S'effacer un instant de la surface de la terre à Chaspuzac 

« Lâcher prise ». Facile à dire. Mais pas facile à faire. À chacun sa méthode. La rédaction de Zoomdici s'est invitée du côté de Chaspuzac, poussée par la curiosité et les bouches à oreilles. Dans cette commune, il existe un espace où tout s'efface. Jusqu'à en perdre même ses propres sens ou au contraire, les exalter au possible. 

« Seul avec soi-même »

C’est une nouveauté dans le département, les expériences similaires plutôt en vogue du coté de Clermont-Ferrand ou de Saint-Etienne. Notre journaliste est arrivée chez O’Salines, à Chaspuzac, un centre de soin géré par Marie-Laure Tissot, ouvert depuis 9 mois.

Lors de la prise du rdv, elle l’a briffée sur les consignes comme ne pas s’épiler la veille de la séance, ne pas avoir de teinture ou couleur de cheveux récente et la tenue appropriée pour cette expérience.

Dès son arrivée, la journaliste est mise à l’aise par la patronne qui lui explique le déroulement de ce moment « seul avec soi-même ». Elle lui fournit un peignoir, des claquettes et la dirige vers la salle de flottaison.

Une fois la douche prise, les éventuelles plaies recouvertes de crème isolante, le peignoir enfilé, les bouchons d’oreilles en main, l’expérience peut alors débuter.

Mettre en pause tous ses sens

Notre journaliste, à une minute du départ, doute. Derrière la petite porte blanche se cache l'inconnu. Marie-Laure Tissot la rassure alors. Cette capsule est faite pour la couper du monde extérieur, "Comme un hamac virtuel", explique-t-elle.

Le corps porté par le sel, il n’y a plus de tensions, plus de bruits ni de stimulations visuelles, il faut relâcher pour profiter de cette parenthèse au calme. La porte s’ouvre, la cabine est sombre avec quelques lumières bleutées au plafond, la musique est douce. Les 30 minutes sont lancées. Et le voyage commence.

Qu'est-ce qu'une capsule de flottaison ? (Appuyez sur + pour dérouler)

C'est un bassin fermé où l'on peut flotter dans une isolation sensorielle totale. Grâce à sa concentration très élevée en sel d’Epsom, la sensation d’apesanteur sans contrainte est bien réelle. Près de 80 % du poids du corps « s’efface ». C'est quatre à cinq fois plus que dans la Mer Morte.

Comment a-t-elle été créée ? 

La première capsule de flottaison a été créée par le chercheur américain J. C. Lilly lors de sa formation en psychanalyse, dans le cadre d'une étude sur les effets de la privation des sens sur le cerveau. À l’époque, les caissons sont loin d'être accueillants. Les cobayes doivent enfiler une combinaison inconfortable, un masque lourd avec des caches pour les yeux et des bouchons pour les oreilles qui leur permettent aussi de respirer sous l’eau. Leur corps est ainsi complètement immergé et la flottaison quasi nulle.

Lilly sera un des premiers à tenter l’expérience dans les années 1960. Il éprouvera, selon ses dires, un état proche de la méditation profonde. L’US Air Force et surtout la NASA sont bien sûr intéressées par ses recherches.

Mais il faudra attendre le début des années 1980 pour que les caissons de flottaison soient accessibles au grand public. De nombreux sportifs de haut niveau, artistes et industriels stressés s'intéresse alors à cette technologie. 

Quels sont les effets ?

Plus de 200 études prouvent les bienfaits de la flottaison, de l'absence totale de stimuli. du simple fait de flotter en apesanteur, sans stimuli, et ce dans différents domaines de la santé.

Physiquement, elle a un impact sur la relaxation des tissus musculaires, des tendons et des articulations. Elle a donc un effet non négligeable sur la récupération des sportifs, mais aussi sur des douleurs chroniques ou de posture et des douleurs articulaires. 

Sur le plan psychique, la baisse de cortisol due à cette immersion a un effet durable sur l'anxiété, le stress et la qualité du sommeil. Il serait possible de récupérer quatre heures de sommeil en seulement une heure de soin. Enfin, la capacité de concentration et la créativité sont elles aussi accrues. 

A la sortie, notre journaliste explique l’apaisement rapidement ressentit. Son corps devient plume, son esprit se délie. Finalement, ces 30 minutes sont autant de temps passé hors du temps, autant d'instant d'absence, loin de tout.

Après une douche rapide, elle rejoint Marie-Laure à la tisanerie pour finir sur une touche de douceur. Elle repart, conquise par cette déconnexion jamais éprouvée avant. Du doute et de l'appréhension, elle en est revenue souriante et apaisée. Prête à recommencer.

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