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Pralhac à Loudes : les odeurs de la discorde
Depuis la fin septembre 2021, le petit village de Pralhac, dans la commune de Loudes, baigne dans une atmosphère nauséabonde. En cause ? Les liquides qui s’échappent d’un récent lagunage mis en œuvre par la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay.
Pralhac. Sa centaine d’habitants. Ses nouveaux couples fraîchement installés avec leurs jeunes enfants. Son imprenable horizon sur le bassin ponot. Et son odeur pestilentielle. Depuis environ trois mois, les villageois subissent des relents insoutenables provenant d’une conduite construite durant l’été 2021 par la Communauté d’Agglomération du Puy. Depuis sa mise en service début octobre, des effluves indéfinissables, mélange de putréfaction, de renfermé, d’eau croupie et d’œuf pourri, recouvrent ce morceau de Loudes dans une conque insupportable. Excédés, les habitants ont souhaité interpeller l’opinion publique afin de mettre en exergue le problème.
« On sait que cette odeur est liée au lagunage car nous n’avions pas ces soucis avant sa mise en service. Ce dispositif a clairement été fait dans l’urgence. Mais soyez sûrs que nous nous battrons jusqu’au bout pour avoir des réponses notamment de la part de la Com d’Agglo ! » Un habitant de Pralhac
« Nous avons donc décidé, dans un premier temps, de porter plainte »
« Ce lagunage reçoit les déjections de plusieurs entreprises de la zone de Chaspuzac et il semblerait que certaines entreprises n’aient pas pris les dispositions nécessaires aux traitements de leurs effluents polluants et soient donc à l’origine de cette puanteur, martèle le collectif des Amis de Pralhac. Nous avons donc décidé, dans un premier temps, de porter plainte pour confirmer l’origine des nuisances en invitant la municipalité à les suivre dans cette démarche ».
Remontés, ils ont d’eux-mêmes et avec leurs propres deniers, entrepris un prélèvement en sortie du lagunage pour faire analyser les liquides par un laboratoire. Ces eaux, dont le parfum soulève effectivement le cœur, s’échappent d’une conduite enterrée et terminent dans le ruisseau du Say, petit cours d’eau qui longe Pralhac.
Témoignages des quatre entreprises de Chaspuzac montrées du doigt par le collectif de Pralhac
La rédaction de Zoomdici a contacté les 4 entreprises à savoir Sabarot Wassner, La Maroquinerie, Les Transports Girard et la Librairie Laïque. Toutes ont bien certifié être reliées au lagunage en question.
Les Transports Girard : "Les eaux qui proviennent de notre entreprise et qui sont déversées dans cette conduite sont le surplus des eaux de pluie lorsque que notre propre réseau est saturé, assure le patron de la structure. Nous n'effectuons aucune production et donc aucun rejet de produits chimiques ou autres."
La Librairie Laïque : "Nous utilisons bien ce lagunage mais uniquement pour les eaux de pluie, assure une employée de l'entreprise. Comme les habitants de Pralhac, nous avons constaté une odeur étrange et désagréable sur la zone. Par contre, nous n'en connaissons absolument pas l'origine".
La Maroquinerie : "Les colles et les teintes sont toutes traitées par l'entreprise Vacher, explique le responsable de la maintenance. Pour le reste, nous n'avons aucun rejet d'effluents industriels. Nous déversons simplement tout ce qui est sujet au rejet sanitaire. Nos process sur le sujet se doivent d'être irréprochables, non seulement pour respecter les normes en vigueur mais également pour maintenir l'image du groupe à lequel nous appartenons. Et nous sommes extrêmement vigilants par rapport à cette image-là !"
Sabarot Wassner : "Nos rejets, qui sont de l'eau et du végétal, ont bien entendu été scrupuleusement prétraités avant d'être déversés, souligne une employée. Sur ce point, nous avons signé une convention de rejet avec la Communauté d'Agglomération du Puy-en-Velay. Les contrôles sont stricts et réguliers. Ils sont irréprochables. Nous sommes également dans un programme de RSE (c'est une contribution des entreprises aux enjeux du développement durable, Ndlr). Par rapport au problème de Pralhac, nous sommes au courant. Des discussions sont en cours avec l'Agglo pour connaitre la source du problème et trouver des solutions adaptées. Bientôt, d'autres entreprises vont s'installer dans la nouvelle zone d'activité côté Loudes. Elles seront elles-aussi reliées à ce lagunage. En tous cas, l'entreprise de Sabarot Wassner est ouverte aux discussions avec qui que ce soit".
Le mot du maire de Loudes, Laurent Barbalat
"Je ne veux stigmatiser personne et je souhaite avant tout le bien-être des habitants de Loudes et du village de Pralhac. Mais, sur l'enquête publique effectuée en 2017, il était bien mentionné que les entreprises de Chaspuzac puissent être reliées au lagunage en question. Cela n'empêche pas de rechercher la cause des désagréments".
Il ajoute : "Je pense que ces odeurs sont dues au fait que les rejets sont très récents. Dans quelque temps, il faut espérer que ça s'atténue progressivement".
« Ce sont quatre entreprises de la commune de Chaspuzac qui utilisent ce lagunage »
Pourquoi le sentiment de trahison est-il principalement évoqué par les habitants ? « Parce qu’à l’origine, il nous avait été dit que ce lagunage était destiné à l’extension de la Zone d’Activité et les entreprises qui s’y installeraient, explique l’un d’eux. Cette nouvelle zone est prévue à proximité du village de Pralhac, dans la commune de Loudes. Elle n’est toujours pas construite. Or, actuellement, ce sont quatre entreprises de la commune de Chaspuzac qui utilisent ce lagunage. Ce n’est absolument pas ce qui avait été programmé à la base. D’autre part, nous nous inquiétons fortement pour le devenir de notre village si le lagunage est emprunté par celles de Chaspuzac et les futures installations dans l’extension de Loudes ! »
D’après un deuxième habitant, les rejets qui s’écoulent dans le dispositif appartiennent aux Transports Girard, à la Librairie Laïque, à la Maroquinerie et à Sabarot Wassner. Toutes les quatre sont implantées de l’autre côté de la route départementale 906 qui marque la frontière entre les deux communes.
« Cette odeur semble de la matière pourrie. Lorsqu’il fait un peu plus chaud qu’aujourd’hui (2 degrés au moment du reportage) et que le débit est plus fort, c’est insoutenable. Les voisins les plus proches vivent à 150 mètres du lagunage. Jour et nuit, l’intérieur de leur maison est imprégné de ces relents. Personne ne peut vivre avec ça. Personne ». Un habitant de Pralhac
"L'Agglo suit l'affaire de très près"
Contacté, Michel Begon, membre du bureau délégué aux Zones d'Activités à la Com d'Agglo, assure : "L'Agglo suit l'affaire de très près. Dès que nous aurons des réponses, nous les communiquerons aussitôt".
Il précise également : "Contrairement à ce que ces habitants de Pralhac disent, ce lagunage était aussi prévu pour les entreprises de Chaspuzac en question. Il n'y a rien à dire là-dessus".
« Sont-ils passés par une station d’épuration ? Ont-ils été adjoints de produits chimiques ? On ne sait rien »
« Nous nous heurtons au silence de la Communauté d’Agglomération pour savoir d’où vient précisément le problème, se désole un habitant. C’est elle, le maître d’ouvrage. C’est à elle de nous éclairer. »
Outre la source des odeurs, les Amis de Pralhac se questionnent sur le traitement des rejets décriés. « Nous n’avons aucune information concernant la section en amont de ces liquides. Sont-ils passés par une station d’épuration ? Ont-ils été adjoints de produits chimiques ? Ces rejets vont directement dans le Say. Est-il à présent pollué ? On ne sait rien. Les prélèvements que nous effectuons nous donneront peut-être des éléments de réponses ».
Il mentionne également qu’en contre-bas du ruisseau est implanté le terrain de foot. Cet espace est arrosé par l’eau du Say avec un système de pompe. « Si le ruisseau comporte l’odeur du lagunage, il sera très compliqué pour les joueurs d’utiliser le terrain de jeu ! »
« Pralhac supporte à lui tout seul bien trop de désagréments »
Pralhac. Son lagunage. Ses effluves d’étrons. Et son futur parc photovoltaïque. « Nos parents et même nos grand-parents se sont battus, en vain, contre l’implantation de l’aérodrome, confie encore un habitant. Aujourd’hui, nous nous battons contre les conséquences de ce lagunage qui pue. Et demain, nous allons avoir des hectares de champs recouverts de panneaux photovoltaïques à quelques mètres de notre village ». Il termine en déplorant : « Cela suffit. Pralhac supporte à lui tout seul bien trop de désagréments de l’évolution de la société ! ».
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4 commentaires
Deux propositions , en fait deux fois la même, pas très politiquement correctes mais il faut souvent en arriver la pour que les choses bougent.
A ce stade là, autant accepter le crématorium !
Il serait judicieux qu'un agriculteur courageux aille pomper ce liquide nauséabond à l'aide d'un épandeur à lisier et ensuite arroser la pelouse de ces chers decideurs de l'Agglo...histoire qu'ils en profitent aussi..!!
Un conseil ! Si ces effluves sont si nauséabondes, prélevez en des quantités suffisantes et allez les déposer près des domiciles d'élus et des sociétés qui déversent leurs rejets dans ce collecteur ! Ça risque de bouger assez vite !