Rassemblement Madama sous le signe de l’émotion

Par T.Ch , Mise à jour le 13/03/2021 à 17:00

Samedi matin, et alors que l’annonce de la libération du centre de rétention lyonnais de Madama par son avocat ce vendredi 12 mars vers 18 heures a surpris tout le monde, le rassemblement de ce samedi matin a revêtu une autre symbolique que celle initialement prévue.

Protégée par les forces de l’ordre, la préfecture de la Haute-Loire ne semblait pourtant pas avoir grand-chose à craindre des soutiens à Madama pour un nouveau rassemblement organisé ce samedi matin.

Le préfet Eric Etienne n’avait, il est vrai, pas poussé à l'apaisement dans ses déclarations sur les antennes du journal télévisé de France 3 Auvergne du jeudi 11 mars 2020 (voir à partir de la minute 8) en déclarant “lorsque la décision du juge des enfants a été rendue sur la base du placement à des tiers, soi disant dignes de confiance, qui sont enseignants et qui manifestent systématiquement et qui lui donnent de très mauvais conseils euh... aujourd’hui, euh. .. très clairement il n’était peut-être pas mineur, à cette, euh... , à cette période là”.

Ce faisant, il contestait une décision de justice et en parallèle mettait en exergue le militantisme de la famille accueillante. De fait, les soutiens se sont mobilisés très nombreux ce samedi matin, malgré l’annonce de la libération de Madama qui est rentré au Puy dans la soirée de vendredi, sentant bien que si le combat n’est pas perdu, il ne fait encore que commencer.

Plus de monde ce samedi en soutien à Madama et, plus largement, aux jeunes mineurs sans papiers

S’il est difficile d’estimer à l'œil le nombre de personnes rassemblées autour de la fontaine du Breuil, il est en revanche plus facile de faire un décompte sommaire lors d’un défilé.

Un long cortège Photo par Th Chabanon

Après les prises de paroles, les soutiens à Madama ont obtenu le droit de défiler entre le boulevard du Breuil et retour autour de la statue du général Lafayette à condition de ne pas bloquer totalement la circulation.

Ce cortège permet de penser que les militants étaient plus nombreux que les semaines précédentes, sans doute environ 400.

"Nous n'irons pas au marché" Photo par Th Chabanon

Au sein du cortège, il y avait aussi de nombreux jeunes migrants qu’on avait pu apercevoir lors d’un précédent rassemblement de soutien lors d’un repas partagé. Ils se sont exprimés dans des termes qui ont procuré un sentiment d’émotion dans les rangs de l’assistance et chez certains même, des larmes non feintes.

“Cette belle France a donné un sens à notre avenir et aujourd’hui, nous lui demandons, à nouveau, qu’elle nous aide.”

A la suite de quelques mots de remerciement prononcés par Madama, présent ce samedi matin, de jeunes migrants se sont rassemblés autour d’un porte parole qui a lu un texte dans lequel il a décrit ce que lui et ses compagnons d’infortune vivent actuellement, la peur de voir tous les efforts consentis être réduits à néant par une décision administrative qui peut tomber comme un couperet. 

Il a aussi remercié la France pour ce qu’elle a déjà fait pour eux et demandé à ce qu’elle ne les laisse pas tomber maintenant.

Discours très appaludi Photo par Th Chabanon

Nous sommes très heureux de la libération de Madama, c’est une bonne nouvelle qui nous rassure et nous donne l’espoir de lendemains meilleurs”, introduit le jeune homme en lisant son papier sans aucun ahanement : ”Nous sommes tous issus de pays desquels nous avons fui pour des raisons politiques ou religieuses ou parce que notre sécurité n'était pas assurée. Nous venons du Mali, de la Guinée, de la Côte d’ivoire ou du Congo. Nous sommes venus vers la France pour recevoir une éducation et apprendre, pour trouver un travail”, poursuit-il. “Le cas de Madama est celui de plein de jeunes. Aujourd’hui, nous vivons de nouveau dans la crainte”.

"On a peur chaque matin, quand on se lève, quand on se réveille qu’une décision administrative ne remette en question tout ce que l’on est en train de construire".

Ici, on a tous trouvé un toit, une famille, une formation ou un apprentissage, une équipe de football. Nous travaillons dans les métiers du bâtiment, dans la restauration ou dans la boucherie. Nous nous acquittons de nos tâches du mieux qu’on peut. Nous sommes respectueux et désireux de travailler. Cette belle France a donné un nouveau sens à notre avenir. Aujourd’hui nous lui demandons à nouveau de l’aide. Nous demandons l’aide du préfet”, a conclu l’orateur en déclenchant un tonnerre d'applaudissements, non pas seulement pour le texte qu’il a lu si bien mais, pour la sincérité du ton qu’il a donné aux phrases prononcées.

“Ils veulent nous ressembler mais, c’est nous, qui devrions nous inspirer de leur force”

Après lui, Eric Durupt, le père d'accueil de Madama, a ensuite pris la parole d’une voix hachée : “Vendredi soir, nous nous sommes retrouvés à table avec Madama qui nous avait été arraché en début de semaine sans qu’on puisse lui dire au revoir. Il nous a raconté un peu plus son histoire et ce qu’il faut en retenir c’est sa dignité. Quelle leçon dont nous devrions tous nous inspirer ! Ils veulent nous ressembler mais c’est nous qui devrions nous inspirer de ce qu’ils ont à dire et ce qu’ils démontrent. Ces jeunes font tous preuve de dignité, de courage et de force”.

L'orateur a ému lepublic Photo par Th Chabanon

Les manifestants souhaitaient aller sur le marché pour interpeller une nouvelle fois la population du Puy et alentours sur cette question des mineurs sans-papiers. Ils n’en ont pas eu l’autorisation. Le groupe s’est donc ébranlé dans un très long cortège car il n’était pas possible de rester sur cette émotion brute. 

A midi passé, de nombreux manifestants étaient encore sur la place centrale du Puy, ne pouvant se résoudre à rentrer déjà.

 

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1 commentaire

dim 14/03/2021 - 12:20

La France a certes un beau visage, mais uniquement pour ceux qui soutiennent cette cause et qui sont n'oubliez jamais, qu'une minorité agissante qui veut imposer son point de vue à tout le monde. Attention au réveil qui risque d'être très difficile. Car 2022 risque de faire apparaître une autre réalité et celle-là sera imposé par la majorité.

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