Naussac : il y a vraiment le feu au lac

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 25/09/2023 à 15:30

27 %. C’est ce qu’il reste ce 25 septembre 2023 de la retenue d’eau de Naussac, à Langogne. Le lac, aussi apprécié par les Lozériens que leurs voisins Altiligériens, se meurt petit à petit. En un mois, malgré les récentes pluies, il a perdu plus de trois mètres de hauteur. Le Préfet de la Haute-Loire prend un arrêté pour réduire le débit de l'Allier, alimenté par ce géant à l'agonie. 

Toutes les photos présentes dans l'article ont été prises le dimanche 24 septembre 2023.

Selon le site de l’Établissement Public Loire, propriétaire et gestionnaire des barrages de Naussac en Lozère et Villerest dans la Loire, le taux de remplissage du premier est descendu en dessous des 30 %. Il est précisément à 27 % d’après une mesure effectuée le lundi 25 septembre 2023 à 8h35.

La retenue d’eau et son barrage ont été construits il y a 43 ans, engloutissant une dizaine de hameaux dont le bourg de Naussac, chef lieu du territoire. En 1983, ses vannes ont lâché leur premier m³ d’eau des 190 millions de m³ que contient le lac une fois plein.

En temps normal, le barrage rejette une quantité de 12 m³ d’eau par seconde dans la rivière Allier. Ce débit a été divisé par trois afin de préserver le peu qu’il reste (3,85 m³/s à 10h35).

Cette image, prise le 24 sept 2023, démontre bien la très faible quantité d'eau dans le lac de Naussac.
Cette image, prise le 24 sept 2023, démontre bien la très faible quantité d'eau du lac. Photo par Cédric Titeuf

Moins d’eau potable pour les villes riveraines de l’Allier...

« L’eau de Naussac suit l’Allier pour rejoindre la confluence avec le fleuve de la Loire à hauteur de Nevers, explique Benoît Rossignol, Directeur Ressource en Eau de l’Établissement Public de la Loire. Au passage, il traverse de nombreuses communes à l’instar de Vieille-Brioude, Vic-le Comte ou encore Clermont-Ferrand. Ces dernières se servent de cette eau pour leur propre eau potable. Il y a aussi pléthore d’usages agricoles et industriels et également des enjeux environnementaux pour la faune et la flore ».

...et moins d’eau pour refroidir la centrale nucléaire de Belleville

Il ajoute aussi : « L’eau de Naussac s’accouple avec celle du barrage de Villerest qui alimente la Loire au départ de Roanne. Ensemble, après un périple de 6 jours pour l’eau de Naussac et 4 pour celle de Villerest, elles vont rejoindre la centrale nucléaire de Belleville dans le Cher. Et cette eau est essentielle pour son fonctionnement ».

Une bateau flotte entre deux langues de terres qui s'étirent jour après jour dans le lac de Naussac.
Une bateau flotte entre deux langues de terres qui s'étirent jour après jour à Naussac. Photo par Cédric Titeuf

Arrêté préfectoral pour tenter de maîtriser la situation

D’habitude, « la période de soutien d'étiage s'étend de juin à novembre, mais peut être aussi précoce ou se prolonger jusqu'en décembre », est-il souligné sur le site de l’Établissement Public Loire. Face à la quantité alarmante du lac, dans un contexte de rares pluies et de chaleur encore persistante, le Préfet de la Haute-Loire, Yvan Cordier, a pris un arrêté pour limiter les rejets d'eau du lac dans l'Allier.

« En lien avec la préfète de la région Centre-Val de Loire, coordinatrice du bassin de la Loire, le préfet de la Haute-Loire a réuni les élus et acteurs concernés ce lundi 25 septembre à la sous-préfecture de Brioude pour examiner avec eux cette situation et les mesures à prendre, indique Yvan Cordier. Le niveau exceptionnellement bas constaté de la retenue de Naussac appelle une gestion prudente de son stock de sorte à conserver sa capacité de soutien sur le moyen et le long terme ».

Le Préfet de la Haute-Loire souhaite, dans ce cadre, que le débit de la rivière Allier passe de 6 m3/s à 5 m3/s pour économiser les étiages en amont et donc à partir du lac de Naussac.

Zoomdici a contacté la préfecture de la Lozère : « Pour l'instant, aucun arrêté de notre côté n'a été pris. Nous sommes dans une position d'observation mais il est certain que nous sommes extrêmement attentifs à la situation. Cela fait déjà quelques années que la retenue ne se recharge pas complètement au terme de l'hiver. Cet état de fait s'avère, en effet, de plus en plus préoccupant »

Des vestiges et d'anciennes routes apparaissent en même temps que se retire l'eau du lac de Naussac.
Des vestiges et d'anciennes routes apparaissent en même temps que se retire l'eau du lac. Photo par Cédric Titeuf

La Loire et l'Allier en vigilance renforcée. L'Alagnon et la Dorette en Crise

En parallèle, il place le fleuve de la Loire et la rivière Allier en vigilance renforcée et met les bassins de l’Alagnon et de la Dorette en situation de "Crise". « Les stations hydrométriques du département enregistrent ces derniers jours des valeurs en dessous des seuils de crise pour le bassin de la Dorette et de l’Alagnon, révèle Yvan Cordier. Les prévisions météorologiques et les rares épisodes orageux n’amélioreront pas la situation à court terme ».

Les détails de l'arrêté sur les restrictions d'eau

Vous pouvez cliquer sur ce LIEN, mis en ligne par la préfecture de la Haute-Loire. Il concerne toutes les restrictions d'eau mises en place pour le département.

Mesures de restriction sur la consommation en eau

Enfin, le Préfet de la Haute-Loire entend mettre en place une étude d'impact destinée à analyser le fonctionnement de la rivière Allier et de ses captages.

« Par ailleurs, afin de modérer la demande en eau et de préserver la ressource face à la sécheresse sur l’ensemble du département, le préfet de Haute-Loire a décidé de prendre de nouvelles mesures de restriction sur la consommation en eau ».

Les plages du lac de Naussac s'étendent, allongeant la distance pour mettre les embarcations à l'eau.
Les plages s'étendent, allongeant la distance pour mettre les embarcations à l'eau. Photo par Cédric Titeuf
Les chemins de Naussac, noyés jadis, en profitent pour prendre leurs respirations et revivre un instant.
Les chemins noyés jadis en profitent pour prendre leurs respirations et revivre un instant Photo par Cédric Titeuf
Le lac de Naussac, bijou aquatique de Langogne, réduit à peau de chagrin. (photo prise le 24 septembre 2023)
Le lac de Naussac, bijou aquatique de Langogne. Photo par Cédric Titeuf
Un petit pont en pierre qui surgit du passé, d'habitude caché sous les eaux du lac de Naussac.
Un petit pont en pierre qui surgit du passé, d'habitude caché sous les eaux du lac. Photo par Cédric Titeuf
L'hiver est attendu pour remplir la retenue de Naussac. Chaque édition est sans cesse plus compromise
L'hiver est attendu pour remplir la retenue. Chaque édition est sans cesse plus compromise Photo par Cédric Titeuf
Est-ce qu'un jour, ce panneau disparaitra, faute de toute présence d'eau dans le lac de Naussac ?
Est-ce qu'un jour, ce panneau disparaitra, faute de toute présence d'eau dans le lac ? Photo par Cédric Titeuf

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5 commentaires

mar 26/09/2023 - 19:03

Vive le réchauffement de la planète. Vive la destruction de notre environnement, les famines, les migrations, la bitumisation des sols (cf rn88), la perte des zones humides (cf  rn 88) merci à nos dirigeants dont wauquiez et consort pour cet avant goût de fin du monde !

mar 26/09/2023 - 18:51

Et dire qu'on va bétonner des hectares de  zones humides pour la déviation de la RN 88...  Continuons, droit dans le mur...climatique !!

mar 26/09/2023 - 08:34

Terrible conséquence pour les villes situées en aval sur la Loire.

Au moment de sa construction le barrage avait été violemment contesté ; on voit ici son utilité : l'aval n'aurait plus d'eau du tout.

lun 25/09/2023 - 23:04

La cigale ayant arrosé ses mais tout juillet se trouva dépourvu quand la fontaine se tarit en septembre.

 

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