Incendies et accidents : un début de semaine très agité

Aujourd'hui, du haut de ses 55 ans, Sabine ose témoigner pour défendre les droits de toutes ces femmes victimes de la pose d'implant urinaire, femmes doublement terrassées par une justice sourde et aveugle. Un témoignage à la fois émouvant et déchirant.
Vous vous êtes fait poser une prothèse urinaire et depuis votre vie a basculé. Pouvez-vous nous raconter ?
SN : On m'a proposé cet implant en 2012 pour une incontinence d'effort. A l'époque très sportive, je pratiquais l'escrime et les fuites urinaires me gênaient énormément.
L'opération m'a été présentée comme une intervention rapide et simple, moins de trente minutes. Ce dispositif devait résoudre tous mes problèmes. Quand je me suis réveillée, j'avais des douleurs terribles. J'avais du mal à marcher et ça n'a fait qu'empirer jusqu'à maintenant. Ma vie est devenue, depuis cette opération, un enfer.
"L'opération m'a été présentée commune une intervention rapide et simple, moins de trente minutes. Ce dispositif devait résoudre tous mes problèmes" explique Sabine.
Est-ce qu'une autre opération vous a été proposée ?
SN : Je suis restée dans l'errance médicale pendant huit ans. Mon chirurgien ne reconnaissait pas les complications de cette pose d'implant alors que c'était écrit dans la liste des effets secondaires. J'ai souffert en silence jusqu'à ce qu'en 2019, je n'en puisse plus. Je ne pouvais même plus rester une demi-journée debout. J'ai été placée en arrêt de travail. J'ai perdu mon travail à cause de cette opération. Et c'est à ce moment que j'ai découvert un collectif de femmes qui souffrait des mêmes douleurs que moi, liées à la pose d'implant urinaire. Grâce à ce collectif, j'ai pu entrer en relation avec un chirurgien à Nîmes et j'ai pu bénéficier d'un retrait partiel en 2019. Ce qui a apaisé partiellement mes douleurs.
"J'ai souffert en silence jusqu'à ce qu'en 2019, je n'en puisse plus. Je ne pouvais même plus rester une demi-journée debout. J'ai été placée en arrêt de travail. J'ai notamment perdu mon travail à cause de cette opération" nous confie Sabine.
Est-ce qu'il s'agit d'une marque en particulier d'implant ?
SN : Il y a plusieurs marques d'implant concernées par ce problème. C'est surtout la matière employée qui est en jeu : le polypropylène. Ces implants sont en outre utilisés pour consolider les prolapsus, les hernies.
Ce dispositif peut-il être retiré si la douleur est trop forte ?
SN : Cela dépend de la manière dont ces bandelettes ont été introduites dans l'organisme. Il y a deux voies de passage. Celle la plus problématique est la zone du bassin qui regorge de terminaisons nerveuses. Le principe est que l'implant est très irritant pour permettre à des fibroses de se former. Cette fibrose va parfois insérer des nerfs et c'est là que toutes les complications arrivent. L’implant peut chez certaines femmes créer également une érosion vaginale ou des infections.
Une victime a demandé l'euthanasie
En 2023, Elodie avait fait le choix de se faire euthanasier en Belgique plutôt que de continuer à supporter la douleur de l'implant qui lui avait été posé sans son accord, suite à un accouchement difficile.
Vous faites partie d'un collectif de 800 femmes, quelles sont vos actions ?
SN : Notre collectif s'est scindé en deux car une partie des femmes préfèrent se faire soigner aux Etats Unis. Certains chirurgiens proposent de retirer l'implant contre une somme comprise entre 20 000 et 30 000 dollars. Mais on laisse en France plein de femmes en souffrance qui n'ont pas les moyens. Avec mes camarades, on a donc décidé de créer ce groupe qui cherche des solutions plus locales.
"Certains chirurgiens proposent de retirer l'implant contre une somme allant de 20 à 30 000 dollars. Mais on laisse en France plein de femmes en souffrance qui n'ont pas les moyens. Avec mes camarades, on a donc décidé de créer ce groupe qui cherche des solutions plus locales".
Sur ce deuxième collectif, nous sommes 896. Depuis un reportage diffusé sur France 2, nous avons reçu une vague de femmes qui se sont reconnues. Nous organisons des réunions en visioconférence avec des médecins formés et qui acceptent de procéder à des retraits. Le professeur Peyronnet, situé à Rennes, a reçu beaucoup de femmes depuis cet été. Mais le problème est qu'il ne pourra pas toutes les prendre en charge. Et traverser toute la France pour des personnes qui souffrent de devoir rester assise plus de trente minutes, c'est beaucoup d'efforts.
Qu'avez-vous entrepris pour défendre vos droits ?
"Depuis, malheureusement, la plainte a été classée. Ca a été une grosse claque. Mais, nous sommes décidées à poursuivre l'action. Cela ne va pas rester sans suite."
SN : Nous avons entamé des démarches avec le cabinet d'avocats qui s'est occupé de l'affaire Mediator. Nous avons effectué une plainte contre X pour ces complications non reconnues et sans solution pour certaines. Des enquêtes ont eu lieu. Depuis, malheureusement, la plainte a été classée. Ça a été une grosse claque. Mais, nous sommes décidées à poursuivre l'action. Cela ne va pas rester sans suite.
Facebook du collectif local de soutien aux femmes victimes d'implant urinaire
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1 commentaire
je ne connaissais cette possibilité d'implant...et tous les risques encourus à la pose. courage à vous toutes et persévérance pour vous faire entendre et obtenir réparation