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(2 sur 2) Déboutés du droit d’asile : « Nous ne sommes pas là pour trahir les gens »
Le Directeur général de l’ASEA 43 Bertrand de Foucauld, et son président Jacques Olivier, ont reçu la rédaction de Zoomdici pour s’expliquer sur les tensions à l’œuvre au sein de l’association. Motus et bouche cousue ont été les principaux arguments partagés.
L’Association pour la Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adulte de Haute-Loire (ASEA 43) est en proie à d’intenses tensions. Le foyer, qui s’est déclenché après que la préfecture de la Haute-Loire ait demandé les données personnelles des déboutés du droits d’asile à l’ASEA 43, s’est mué en un brasier de colère et d’incompréhension une fois la requête de l’État remplie.
Selon de nombreux témoignages, le Directeur général Bertrand de Foucauld a ainsi demandé au Directeur de la PPI (Pôle Précarité Insertion, ex-Tremplin) de lui fournir cette liste, liste à présent entre les mains de la Préfecture depuis le 1er mars.
Le premier chapitre sur le sujet ▼
Avant de répondre aux questions du journaliste, Jacques Olivier, Président de l’association depuis 4 ans, a décrit ce qu’était l’ASEA 43. « L’association a été fondée par Alex Brolles, Juste parmi les Nations, qui a caché en son temps les Juifs persécutés pendant la guerre. Les valeurs de l’ASEA 43 proviennent de son action et de son enseignement. Et ces valeurs-là sont toujours d’actualité aujourd’hui. Ces valeurs, nous y tenons beaucoup. »
Il ajoute : « Actuellement, il y a 420 salariés répartis dans 18 établissements, eux-mêmes englobés dans 4 pôles. Il y a beaucoup d’échanges entre nous, entre les collaborateurs, et le public accueilli ». Bertrand de Foucauld de compléter : « L’ASEA veut être une grande famille. Et ce que nous souhaitons aujourd’hui par-dessus tout est l’apaisement ».
Après ce beau tableau où tout le monde semble travailler dans une atmosphère des plus sereines, la direction s’est soumise à l’exercice des questions concernant le sujet central : la liste des déboutés du droit d’asile. Mais court sera l’article car presque aucune information n’a été partagée.
Pourriez-vous nous faire l’historique de cette demande de la liste des déboutés du droit d’asile ?
Bertrand de Foucauld : « On ne veut pas communiquer là-dessus. La situation est complexe. C’est un sujet qui crée des tensions et nous ne voulons communiquer qu’en interne et pas par le biais d’un média. Nous tenons beaucoup de réunions actuellement afin de renseigner les 420 salariés sur ce dossier ».
Selon l’article 7 indiqué dans les valeurs de l’ASEA 43, l’association se doit de respecter le secret professionnel sur les données du public accueilli. N’est-ce pas en contradiction avec ce partage de la liste aux services de l’État ?
Bertrand de Foucauld : « Je ne sais pas »
« Régulariser ce public peut être une bonne chose pour eux ». Jacques Olivier
Est-ce que cette procédure est en adéquation avec les valeurs de l’ASEA 43, valeurs inspirées comme vous l’avez dit des enseignements d’Alex Brolles ?
Bertrand de Foucauld : « Nous sommes en train d’en parler avec les équipes. Beaucoup de réunions ont déjà été faites et d’autres vont suivre ».
Jacques Olivier : « Nos valeurs ne sont pas atteintes. Elles restent les mêmes. Tous les publics qui nous sont confiés comme au Damie (Dispositif d'Accompagnement des Mineurs Isolés Étrangers, Ndlr) ou à la PPI méritent les mêmes considérations que les autres. Régulariser ce public peut être une bonne chose pour eux ».
Régulariser ne signifie pas être expulsé ?
Bertrand de Foucauld : « Cela veut dire qu’ils pourraient avoir un titre de séjour »
Ou être expulsé ?
Bertrand de Foucauld et Jacques Olivier : Silence
« On veut le meilleur pour l’association, le meilleur pour le public accueilli et le meilleur pour les salariés. Nous voulons être une grande famille ». Bertrand de Foucauld
Jacques Olivier, en 2019, vous vous êtes dressé contre la même demande de la préfecture. Pourquoi ce revirement en 2023 ?
Jacques Olivier : Pas de réponse
Bertrand de Foucauld : « Tout le monde a le droit à des droits. Des droits sociaux, des droits civiques...L’association ne devrait-elle pas se diriger en ce sens pour que la population concernée ait aussi accès à des droits ? »
Vous ne voulez pas dire pourquoi, vraiment, vous avez fourni cette liste des déboutés du droit d’asile à l’État ?
Bertrand de Foucauld : « Je me répète mais nous allons communiquer nos motivations directement avec les salariés. Chose que nous faisons actuellement et ce, jusqu’à vendredi. Il faut savoir que souvent, des aspérités on se retrouve grandi. On veut le meilleur pour l’association, le meilleur pour le public accueilli et le meilleur pour les salariés. Nous voulons être une grande famille ».
Le mea-culpa* de la direction
La direction de l'ASEA 43 a transmis un communiqué à l'ensemble des salariés de l'association. Le courrier est daté du 4 avril et signé par Bertrand de Foucauld et Jacques Olivier.
Le document commence ainsi : « Nous avons commis une erreur en répondant trop rapidement à la démarche des services de l'Etat concernant les adresses des déboutés du droit d'asile que nous accueillons ». Il est ajouté : « Nous avons publié un communiqué de presse le lundi 20 mars 2023. Celui-ci n'a pas apaisé le malaise des salariés que nous avons bien entendu (...) ».
D'après le communiqué, la direction et d'autres administrateurs se sont réunis le vendredi 24 mars. Deux nouveaux principes ont alors été décidés pour éviter une tempête du même acabit. « Une décision prise par notre conseil d'administration reste en application tant que le conseil d'administration n'a pas pris une nouvelle décision sur le même sujet ».
Second principe : « Tout sujet se référant aux valeurs de l'ASEA 43 nécessite une large consultation des équipes qui œuvrent au quotidien auprès des personnes que nous accueillons dans les pôles de l'ASEA 43 ».
Bertrand de Foucauld et Jacques Olivier assurent enfin que « ces principes fondamentaux seront inscrits au Procès Verbal du Conseil d'administration afin d'être gravés dans le marbre et servir les lignes directrices à notre association ».
* mea-culpa : aveu de la faute commise, reconnaître ses torts. (source : larousse.fr)
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4 commentaires
Honteux pour ces dirigeants d'association et honteux pour le Prefet! Désormais notre société préfère valoriser la représsion, l'intimidation, en bafouant les valeurs d'intégrité, de solidarité. L'Histoire saura juger certains comportements et certaines lachetés.
Ce qui me surprend c'est le fait que la préfecture ne dispose pas de la liste des personnes en situation irrégulière sur le territoire français et ait à les demander à l'association qui héberge ces personnes en situation irrégulière..
Le contexte n'est pas le même ( le ) Faire des milliers de kilomètres cela s'appelle profiter de la générosité de la France !!!! Personne ne Critique le Canada pourtant grand pays très peu d'habitants, derrière la France pour son PIB au classement mondiale avec une politique TRES sélective Et la Russie qui vole des enfants Ukrainiens car sa population diminue La France n'a de leçon à recevoir de personne !!!!
Le durcissement de l'encadrement des manifestations et leur minimisation, l'affaire Madama, la RN88, la place laissée à l'extrème droite au Puy, la lettre anonyme sur le fonctionnement interne de la préfecture et maintenant cet article indiquent que Vichy se rapproche TRES dangereusement. Les tags de Coubladour ne semblent pas être l'oeuvre d'un demeuré. D'ailleurs où en est-on de l'enquète ? Décidément Jean Moulin ne doit pas que se retourner mais être en rotation permanente.