« À Pralhac ? On cultive des panneaux photovoltaïques ! »

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 17/04/2023 à 06:00

Derrière cette citation au 1er plan humoristique se cache un condensé de colère et d’amertume. Une partie des habitants de Pralhac, commune de Loudes, se dresse une fois de plus contre un projet « aussi gigantesque que destructeur », d’après eux.

Après s’être battus contre le tristement célèbre lagunage de Pralhac en 2022, lagune qui a fait couler autant de pollution organique que d’encre dans les médias, les voila repartis pour une autre bataille d’une envergure plus grande encore. Un champs de panneaux photovoltaïques est en projet d’implantation sur une surface de 15 hectares coincé entre l’aérodrome de Loudes et le petit village de Pralhac.

« C’est quoi déjà, le slogan de la municipalité ? « Bien vivre à Loudes » ! »

« Nous n’en pouvons plus !, partagent certains d’entre eux lors d’une réunion organisée à l’assemblée du hameau ce dimanche 16 avril. Notre paisible village devient depuis trois ans un réceptacle de projets aberrants ou de réalisations destructrices ».

Ils ajoutent, narquois : « C’est quoi déjà, le slogan de la municipalité ? « Bien vivre à Loudes » ! Facile pour le maire d’encourager ces panneaux solaires quand il sait qu’il ne les aura pas sous le nez ! »

« Ils ont subi beaucoup de choses notamment à cause de la très mauvaise gestion du lagunage de Pralhac » Le Maire de Loudes

Nous avons contacté Laurent Barbalat, maire de Loudes, pour s'exprimer à son tour sur le sujet : « Je n'ai pas dis que j'étais pour le projet mais que je n'étais pas contre, nuance-t-il. D'ailleurs, par solidarité avec les habitants concernés, je ne me suis pas positionné sur l'enquête publique ». Il rappelle d'ailleurs que cette centrale était déjà dans les tuyaux (en 2019) avant son investiture en mairie de Loudes en 2020.

À la question de savoir s'il comprend la colère des habitants, il répond : « Bien entendu ! Ils ont subi beaucoup de choses notamment à cause de la très mauvaise gestion du lagunage de Pralhac par la Communauté d'Agglomération du Puy. Cette accumulation de dysfonctionnements et d'inconsidération a rendu les habitants de Pralhac méfiants. Et c'est tout à fait compréhensible ».

« Cette centrale photovoltaïque est réalisée, selon le dossier de l’enquête publique, pour pallier le déficit qu’accuse l’aérodrome de Loudes. Ce n’est qu’un pansement pour cette structure, un pansement qui va durer des décennies. Et une verrue hallucinante qui va durer tout autant pour nous, les habitants de Pralhac ».

« Une association spécialement conçue pour se battre contre EDF Renouvelable »

L’enquête publique a débuté le 6 mars pour se terminer un mois après. Remontés, les habitants comptent alors bien utiliser tous les outils légaux à leur disposition pour s’opposer à la création de cette centrale d’une puissance de 10.47 mégawatts.

Pour cela, ils interpellent le Préfet de la Haute-Loire à travers un courrier en anticipation du rapport du commissaire enquêteur. « La prochaine étape sera la création d’une association spécialement conçue pour se battre contre EDF Renouvelable et tous les acteurs concernés », ragent-ils très motivés.

Le village de Pralhac a l’honneur « d’avoir été choisi » pour recevoir un projet de panneaux photovoltaïques, sur toute sa longueur en bordure de la limite de l’aérodrome. Ceux-ci mesureront 1m au point le plus bas, pour arriver à une hauteur maximale de 3m10 au point le plus haut, avec une envergure de 2m par panneau.

Par ce courrier commun, le collectif des habitants de Pralhac vous fait part de l’inquiétude d’une grande majorité de la population et donc de nos remarques concernant votre implantation :

  • EDF Renouvelable nous annonce un projet environnemental de développement durable, or le projet de parc solaire n'est pas un projet de développement durable (qui doit tenir compte des ressources naturelles) puisque plus d'un kilomètre de haies et murets (habitats d'oiseaux et petits mammifères comme l'hermine) ont été enlevés par le syndicat de l'aérodrome durant l'hiver 2019, les murets ayant servis à l’empierrement de la piste périphérique. Voir la photo jointe des travaux pour mémoire. L’étude environnement d’EDF Renouvelable est à ce titre complètement biaisée et donc incomplète.
     
  • L’éthique d’Edf renouvelable est de ne pas installer de panneaux sur des terres agricoles et des milieux naturels, or ce sont 17ha de prairies naturelles pâturées ou fauchées qui vont être condamnées, notamment des prairies naturelles à fortes valeurs environnementales (plantes, oiseaux...). Le Cadre Départemental pour le Développement des Centrales Solaires au sol fixe les principes suivants : « Les sites ou terrains dégradés, anthropisés et artificialisés constituent des emplacements privilégiés. Sont à proscrire les installations sur des terres agricoles, les espaces boisés et les sites naturels ».
     
  • Le projet de parc solaire n'est pas un projet partagé avec les riverains, car il n'est pas participatif : possibilité de déterminer les emplacements, la taille, participer au financement pour escompter un retour financier en compensation de la gêne et de la perte de paysage, de la biodiversité, voir bénéficier de l'électricité à moindre coût, etc...
     
  • Nous n'avons aucune garantie que la compensation agricole aille à la commune de Loudes alors qu’elle est concernée à 80% par cette installation. Nous sommes opposés à ce qu’elle parte hors de Loudes. Quelle compensation également pour les riverains directs du projet ?
     
  • Ce projet n'est en rien vertueux ! A l’heure où la convention citoyenne pour le climat nous informe que les trajets de moins de 2 heures d’avion doivent cesser afin de trouver des moyens moins polluants, il est déplacé de vouloir financer la ligne Le Puy-Paris polluante par un projet d’énergie propre.
     
  • Lors de son dernier rapport, la Cours des Comptes Régionale nous indique que l’aérodrome est déficitaire, il n’est donc nullement nécessaire de partiellement le financer.
     
  • La haie promise pour cacher les panneaux mettra bien 15 années à pousser tant le sol est maigre et les conditions hydriques extrêmes sur le plateau et ne cacheront jamais les panneaux à 3m50 du sol. Comme les terrains sont pentus et le dénivelé aidant, la hauteur maximale devrait dépasser les 8m au point le plus haut du terrain et des panneaux. Quelle haie peut cacher cela ?
     
  • Le projet assure une gêne notable et peut contribuer à la dévalorisation des biens immobiliers sur Pralhac durant les 30 prochaines années. Pralhac est un village constitué de 95% de propriétaires vivant dans leur construction ou rénovation. Nous sommes donc un village de propriétaires, chaque maison a demandé un budget conséquent aux projets de chacun, et nous sommes très attachés à la tranquillité et la beauté de notre village. Aux beaux jours, ce sont nombre de marcheurs qui prennent plaisir à randonner par chez nous et profitent de nos magnifiques paysages. Les maisons en vente sont très prisées et trouvent acquéreurs très rapidement. Nous n’avons aucune envie de perdre toutes ces valeurs. Personne ne vient admirer des panneaux photovoltaïques.
     
  • Nous sommes également très inquiets sur les ondes que cela va générer, qu’en est-il de la santé des habitants ? Edf renouvelable n’a pu répondre à cette question qui est à notre sens primordiale car notre combat sera celui de nos enfants. Quelles terres allons-nous leur laisser ? Quelle qualité de vie allons-nous découvrir avec cette installation ? Les habitants souhaitent la mise à disposition d’une étude officielle démontrant l’absence d’effets négatifs ou présentant les risques sur leur santé face aux champs électromagnétiques des nombreux onduleurs.
     
  • Votre installation, c’est la fin de tout projet touristique pour notre village car personne ne monte de projet à proximité de ces montagnes noires de panneaux réfléchissants.
     
  • Vous décidez d’installer des panneaux dans nos belles campagnes alors que dans les villes, l’ensemble des toitures des supermarchés et des grosses entreprises et industries ne sont pas couvertes. Il en est de même pour l’ensemble des parkings, où là, votre projet devient intéressant car il offre un abri pour les véhicules, aussi bien pour la pluie, la neige, la grêle et le soleil. Votre réponse à cette remarque est de dire que ce n’est pas suffisant, mais notre remarque est de vous faire comprendre que pour le moment, quasiment rien n’est fait de ce côté-là. Alors avant de venir envahir nos campagnes et détruire nos paysages, commençons par nous occuper d’équiper tout ce qui peut l’être dans les villes, et une fois que cela sera fait, vous pourrez venir nous dire que ce n’est pas suffisant et vous étendre dans les campagnes. Encore une fois, comme pour beaucoup de projets, on prend les choses à l’envers.
     
  • Les habitants sont inquiets de l’impact sur leur qualité de vie durant toute la durée des travaux, désagréments rajoutés à toutes les nuisances que nous subissons au fur et à mesure que la zone artisanale de La Combe s’étend (lagunages, nouvelles entreprises, pollution avérée du ruisseau du Say,...). Nous attirons également votre attention sur le fait que nos enfants jouent dans le village et ce trafic important représente un danger potentiel supplémentaire pour eux.
     
  • Certaines maisons du village se retrouvent très facilement inondées et nous sommes très inquiet de la destruction possible des drains existants et/ou de l’aggravation de ce phénomène lors des fortes pluies et des tempêtes qui sont de plus en plus destructrices chaque jour.

Ce type de projet devrait ouvrir le droit à une compensation financière pour le village, mais celle-ci est inexistante. Nous ne récoltons que les désagréments de ce projet en conséquence de quoi nous nous y opposons formellement.

« Et il vaut certainement mieux ça qu'une centrale nucléaire »

« Nous ne sommes pas contre les panneaux photovoltaïques, précisent-ils. Mais pourquoi ne pas d’abord équiper tous les toits des villes, les parkings et les grandes surfaces à l’instar de Géant Casino, et tous les grands bâtiments ? »

Ils continuent : « Nous n’avons pas choisi de nous installer à la campagne pour vivre à côté de centaines de miroirs ! » En nouveau clin d’œil au slogan de Loudes, ils soufflent : « Nous aussi nous voulons bien vivre à Pralhac ».

Laurent Barbalat, quant à lui, semble divisé entre deux sentiments : « Je partage totalement leurs arguments sur le fait de recouvrir d'abord les toitures des immeubles et des structures implantés en ville avant les campagnes. Mais il faut de toute façon aller tous ensemble vers une production énergétique écologique. Et il vaut certainement mieux ça qu'une centrale nucléaire à la place ». 

« Nous tenons à dire que notre fronde ne se dirige pas contre la future installation de l’entreprise Trescartes (qui a acheté à priori 8 hectares de surface sur la zone, Ndlr). Ce n’est que contre le projet d’EDF que nous nous dressons très fortement »

« Il faut que nous soyons tous ensemble dans cette bataille. Il faut se battre avec le plus grand nombre ! »

Des visages sombres, timides ou brûlants dans la petite assemblée du village, des mots sortent, trempés dans l’émotion et l’incompréhension. « Ils nous emmerdent avec telles ou telles couleurs à appliquer sur nos volets et il faudrait qu'on accepte un projet aussi gigantesque que destructeur ! »

Après leur victoire sur l’affaire du lagunage qui a opposé la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay, l’entreprise Sabarot et le collectif de Pralhac, ces derniers déterrent une nouvelle fois la hache de guerre : « Il faut que nous soyons tous ensemble dans cette bataille. Il faut se battre avec le plus grand nombre ! Les gens de Pralhac mais aussi ceux de Loudes et tous les villages de la commune ! »

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Vos commentaires

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7 commentaires

mar 18/04/2023 - 20:29

hm 18/04/2023 20h25: Dans une commune quand il y a plusieurs gros projets dérangeants ou des pollutions, il vaut mieux vendre et aller vivre ailleurs au lieu de se pourrir le quotidien et se ruiner la santé car c'est le pot de terre contre le pot de fer!. Les destructeurs de la nature sont très puissants et puis il y a beaucoup de fric en jeu avec tous les travers que ça engendre.

mar 18/04/2023 - 03:34

Les opposants sont critiqués par certains : ceux qui ne seront pas dérangés !

lun 17/04/2023 - 17:55

Peu de commentateurs lisent les articles correctement et en entier! L'idée des "opposants" est en effet de poser des panneaux EN PRIORITE sur les parkings, les toitures des zones commerciales et tous les nouveaux bâtiments de l'hideuse zone artisanale proche de Loudes! Ce serait logique et cohérent MAIS il s'agit comme les éoliennes de se faire de l'argent avant tout! On se demande même s'il existe une réelle réflexion sur l'aménagement du territoire!

 

lun 17/04/2023 - 15:39

Equipons d’abord tous les toits des grandes surfaces, bâtiments publics, immeubles, parkings, en ville et à la campagne. Une fois cela fait, il doit être interdit de mettre 15ha de panneaux photovoltaiques sur des terres agricoles ce qui est le cas ici : prairies pâturées ou fauchées.Il faut associer production d’énergie et agricole  : offrir l'ombre, limiter l’évaporation, garder la chaleur en hiver, aux cultures / animaux afin de les protéger du froid, de la grêle, tout en assurant la production d'électricité : l’agrivoltaïsme. Les centrales photovoltaïques de ce type sur des terres agricoles se multiplient dans la vallée du Rhône. Lire qu’un km de haies et murets ont déjà été détruits est honteux. D'accord avec ce collectif et cela nous concerne tous

lun 17/04/2023 - 15:36

Certains ne doivent pas bien lire, les habitants de Pralhac proposent des alternatives, mettre les panneaux sur les parkings de la zone ou même des bâtiments de l'aérodrome avant de prendre 15 hectares agricoles sous le nez de Pralhac. Pourquoi pas le long de la route?. Je comprends leur colère contrairement aux autres commentaires, mettre ce qu'on veut chez les autres.Un certain J.Michel est expert pour ça,qu'il commence à mettre la retenue d'eau, les panneaux ,dans le pré devant chez lui, au lieu d'une belle avenue avec des dos d'àne, après on envisagera ailleurs...

lun 17/04/2023 - 09:52

Donc on résume : pas de panneaux solaires, pas d'eoliens, plus de centrales, pas de barrages, pas de crématorium. AU LIEU DE VOUS OPOSER PROPOSEZ UNE ALTERNATIVE ......

lun 17/04/2023 - 06:27

Nous devons être tous acteurs de la transition écologique en plus c'est un terrain non constructible alors faut y aller il y aura toujours des opposants !

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
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