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Qu'est-ce que le job dating inversé organisé par Pole Emploi ?
C'est un format de recrutement un peu spécial qu'a proposé Pôle Emploi à une vingtaine de demandeurs d'emploi. Un job dating où ce ne sont pas les candidats qui se présentent, mais bien les entreprises. Retour sur la première édition dans le domaine du transport, lundi 28 mars au Centre Roger Fourneyron du Puy-en-Velay.
Le principe est à la fois simple et original : un recrutement où tous les rôles sont inversés. Les entreprises doivent préparer un CV et venir y présenter leurs valeurs, leurs équipes, leur stratégie ainsi que leurs propositions d’emploi en 25 minutes chrono. Ce sont ensuite les candidats qui choisissent l’entreprise qui leur correspond par la suite et décident de donner une suite ou pas pour un entretien d’embauche.
Pour cette première édition, quatre entreprises du transport de marchandises ont répondu présents devant une vingtaine de demandeurs d’emploi issus de ce secteur ou en reconversion. Un concept, novateur, porté par Pôle Emploi pour casser les codes et décomplexer les candidats. " L'idée, c'est de rompre avec les forums où il y a beaucoup de monde, les entretiens classiques, là, on veut faire du sur-mesure, dans la dentelle pour reprendre l'expression locale " plaisante Christophe Erpelding, directeur du Pôle Emploi du Puy-en-Velay. "On leur a demandé de faire un CV, c'est plutôt original, d'habitude, c'est plutôt l'inverse !".
Alors, concrètement, comment ça marche ?
Chaque entreprise rencontre les candidats potentiels qui sont postulants par groupe de 4-5 sur chaque table. Durant 25 minutes, ils vont alors se présenter et tenter de convaincre les possibles futurs candidats. "L'idée, c'est de les attirer" explique Christophe Erpelding, "et de pouvoir aussi repérer les futurs candidats de pouvoir se rappeler d'eux". Le but est de pouvoir créer le plus de transparence possible sur l'entreprise et "de vraiment savoir où ils vont mettre les pieds". Des éléments comme les méthodes de travail, les avantages, désavantages, les congés, la mutuelle, comment ça marche, etc
Début mars, un job dating classique sur l'hôtellerie, restauration était organisé avec des stands qui présentaient leurs offres d'emploi et qui recevaient des candidats. Contrairement à cette organisation ici, "il n'y a pas d'histoires d'offres, on parle vraiment des compétences et de l'humain".
Et alors, est-ce que ça marche ?
Des sourires, des rires, des blagues. Une ambiance loin de celles habituelles des entretiens. Et c'est tout le but. Pouvoir se sentir plus à même de parler franco, et d'y découvrir le côté plus humain et sortir du traditionnel sérieux des entretiens.
Mais ces rires ne signifient pas pour autant que ces entretiens ne sont pas pris au sérieux. Au contraire, les candidats, attentifs à la présentation des recruteurs, posent de nombreuses questions. Florian, a passé son permis Poids lourd il y a un mois et cherche aujourd'hui un emploi dans le transport. Pour lui, cette démarche est moins stressante et permet d'être plus serein. "Je suis en reconversion donc j'ai moins d'expérience qu'un autre pourrait avoir, alors ça met toujours un peu de pression en entretien, là, je le sens moins".
Thierry aussi cherche un emploi depuis 3 ans. Lui, connaît bien le secteur du transport et est habitué des entretiens plus classiques en entreprise. Il apprécie le fait de ne pas se retrouver seul en face-à-face avec le recruteur et se sent plus libre de poser ses questions. "Là, on est plusieurs, on peut poser plusieurs questions et il y en a auxquelles je n'avais pas forcément pensées et que les autres posent". De plus, le fait d'en apprendre davantage sur la structure peut être plus rassurant. " Au moins, on sait à quoi s'en tenir si jamais ils veulent nous embaucher, c'est plus transparent et on sait où on va mettre les pieds.".
Des métiers encore trop stéréotypés
Nolwenn, 24 ans était la seule femme candidate du job dating. En reconversion, après avoir essayé plusieurs secteurs comme l'aide à la personne, le commerce ou le service, aujourd'hui, elle sait désormais quelle voix elle veut emprunter. "Je sais que je veux être sur la route, le côté d'être seule, isolée et de savoir ce qu'on doit faire". Mais lors des entretiens, Nolwenn avoue parfois avec des questions et remarques sexistes ou stéréotypées sur son profil. "On m'a demandé par exemple si je me sentais dans le port des charges lourdes. C'est évident que si je postule, je ne me lance pas dedans sans savoir ce qui m'attend, je connais les missions."
"C'est vrai que là au moins on peut les mettre au pied du mur".
Ici, pas ce genre de question. Ce qu'elle apprécie. Et elle ose même lancer des questions, dit "taboo" lors des entretiens. "J'ai pu leur demander qu'est-ce qui me ferait choisir votre entreprise au lieu de celle d'à côté étant donné que vous faites quasiment la même chose", nous confie la jeune femme. En entretien, elle n'oserait pas aborder ce genre de sujet comme "sur les salaires, les avantages et les contraintes.".
Un secteur en difficulté de recrutement
Des tensions, il y en a. Notamment sur le secteur du BTP, le service à la personne, l'hôtellerie restauration et le transport. C'est ce que nous expliquait Sanae Nour, responsable d'équipe à Pôle emploi du Puy-en-Velay. Le Covid a forcément fait des dégâts, mais ce n'est pas forcément la seule raison. "Le Covid a bon dos". Pour Sanae Nour, la vraie raison de ces tensions serait surtout " les entreprises, ont baissé leurs critères d’embauche, les gens recherchent davantage le bien-être au travail et des métiers moins physiques".
Coté chiffres, les offres d'emploi dans ce secteur ont fortement augmenté en un an. 28.6 % en plus par rapport à l'année dernière en janvier 2023 sur la Haute-Loire, 22.1% dans la Région. Les recrutements aussi sont en hausse : +18.5 % sur le département, +6.1 % au niveau régional.
Parmi les recruteurs qui peinent à recruter, Etienne Gasquet, directeur de la société GEL 43, dans le transport des produits alimentaires pour la restauration, présentait son entreprise. Il explique être dans "une recherche active" particulièrement depuis ces derniers mois. "Ce sont des métiers assez en tension depuis plusieurs mois, beaucoup cherchent leur voie et se reconvertissent".
Alors pour lui, ce concept est donc une vraie aubaine. "Ça permet de toucher beaucoup plus de monde, c'est plus ciblé et plus humain." Durant 25 minutes, donc, il peut échanger avec les candidats et avoir une vraie interaction avec eux, beaucoup plus décomplexé. "Il faut trouver le candidat qui a le bon profil pour l'entreprise et on cherche plus un humain, que des compétences, car on peut toujours se former."
Un autre job dating original et décalé sera organisé fin juin prochain par Pôle Emploi : Stade vers l'emploi, un challenge sportif, mené par le club d'Athlétisme, où se mélangeront employeurs et candidats sans étiquette autour d'activités de plein air.