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Trempés jusqu'aux os, pelle à la main... ces élus qui ont passé le week-end les pieds dans l'eau
"On était une quinzaine d'élus et deux policiers par monts et par vaux jusqu'à plus de minuit". Gilles Delabre, qui vient de débuter son second mandat comme maire à Brives-Charensac, a passé le week-end les pieds dans l'eau, comme ses homologues Corinne Bringer à Chadrac et Jean-Paul Vigouroux à Polignac.
Aux HLM de la Mouteyre, 1,70 m d'eau, une coupure d'électricité et un départ de feu
"Je crois que comme les sapeurs-pompiers, on a été un peu débordés", ajoute-t-il, alors qu'une famille brivoise se plaint de ne pas avoir eu l'ombre d'un secours. "C'est malheureux mais on ne pouvait pas passer chez tout le monde, on a priorisé. Il y avait quand même 1,70 m d'eau dans les garages aux HLM de la Mouteyre, mais aussi une coupure d'électricité et un départ de feu", ajoute-t-il. Sans oublier qu'il a fallu réguler la circulation, notamment route de Coubon, jusqu'à près de 20h vendredi soir.
Pour l'élu, la pilule est dure à avaler. "C'est dur de se faire critiquer comme ça alors qu'on fait ce qu'on peut. Cette personne a une porte en fer qui a cédé et a été emportée. Toute l'eau s'est ensuite engouffré. C'est malheureux, mais il n'y avait rien à faire et ils n'étaient pas en danger de mort non plus", observe-t-il, alors qu'il s'est personellement rendu sur place ce lundi matin pendant plus d'une heure et demie. L'autre chantier du jour, c'est le montage du dossier de reconnaissance en état de catastrophe naturelle. "C'est primordial pour déclencher les assurances et que la commune comme nos administrés puissent être indemnisés", souligne-t-il, même si les délais d'instructions sont très longs et qu'il faudra patienter.
> Lire aussi : Les photos des intempéries des internautes (+ vidéo) 12/06/2020
À Chadrac, "pour une prise de poste récente, j'ai tout de suite été plongée dans le grand bain"
Installée depuis une quinzaine de jours, Corinne Bringer a connu un baptême du feu les pieds dans l'eau. "Pour une prise de poste récente, j'ai tout de suite été plongée dans le grand bain", ironise-t-elle. Très vite le vendredi, le téléphone n'a cessé de sonner. "Il fallait être opérationnel et vite réagir", explique celle qui sortait d'une réunion au Conseil départemental et qui a du se rendre sur le terrain en chaussures à talons, sans imperméable et sans parapluie. "Il y avait des rigoles dans les rues, des bouches d'égoût qui regorgeaient... des riverains nous ont appelé parce qu'ils pensaient qu'elles étaient bouchées mais non, il y avait juste une trop grande quantité d'eau. Alors ça glissait en cascade dans les rues, les terrains, les garages, les maisons", témoigne-telle.
Elle s'est d'abord rendue à la petite mer chez un riverain dont la propriété a été totalement inondée. "Concrètement, on ne pouvait pas faire grand chose", rapporte-t-elle et elle a surtout fourni un soutien psychologique... et technique. "C'est un dossier très complexe que j'ai découvert car il y a la problématique du SAE et aussi de la station d'épuration. J'ai appelé les services du Département pour coordonner les actions", résume-t-elle. Il a aussi fallu intervenir à la Bouteyre, où le parking était inondé avec une trentaine de centimètres d'eau et les services techniques sont venus sécuriser l'espace.
----La reconnaissance en état de catastrophe naturelle est-elle un plus ? Pas pour tous. Zoomdici avait contacté un expert en assurance après les terribles inondations au Brignon en juin 2017. Pour comprendre toutes les arcanes de ce dossier complexe, lire cet article.-----Un drôle de baptême du feu pour la nouvelle maire qui a fini "trempée jusqu'aux os"
Problème aussi route de l'observatoire où plusieutrs maisons en construction ont été victimes de ruisselements, au point de se retrouver avec de la boue dans les garages. Un mur communal a également été endommagé. "Je suis alors rentrée chez moi me changer car j'étais avec mes chaussures à talons dans 30 cm d'eau depuis des heures, sans imperméable ni parapluie. On a passé notre temps à soulever des grilles et enlever des branches, j'étais trempée jusqu'aux os".
Puis vers 19h, accompagnée d'une poignée de conseillers, elle a fait du porte à porte avenue de la renaissance et le long de la petite mer pour informer les habitants des risques. "Les services de police m'ont informée d'un pic prévu vers 4h du matin, on les a donc invités à enlever leurs voitures, à être vigilants. On peut dire que jusqu'à plus de 21h, on était sur le pont", conclut-elle, alors qu'un dossier pour reconnaissance en état de catastrophe naturelle est également en cours, "essentiellement pour les particuliers" car les dégâts communaux, hormis le mur et quelques infiltrations à l'école, sont moindres.
Exemple d'un ruisselement observé à Beaubac, commune de Polignac, ce vendredi après-midi
À Polignac, une ardoise qui devrait dépasser le budget annuel consacré aux voiries et chemins
Autre exemple à Polignac où le maire Jean-Paul Vigouroux en a vu d'autres, en 2003 et 2008 notamment, "mais pas autant que cette fois", témoigne-t-il, "il y a de la casse dans tous les chemins et dans tous les villages". De quoi laisser présager une grosse ardoise, même s'il est encore trop tôt pour l'évaluer.
"De mon expérience, les dégâts pour la commune devraient avoisinner les 200 000 €, pour vous donner un exemple, c'est plus que le budget que l'on consacre chaque année pour la voirie (ndlr : 150 000 €) et les chemins (ndlr : 30 000 €). On va faie une liste des dégâts, entre arrachements de voirie et glissements de terrain, puis il y aura une estimation à faire qu'il faudra accrocher au budget, au risque de retarder d'autres projets", déplore-t-il.
> Lire aussi : Sa propriété totalement inondée à Chadrac (12/06/2020)
Au volant du camion et pelle à la main : "c'est normal, c'est notre rôle dans les petites communes"
Mais comme partout ailleurs, ce sont surtout chez les particuliers que les dégâts sont les plus dramatiques. "On a par exemple un mur qui s'est effondré à Chambeyrac", détaille-t-il, "et on invite nos administrés à monter des dossiers, prendre des photos, etc.", dans la perspective d'une reconnaissance en état de catastrophe naturelle. "Que ça marche ou pas, il faut le faire, c'est très important et je sais que notre député Jean-Pierre Vigier va appuyer notre demande auprès des services de l'État", espère-t-il.
Enfin, assistés de ses services techniques, mobilisés jusqu'au samedi après-midi, il a lui aussi retroussé les manches pour pelleter les détritus et conduire le camion communal. "C'est normal, c'est notre rôle dans les petites communes", s'amuse-t-il avant de conclure : "on a aussi des gens très dévoués et beaucoup d'administrés nous ont aidés. Il faut le souligner, l'entraide a encore de beaux jours devant elle dans nos communes rurales".
Maxime Pitavy
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