responsable de l’entreprise lyonnaise Altrad Arnholdt, en charge du montage de l’échafaudage en question. Nous avons attaqué au mois de mars et nous avons terminé la première partie ».
Il précise : « Les bâches blanches qui surmontent la structure sont, ce que l'on appelle dans le milieu, un parapluie. Elles permettent de mettre hors d’eau l’ouvrage à rénover ».
« Sa technicité n’est pas du tout classique »
Si pour l’entreprise Altrad Arnholdt, l’échafaudage de la cathédrale du Puy est loin de faire partie des plus grands assemblés par ses soins, il reste néanmoins particulier de par sa technicité. « Un échafaudage s’identifie par son tonnage, mais aussi par sa complexité à s’adapter à la géométrie du bâtiment, partage le responsable. Concernant la cathédrale du Puy, sa technicité n’est pas du tout classique ».
Enfiler ses lunettes d’enfant
Les travaux de rénovation vont se concentrer sur le clocher nommé « angélique ». C’est l’entière partie du clocher qui se situe en dessous des cloches. Le toit en plomb sera alors repris et des travaux de maçonnerie effectués. « Beaucoup de pierres volcaniques doivent être changées, souligne le professionnel. Nous parlons ici d’un volume de 50 m³ environ ».
C’est donc bien un échafaudage et non une fusée qui se tient là. Mais, enfiler parfois ses lunettes d’enfant fait autant de bien à l’âme du profane, que les prières aux croyants. Il suffit juste de croire très fort à ce qui nous apporte du bien.