Qu'est ce qui fait courir les participants au Roi de l'Oiseau ?

Par JPo , Mise à jour le 16/09/2023 à 16:00

La ville du Puy fête cette année la trente-huitième édition des fêtes du Roi de l'Oiseau. Si cette fête attire de très nombreux touristes et curieux venus de toute la France, c'est également un évènement très attendu par la grande majorité des ponots, qui le temps d'un week-end, quittent leur domicile pour vivre une expérience collective dans un des nombreux camps disséminés dans toute la ville. Mais qu'est ce qui fait donc courir les Ponots durant ces quelques jours ? Nous sommes allés leur rencontre pour essayer d'en savoir plus. 

 

La cité pavée à des allures de camp retranché. Des touristes un peu perdus ouvrent grand leurs yeux au passage de quelques preux chevaliers venus s'encanailler à la terrasse d'une taverne. Les odeurs de cochonnaille fumée prennent le dessus sur celles, plus habituelles, des gaz d'échappement. Les rues du Puy sont noires de monde et les places de stationnement deviennent des espèces en voie de disparition. Vous l'aurez deviné, les festivités du roi de l'oiseau sont de retour dans la ville pour cette 38ieme édition qui semble déjà démarrer sur les chapeaux de roue. Pour le plus grand bonheur des visiteurs de passage mais surtout pour celui des ponots, du moins certains d'entre-eux, pour qui ces quelques jours de festivité font désormais partie intégrante du patrimoine de leur ville mais également de leur histoire personnelle. 

Les odeurs de cochonnaille fumée prennent le dessus Photo par jfp

Cela fait plus de trente ans qu'Aline participe aux festivités. Le Roi de l'Oiseau, c'est toute sa vie. Une occupation à plein temps durant une bonne partie de l'année. Avec ses compères de l'association " Los Obragos " ( "les ouvriers" en occitan NDLR), elle est en charge de l'entretien du matériel de la fête et de la création des décors et des structures imaginés par la mise en scène : " On se réunit tous les mardis, pour bricoler, travailler le bois et  le métal à la manière des maîtres forgerons et des artisans de l'époque". Mais ce n'est que la partie la plus visible de son travail. Le reste du temps, avec le soutien de l'ancien directeur des Archives Municipales, elle fait des recherches, avec le soucis du détail, pour que les réalisations de son association soient le plus proche de la réalité historique. Parce - que l'ambiance de la Renaissance, elle adore ça, et pas question pour elle de la trahir. Elle fusille du regard, les quelques adolescents de son camp, tout de fourrure vêtus, rivés à leur smartphone.

Aline (à gauche) et ses compagnons de Los Obragos Photo par jfp

" Les hiérarchies sociales disparaissent, c'est revigorant " Aline

Le Roi de l'Oiseau pour Aline, aurait une fonction cathartique et sociale : " Les temps sont de plus en plus durs. La guerre, l'inflation, on nous parle de ça à longueur de journée. C'est le règne du chacun pour soi. Alors le temps d'un week-end, on essaie d'oublier ses soucis pour faire la fête tous ensemble. Il y a énormément de rencontres qui n'auraient surement pas lieu dans la vraie vie. Les hiérarchies sociales disparaissent quelques jours, les chirurgiens côtoient les chauffagistes, sans savoir qui est qui et qui fait quoi, c'est revigorant ". 

" C'est l'occasion de réunir nos familles " Brigitte et Jacques

Brigitte et Jacques, plus connus sous les sobriquets de " Pélagie " et " Petits cheveux " sont ponots d'adoption depuis une quarantaine d'années. Adhérents de l'association " Cramail et croc en jambe", ils oeuvrent toute l'année pour préparer l'évènement. Eux-aussi ne jurent que par ces quelques jours de fête, qu'ils comparent à ceux de Noël : " Pour nous, c'est la fête des enfants avant tout. Avec une grosse part de magie et de rêve. C'est l'occasion de réunir nos familles, parfois disséminées un peu partout en France ou en Europe. On vit quelques jours sur le camp, avec nos enfants et nos petits enfants. C'est un vrai bonheur de les voir si heureux" nous confie Pélagie. Pour  " Petits Cheveux " la fête est également l'occasion de  " garder le patrimoine vellave vivant et de transmettre de génération en génération un certain savoir-faire dont on pourrait avoir à nouveau besoin dans les temps qui viennent". 

Brigitte et Jacques du camp de Cramail et Croc en Jambes Photo par jfp

" Le Puy méritait qu'on prolonge la saison festive jusqu'au début de l'Automne " Philippe

Philippe, lui, tient la taverne de l'un des  camps de la place Henri Pourrat. Se décrivant lui même comme "un vieux soixante-huitard, attaché à certains idéaux libertaires", c'est l'une des figures historiques du Roi de l'Oiseau, présent depuis la naissance de l'évènement, il y a trente-huit ans. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'histoire du Roi de l'Oiseau et son évolution à travers les années : " Les vieux ponots comme moi s'en souviennent surement, mais dans les années quatre-vingt, il y avait une super structure au Puy, le Collectif Carnaval, issue des centres de loisirs, qui organisait, au Printemps, une grande parade. C'était le grand rendez-vous festif annuel de la ville. Passée cette date, il ne se passait plus grand chose. Un jour on s'est dit, que le Puy méritait qu'on prolonge la saison festive et touristique jusqu'au début de l'automne. Jean-Louis Roqueplan et le maire de l'époque, Bernard Jammes, voulaient trouver quelque-chose de nouveau en matière d'animation, quelque-chose susceptible de rayonner au delà de la ville et de participer à sa réputation. Ils ont entendu parler de l'oeuvre de Jean Burel et d'une compétition historique où l'on tirait un oiseau à la Renaissance. Ils se sont emparés de cela et ça a pris tout de suite". 

Philippe, maître tavernier, une des mémoires du Roi de l'Oiseau Photo par jfp

" Ça crée pour quelques jours une sorte de contre société, presque utopique " Philippe

Pour Philippece qui rend cette fête si attachante c'est son côté enfantin, participatif et universel : " Le metteur en scène de l'évènement sait nous faire rêver depuis des décennies maintenant, comme des grands gosses. Ces jours de fêtes permettent aux ponots de se réapproprier leurs lieux de vie et de devenir acteurs dans leur propre cité. C'est un spectacle participatif auquel tout le monde est convié. Ça crée pour quelques-jours, une sorte de contre-société, presque utopique, au sein de laquelle se mettent en place de nouveaux rapports humains et de nouveaux lieux de vie. Moi franchement, et même à mon âge, ça me fait encore rêver".  

" Ça nous fait rêver, comme des gosses " Photo par jfp

 

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