La Vierge est montée au ciel

Ce dimanche 11 mai se déroulait la traditionnelle transhumance des brebis noire du Velay, "Lou pastre de la neigre". Cette année, c'est le GAEC des Cabarets, à Cussac-sur-Loire qui accueillait l'événement. Une nouvelle édition réussie pour mettre à l'honneur cette race locale. Plus de 500 personnes ont pu apprécier l'événement.
Depuis 1995, une vingtaine de producteurs font la promotion de cette emblématique race locale à travers l'organisation d'un événement fédérateur dont le principal but est de rapprocher consommateurs et éleveurs. Après de 3 semaines de préparation de la ferme, Bernard Olivier et son cousin Christian ont permis à plus de 500 curieux de découvrir le métier méconnu d’éleveur de brebis, proche de la nature et du vivant.
La journée commence par une randonnée de 8 km au cours duquel les marcheurs accompagnent un troupeau de 80 brebis dans une courte transhumance. Une petite phase d’adaptation pour ces demoiselles qui rejoindront de plus grands alpages une semaine plus tard.
"Vite on les rattrape !"
À leur passage, les enfants s'extasient : "Qu'elles sont bêêêêlles ! Elles sont toutes noires avec un bout de queue blanche ! Vite on les rattrape !". Oui, car c’est vrai qu’elles ne trainent pas... Il faut dire que les chiens de troupeaux et les bergers sont là pour éviter les retardataires et qu'elles ne se laissent aller à flâner.
Le chemin se rétrécit et les pluies des derniers jours ont rendu les chemins gras : mais rien n'entame l'engouement des marcheurs, d'autant que la vue proposée par cette promenade, fort justement intitulée le "Rond de l'Ange", offre de somptueux panoramas.
Les brebis sont laissées dans leur pâturage sous la garde de trois chiens de troupeaux et les marcheurs peuvent tranquillement terminer leur randonnée pour regagner la bergerie où les attend un repas : grillades d'agneau et fromage de brebis sont de la partie.
Au total, ce ne sont pas moins de 500 repas que les bénévoles s'activent à servir
Une assiette à la main, l'une d'entre elle explique : "C'est une grosse organisation et pendant le coup de feu, on court dans tous les sens. Mais on voit que les gens sont heureux et qu'ils se régalent avec nos produits. Ça fait du bien, car ce n'est pas un métier facile tous les jours et ça motive".
Le revenu d'un producteur correspond au nombre de kilos d'agneaux des brebis
Les gens prennent place au cœur même de la ferme, sous les bâtiments qui ont été libérés pour l'occasion. Après l'effort, dans cette cantine géante, les corps se reposent. Cathy, marcheuse sourit : "C'était vraiment agréable de partager ce moment avec les brebis. Et pouvoir se restaurer en arrivant directement à la ferme, c'est chouette. On est venu en famille et tout le monde y trouve son compte."
Tout ne se résume pas à une rando / repas. N'oublions pas que ce sont des passionnés qui organisent l'événement. Ils sont là pour partager leur quotidien et expliquer. Ainsi, dans l'après-midi, c'est avec passion que l'un deux explique le fonctionnement de son exploitation et l'intérêt que présente les brebis noires du Velay.
"Dans les années 70, il n'y en avait plus que 5000 en France avant que la race soit relancée. Aujourd'hui, on en compte 30 000, dont environ 15 000 en Haute-Loire. Cette race présente de vrais avantages de performances économiques. Les brebis noires ne sont pas difficiles et permettent l'entretien de terrains rustiques. Elles marchent beaucoup et produisent bien. Elles peuvent faire jusqu'à deux agneaux par brebis et par an ! ".
Des brebis, meilleures que les agneaux du Mont Saint-Michel
Quand on lui demande si la viande de la brebis noire du Velay est meilleure que les autres, il confie une anecdote : "Lors d'un concours parisien, la viande de la Noire du Velay a été mise en concurrence avec celle des réputés agneaux du Mont St Michel... Les gens ont préféré la nôtre. Elle était apparemment moins forte et plus goûteuse..."
Difficile de dire s'il s'agit là d'un manque d'objectivité, mais force est de constater que les plateaux sont rendus vides à la fin du repas... Après la bergerie, les visiteurs découvrent la tonte (nécessaire au bien-être des brebis), les 500 agneaux de la maternité et le dressage des chiens de bergers. La promenade se termine autour d'un marché de producteurs et artisans locaux. Régis, les baskets boueuses de sa randonnée matinale aux pieds, conclut : "Je n'ai pas vu la journée passer !"
Vos commentaires
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire