Une œuvre en Origami pour lutter contre les violences faites aux femmes
La justice s’embourbe, des vaches meurent, une famille pleure
Depuis l’implantation d’une antenne 4G à 250 mètres d’une exploitation agricole, 32 animaux sont morts en moins de 6 mois dans le Gaec du Coupet à Mazeyrat d’Allier. Le 1er procès sur l’affaire en date du 20 janvier a été reporté à ce jeudi 3 février. Une heure après le début de cette nouvelle audience, le renvoi est de nouveau décidé. La colère et la consternation ont alors fusé dans la salle du Palais de justice.
« On ne part pas, là ! On reste ! ». « Les messieurs d’Orange, on ne les voit jamais ! Ils ne sont jamais venus dans notre ferme ! On reste ici jusqu’à ce que l’affaire soit jugée ! ». « Les vaches, elles sont en train de crever, bordel ! Arrêter de nous prendre pour des cons ! ». Ils sont une quarantaine à s’être retrouvés sur les bancs du Palais de justice, serrés les uns contre les autres, essayant de déchiffrer ce que disent les avocats à quelques mètres d’eux. Tous sont venus pour trouver une solution à ce mal qui ronge l’exploitation de Frédéric et Yannick Salgues, implantée à Preynat, comme de Mazeyrat d’Allier. Mais quand la présidente du tribunal a décidé une seconde fois du renvoi de l’affaire au 17 février, les insultes ont volé et les larmes ont coulé.
« Les animaux restants se nourrissent bien moins comme s’ils se laissaient mourir »
Depuis l’installation d’une antenne 4G au mois de juin 2021, le comportement du cheptel des éleveurs s’est, d’après eux, totalement modifié. « Nos animaux se regroupent dans le coin le plus opposé à l’antenne, décrit l’un deux. Sur les derniers six mois, nous avons perdu 12 vaches, une génisse et 19 veaux. Tous les chats ont également déserté les lieux. Les animaux restants se nourrissent bien moins comme s’ils se laissaient mourir ».
Il ajoute : « Nous avons tout essayé, suivi tous les conseils. Nous avons troqué nos bacs en métal contre ceux en plastique, on a fait venir des géobiologues, on a mis des faisceaux de cuivre... rien n’a donné ! Comme les autopsies, d’ailleurs. »
« En attendant, ce sont mes vaches qui tombent les unes après les autres »
Persuadés que les décès en série sont provoqués par la présence de l’antenne 4G dont Orange est responsable, Frédéric et Yannick Salgues portent alors plainte contre l’opérateur téléphonique. « Elle est installée à 250 mètres de notre exploitation qui comptait environ 200 bêtes. Aucune autre ferme n’est implantée à proximité. Ce que nous demandons pour l’instant, c’est l’arrêt de l’antenne le temps que toute cette affaire soit étudiée ». Il déplore la voix cassée : « Car en attendant, ce sont mes vaches qui tombent les unes après les autres. Mon fils Nathan, qui a 17 ans, voulait reprendre la ferme. Maintenant, cet avenir est de plus en plus compromis ».
« Ces pièces sont importantes car elles montrent un possible dysfonctionnement de l’antenne »
Mais pourquoi ce nouveau renvoi alors que toutes les pièces semblaient réunies. « Un de mes confrères contradicteurs a demandé à la Présidente du tribunal de rejeter les pièces que nous avons produites hier, explique Romain Gourdou, avocat du Gaec du Coupet. Seulement, la présidente a dit qu’il fallait prendre en compte tous ces éléments afin que tous les aspects soient correctement analysés. Elle a donc décidé de renvoyer le dossier au 17 février. »
Les pièces en question sont constituées d’un rapport des champs électromagnétiques, d’un rapport d’autopsie pratiqué à Montluçon, et d’un courrier de la Chambre d’agriculture concernant des courants de fuites issus de l’antenne mis en cause. « Ces pièces sont importantes car elles montrent un possible dysfonctionnement de l’antenne », martèle Romain Gourdou.
La décision du renvoi de l’affaire a alors suscité une vague d’émotion. « C’est honteux ! », s’écrit l’une des personnes présentes. « Une famille meurt et vous en avez rien à faire ! Bande de nazes ! », ajoute une autre.
« C’est honteux et on ne comprend pas »
Une fois à l’extérieur seulement une heure après le début du procès, les éleveurs et leur famille, leurs voisins, des membres de la FDSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) ou encore les Jeunes Agriculteurs, apparaissent désabusés. « Nous éprouvons beaucoup de frustrations !, confie Guillaume Avinain, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire. On a des éleveurs qui aujourd’hui connaissent une grande souffrance vis-à-vis de leurs animaux. Leur ferme est en péril. Et on a une justice qui a passé une heure à nous parler de pièces pas produites à temps, de décrets, alors qu’on parle ici de la mort de dizaine d’animaux et de l’avenir d’une famille. À aucun moment, les avocats n’ont parlé du problème. C’est honteux et on ne comprend pas ».
« Dans 15 jours, nous reviendrons au Palais de justice. Et soyez-en certains, nous serons très nombreux ». Laurine Rousset des JA
Laurine Rousset, présidente des Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire, s’exprime. « Ce qu’on va faire assurément est que nous allons mobiliser toutes les forces des JA et de la FDSEA pour trouver une solution. Car, on l’a bien vu aujourd’hui, quand on fait appel à la justice, le problème semble écarté. C’est donc à nous de prendre les choses en main. » Guillaume Avinain de rajouter : « Il faut qu’on réfléchisse comment nous allons procéder pour aider les éleveurs. C’est leur propriété, ce sont leurs animaux, c’est leur vie engagée. Il faut voir avec eux et le réseaux ce que nous pouvons faire ».
« Aujourd’hui, on a un jeune de 17 ans qui rêve d’être agriculteur. Il est train d’assister à la destruction de son rêve à chaque fois qu’il entre dans l’exploitation ». Nicolas Merle, de la FDSEA
« Ce qu’on demande est un principe de précaution pour que l’antenne soit arrêtée le temps que la justice se positionne »
Anne Rogues, directrice de la FDSEA 43, partage elle-aussi son désarroi. « Nous voulons, de notre côté, monter un dossier qui soit présentable à un avocat pour repartir en justice. Les bêtes sont en souffrance, les associés sont en souffrance. La pérennité du Gaec est clairement remise en cause actuellement. Ce qu’on demande est un principe de précaution pour que l’antenne soit arrêtée le temps que la justice se positionne ».
Nicolas Merle de la FDSEA :
La solution de déplacer tous les animaux ailleurs ?
« La solution de déplacer plus d’une centaine d’animaux pour les mettre dans une ou plusieurs autres fermes est compliqué. Déjà, nous sommes en hiver et toutes les bêtes de chaque éleveur sont à l’intérieur. Et surtout, si l’on procède ainsi, cela démontrera que nous avons perdu, que nous nous sommes résignés alors que le problème de cette antenne persistera toujours ». Nicolas Merle, vice-président de la FDSEA 43.
« Si ça ne bouge pas, nous allons trouver une autre solution ! »
Nicolas Merle, vice président de la FDSEA, complète en ce sens : « Nous, on est certain que le problème vient de l’antenne car les dysfonctionnements ont débuté dès les premiers jours de son implantation. Mais nous ne sommes pas experts non plus. La solution est qu’on arrête cette antenne provisoirement le temps que les professionnels fassent leur travail, rédigent leurs conclusions et que la justice en prenne connaissance ».
Il termine : « Nous, exploitants, nous ne sommes pas contre la présence des antennes. Mais celle ci n’est pas placée comme il faut. Si elle n’est pas arrêtée rapidement ou déplacée, nous, syndicalement, nous allons trouver une solution. Il faut que les responsables soient conscients de ça. Si ça ne bouge pas, nous allons trouver une autre solution ! »
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7 commentaires
Antennes 5G, éoliennes... Les faits se multiplient. Sous prétexte de modernité, de rapidité et surtout de rentabilité, certains lobbies n'hésitent pas à mettre en danger toute vie, qu'elle soit humaine ou animale, avec la complicité de nos gouvernants. Allons nous supporter cette maltraitance encore longtemps ?
Si je suis bien, la FDSEA est pour le principe de précaution dans ce cadre, elle l'est moins quand il s'agit des produits chimiques (dont les preuves de la nocivité sont avérées), étrange. On lit aussi des pressions vis-à-vis de la justice ou des menaces d'utiliser d'autres moyens pour résoudre ce problème, c'est des méthodes moyenâgeuses. C'est un peu habituel (pneus sur les routes, fumier de partout...) dès que la FNSEA n'est pas contente de quelque chose.
hm - S'il s'avère que cette antenne est vraiment la cause du changement de comportement et de la mort des ces 32 bêtes, quel impact sanitaire sur les humains qui travaillent à proximité de cette antenne?, c'est grave!, criminel qu'un particulier ou un élu autorise l'implantation de tels équipements sans en connaitre les effets indésirables. Comme quoi tout s'achète, tout dépend du prix!. A qui faire confiance dans cette société qui se modernise au galop avec le primordial attrait du fric sans se soucier du reste.
Pourquoi ne pas stopper le fonctionnement de cette antenne de 6 mois à une année et voir s'il y a toujours cette hécatombe de mortalité d'animaux.S'il s'avérait que la responsabilité était due aux antennes 4G alors démanteler cette antenne...Quand aux Maire qui autorisent ces installations, ils ont trop peur de perdre les 500€ par an de location que leur attribuent les opérateurs... Après cela on s'étonnera que les citoyens aient des velléités envers leurs élus... QUID des humains à proximité des ces antennes????
Au-delà de la détresse manifeste de ces agriculteurs, c'est inquiétant ! Il conviendrait de découvrir rapidement l'origine du problème ! On ne peut pas accuser ces bêtes de faire semblant ou de simuler ! Elles meurent ! Est-ce vraiment cette antenne relais l’origine de ce grave problème ? L'alimentation du troupeau a-t-elle changé ? une intoxication ?... Ne peut-on pas arrêter quelques temps cette antenne pour voir si les vaches se portent mieux ? Si une fois les études menées c’est bien cette antenne qui est à l’origine de ce problème, c’est inquiétant ! Dans la mesure ou on trouve de ces antennes de partout et que leur nombre va être croisant avec les antennes 5G encore plus puissantes ! Quel impact sur nous ?
Serait-il possible de constituer une sorte de cage de Faraday en entourant un bâtiment d'élevage avec du fer à béton ou même du grillage?
Dans une cage de Faraday, même la foudre ne rentre pas.
Une médiatisation au niveau national permettrait peut-être de créer un contexte favorable à un arrêt provisoire de cette antenne.
Est ce que cette antenne aurait été implanté volontairement à cet endroit précis dans le but exclusif de nuire à cette exploitation ? L'édile de la commune ne serait-il pas le principal fautif d'avoir autorisé ces travaux ? N'y aurait-il pas une affaire de gros sous ? Des pots de vin derrière tout ça ? Autant de questions qui interrogent sur ce qui se passe dans cette ferme depuis que cette antenne est là. Connaîtrons la vérité un jour ? Je l'espère en tous cas pour ces éleveurs. Bon courage à eux .