Vals-près-Le-Puy : Les chibottes, gardiennes d'histoire et de patrimoine

Par Fanny GIMENEZ , Mise à jour le 01/12/2025 à 16:00

Temps de lecture : 5 minutes

Dans la vallée du Dolaizon, les chibottes traversent les siècles. Grâce aux récents travaux, ces cabanes de pierre sèche se dévoilent à nouveau. Les visiteurs sont guidés entre mémoire rurale, paysages volcaniques et savoir-faire ancestral.

Ces huttes faites de pierres sèches, vestiges du passé, restent étonnantes d’ingéniosité. Elles traversent le temps et les générations. Longtemps, utilisées comme des habitats rudimentaires pour se protéger des conditions météo difficiles ou stocker du matériel, elles demeurent des vestiges du patrimoine local. Avec près de 10 000 passages par an, les chibottes attirent de nombreux curieux.

Les chibottes, symbole de la vallée du Dolaizon

Pierre après pierre, selon une technique qui rappelle par certains aspects celle des pyramides, les chibottes impressionnent autant qu’elles interrogent. Certaines pierres peuvent peser plusieurs tonnes, démontrant l’ingéniosité et le savoir-faire des anciens bâtisseurs.

Ses cabanes de pierre avec leur sol en terre battue et leurs murs voutés semblent venir d’un autre temps... c’est le cas. Entre le XVIIIe et XIXe près de 200 chibottes composaient la vallée du Dolaizon. Aujourd’hui, elles sont un peu plus d’une dizaine à tenir debout. Elles servaient d’habitations temporaires au cours du travail de polyculture en terrasse, ou bien encore de lieu de villégiature pour le repos dominical.

"Les chibottes sont en quelque sorte des cabanes avec du bâti en pierre sèche, donc on s'efforce de préserver ce savoir-faire dans les nouveaux équipements." Luidgi Grangeon

Pour préserver ce patrimoine culturel, les 280 hectares de la vallée font partie d'un site naturel classé depuis une quinzaine d’années. De nombreux chantiers ont été réalisés pour préserver les lieux et ses constructions, afin d'accueillir les visiteurs.

Le premier est une courte balade de 1,7 kilomètre, idéale pour une découverte des chibottes. Le second forme une boucle de 7,2 kilomètres, parfaite pour une demi-journée bien remplie qui peut se faire au départ du centre-ville de Vals-près-Le-Puy. Cet itinéraire longe la rivière Dolaizon, emprunte la passerelle jusqu'aux chibottes avant de revenir au niveau de l'Hôtel de Ville.

Une des chibottes avec une petite terrasse
Une des chibottes avec une petite terrasse Photo par Fanny Gimenez

Un site réaménagé depuis 2011

Les premiers travaux d’aménagement du site ont débuté en 2011, sous l’impulsion de la communauté d’agglomération.  D'abord consacré à la réhabilitation de sept chibottes, puis à l'aménagement des sentiers pour sécuriser et améliorer son accès.

En 2023, la restauration de la "Chibotte du Chef" haute de 7 mètres, elle dispose d'un étage et arbore une allure unique parmi les autres chibottes. S'en est suivi l'installation d'une passerelle sur la grande boucle du parcours.

La Fondation du Patrimoine s'est également engagée à la préservation du site, notamment à travers la restauration de la chibotte Odile liée au nom de sa dernière propriétaire Odile Gervais.

La Chibotte de Chef qui surplombe le départ de la balade
La Chibotte du Chef qui surplombe le départ de la balade Photo par Fanny Gimenez

Un parcours enrichi pour tous les visiteurs

L’année 2025 marque une étape importante : six chibottes ont été entièrement réhabilitées.
Les visiteurs disposent désormais :

  • de panneaux et pupitres explicatifs, retraçant l’histoire du barrage du Dolaizon, des chibottes et de leur rôle dans la vie rurale ;

  • un mur pédagogique, permettant à chacun de s’essayer au montage d’un mur en pierre sèche et de comprendre la logique de ce savoir-faire ancestral ;

  • la mise en place de tables et de transats pour profiter du lieu : " l'idée, c'est vraiment de donner l'envie au public de passer du temps sur place, c'est pour cela que des équipements de ce type ont été faits." explique Luidgi Grangeon, en charge du développement touristique.

Une technique bien particulière pour assembler toutes les pierres Photo par Fanny Gimenez

Terrain de jeu dans un cadre privilégié

« Randonner malin, ça veut dire, on randonne, mais en même temps, on découvre le territoire, on découvre le patrimoine. » Jean-Benoit Girodet

À travers les nombreux sites naturels que compte le département, les visiteurs sont invités à découvrir ses richesses naturelles, culturelles et historiques au fil des sentiers, comme l’explique Jean-Benoit Girodet, élu communautaire à la commission Aménagement habitat et ruralité, action sociale et territoire : « Randonner malin, ça veut dire, on randonne, mais en même temps, on découvre le territoire, on découvre le patrimoine. ».

En effet, le département compte de nombreux itinéraires emblématiques, tels que le célèbre chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, le chemin de Stevenson ou encore la Régordane. La randonnée et le trail occupent une place importante dans l’offre sportive et touristique locale. Près de mille kilomètres de parcours sillonnent ainsi le territoire pour les randonneurs, cavaliers et cyclistes, notamment avec la voie Fluvia ou la voie du Velay récemment inaugurée.

Le sentier des Chibottes ne fait pas exception, il offre une immersion au cœur d’un patrimoine volcanique. Il constitue également l’un des passages exigeants du Trail de Saint-Jacques by UTMB, avec la traversée du pierrier. Le Trail des Vignerons de Vals s’inscrit lui aussi dans cette dynamique, valorisant les paysages, les savoir-faire et l’identité du territoire à travers une pratique sportive en pleine nature.

Un transat avec vue sur la vallée et le pierrier tant redouté des traileurs
Un transat avec vue sur la vallée et le pierrier tant redouté des traileurs Photo par Fanny Gimenez

Variante de Saint-Jacques

" Le Saint-Jacques amène un certain nombre de personnes et tout le monde le veut. " Jean-Benoit Girodet

Une telle déviation permettrait en effet de valoriser le site, et d’éviter la double traversée de la départementale. Même si le sujet est jugé pertinent, tout n'est pas réuni pour mettre en place un tel projet.

Tout d'abord, certaines chibottes sont des propriétés privées, donc inaccessibles pour des raisons de sécurité ou de respect de la propriété. La mise en œuvre reste complexe : le chemin de Saint-Jacques est très fréquenté, donc chaque modification doit être soigneusement étudiée, en tenant compte de la distance, du dénivelé, et de l'accessibilité " Il y a la variante que chaque maire voudrait avoir chez lui, c'est sûr. Et il y a la variante qui doit répondre aux exigences du randonneur " ajoute Jean-Benoit Girodet.

Une nouvelle étape pour la conservation du site est close. Déjà de nouveaux travaux sont prévus au cours de l'année 2026 pour améliorer l’accessibilité et valoriser certains éléments du patrimoine historique.

 

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