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Il y a 41 ans, Brives succombait sous une Loire en furie
Le 21 septembre 1980 a eu lieu la plus grande catastrophe que la cité brivoise ait traversée. Ce jour-là, une crue sans précédent ravage la ville, emportant dans sa colère huit vies humaines dont une petite fille de deux ans et son frère âgé de six mois.
« Peu importe la date d’anniversaire. Que ce soit les 10, les 100 ou les 41 ans comme aujourd’hui, il faut se souvenir à jamais. Chaque commémoration est aussi importante que les précédentes et que celles qui vont suivre. Alors oui, il faut se souvenir à jamais ». Les mots sont de Jean-Paul Bringer, adjoint à la Ville du Brives-Charensac. Face à un public silencieux, il remonte l’histoire de la ville à l’année 1980, le 21 septembre, il y a 41 ans. « Plus de quatre décennies se sont passées et nous avons toujours peur dès qu’il pleut beaucoup et qu’une crue menace les riverains de la Loire. Il y a 41 ans, la Loire a dévasté notre charmante cité, une Loire indomptable et fougueuse. Une Loire déchaînée ».
« Ce jour-là, la Loire nous a montré son pire visage, un masque de peur et d’atrocité »
Derrière lui, deux plaques sont accrochées. La première indique le niveau que l’eau du fleuve a atteint durant cette journée funeste. Sur la seconde est gravée sobrement le nom des victimes. Une écriture dorée sur une surface noire. Des lettres plus lourdes que le monde. « Ce dimanche matin, nous célébrons le triste souvenir de ce drame qui entraîna la perte de huit personnes dont cinq de la commune, souffle Jean-Michel Bringer. Ce jour-là, la Loire nous a montré son pire visage, un masque de peur et d’atrocités ».
Jean Mialon, 83 ans. Constance Mialon, 93 ans. Michel Mondiet, 75 ans. Et aussi, Céline Monleau, deux ans et demi. Son petit frère Cédric, six mois. Ensemble, leur vie s’est subitement éteinte le 21 septembre 1980, tout comme une partie de celle de leurs proches, de leur papa, de leur maman.
« Nous devons garder en permanence dans un coin de notre mémoire que la Loire est imprévisible. Elle peut sortir de son lit à l’improviste. Ayons donc un devoir de vigilance » Jean-Paul Bringer
Totem de la mémoire collective
« Des dégâts matériels considérables, la désolation dans notre cité brivoise, laissant derrière elle des souvenirs amers, continue l’élu. Les images qui nous restent aujourd’hui et les souvenirs d’affolement et de terreur des personnes touchées, sont les témoignages poignants du sinistre ».
Dans le public, les parents des enfants dont le nom est marqué en lettres d’or à quelques mètres écoutent encore et toujours ce discours qui se perpétue d’année en année. Ils sont là, le regard baissé, immobiles et muets, comme un totem de la mémoire collective. Comme une montagne sur laquelle se réfugier pour se rappeler qu’il ne faut jamais oublier.
« Nous ne savons pas arrêter l’eau mais nous savons protéger la population par l’anticipation et la prévention ».
Lundi 27 septembre, la mairie de Brives va réaliser comme chaque année un exercice de simulation de crue avec des élus et des membres des services. « Nous allons réviser ensemble la simulation des phases du plan d’alerte, du scénario jaune au rouge, prévient Jean-Paul Bringer. Nous appelons chaque riverain concerné, en précisant qu’il s’agit d’un essai, et nous allons sur place chez les personnes qui ne décrochent pas leur téléphone. Cet exercice est capital afin d’être le plus armé possible en situation réelle. Il faut que nous soyons acteurs et non spectateurs pour qu’aucune vie humaine ne soit emportée par les eaux. Nous ne savons pas arrêter l’eau mais nous savons protéger la population par l’anticipation et la prévention ».
« Il faut que nous soyons prêts à parer aux pires éventualités »
Jean-Paul Bringer met en exergue les conséquences du réchauffement climatique. « Il faut que nous soyons prêts à parer aux pires éventualités afin que nous puissions passer les automnes et les débuts d’été, ces périodes où les épisodes météo deviennent de plus en plus inquiétants, que ce soit ici et dans bien d’autres endroits en France et dans le monde ».
À ses côtés, Georges Pugnière, président de l’association des riverains de la Loire, complète le discours. « Chaque 21 septembre est un jour de tristesse mais aussi un jour d’angoisse, un jour d’inquiétude mesurée mais réelle ».
« Gouverner, c’est prévoir. On voit trop souvent aujourd’hui des familles dévastées, malheureuses car l’eau a anéanti les biens d’une vie, parfois des vies, hélas souvent par manque de prévisions ». Georges Pugnière
Des questions sans réponse
Avec un ton mêlé d’amertume et de colère, Georges Pugnière pose alors les questions. « Pourquoi le lit de la Loire continue de se combler dans sa traversée de la commune ? Pourquoi ne revenons-nous pas aux profils réalisés après les travaux du Plan Loire Grandeur Nature ? Pourquoi a-t-on l’impression que nos demandes concernant les travaux du curage du fleuve tombent dans les oreilles de sourds ? »
Il appuie gravement : « Ces travaux sont réalisables et auraient, je l’affirme haut et fort, un effet rassurant pour la population brivoise et notamment les riverains ! ». Une couronne fleurie a été déposée sous les noms dorés. Le bouquet de pétales rouges et blancs est sobre, pas très grand ni flamboyant. Mais il possède en son cœur quelque chose d’incommensurable : le souvenir.
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1 commentaire
Je m'en souviens encore très bien ,quelle horreur! Pourquoi il figure seulement 5 personnes sur la plaque commémorative hors qu'il y a 8 victimes???
Je me souviens bien d'un couple qui logé dans une caravane le long du fleuve à Durianne ,victimes de la crue ils furent emportés et retrouvé quelques mois plus tard.