Piéton renversé au Puy : une décision en février

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:38

L’accident avait choqué en juin 2015. Un homme de 67 ans avait été renversé par une Renault Mégane, circulant à vive allure, conduite par une jeune femme de 18 ans. Le piéton traversait sur un passage protégé du faubourg Saint-Jean, au Puy-en-Velay, en compagnie de deux amis. L’homme, un habitant du quartier, avait été projeté à une trentaine de mètres du lieu du choc. Malgré l’action des services de secours, il avait succombé à ses blessures. La jeune femme s'est présentée devant le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay ce mardi 19 janvier 2016.

Une vitesse excessive
La jeune conductrice, aujourd'hui enceinte, revenait de Chadrac. Un témoin, qui la suivait en voiture, a confirmé la thèse de la vitesse excessive: "Je voyais la voiture s'éloigner très vite de moi". "Comment peut-on rouler aussi vite en ville ?", interroge le président du tribunal, André-Frédéric Delay, conscient que le permis de l'intéressée date de janvier 2015, soit cinq mois plus tôt à peine. "Je ne m'en suis pas rendu compte, répond-elle simplement avant de lâcher, C'est dur de vivre avec ça."

"Les passages piétons ne sont pas faits pour les chiens"
La victime et deux amis sortaient d'un restaurant du faubourg Saint-Jean pour se rendre dans un bar. L'homme de 67 ans a préféré traverser sur le passage piéton. "Ils ne sont pas faits pour les chiens", avait-il lancé. L'un des amis témoigne : "Il a dit 'Oh celle-là, elle roule vite', il a levé la main pour bien signaler sa présence et la voiture l'a percuté. Son corps est monté à plusieurs mètres de haut. Elle l'a percuté de plein fouet, je ne comprends pas pourquoi elle ne l'a pas évité". Pourtant la conductrice a essayé d'après ses dires. Le piéton aurait pris peur et aurait reculé en la voyant arriver. "Aucune trace de freinage n'a été constatée", note le président. A la barre, la conductrice est sur la défensive : "Je l'ai vu quand j'allais le percuter".

----Une marche blanche avait suivi le drame avec la participation de près de 200 personnes. La mairie avait sollicité la préfecture pour l’implantation d’un radar automatique fixe, comme l’avaient proposé les riverains, sur le modèle de celui de l’avenue Maréchal Foch.-----Une attitude qui ne plaît pas
"Je trouve que vous ne manquez pas d'aplomb, vous êtes bien sûre de vous", pointe le président du tribunal. Le ministère public suspecte l'automobiliste d'avoir voulu passer à tout prix. Face à une réflexion de la jeune femme, il coupe : "Excusez le tribunal de vouloir expliquer pourquoi un homme est mort". La jeune femme laisse échapper quelques larmes. Agacée par l'absence d'excuse, Me Isabelle Labarthe-Lenhof, pour les parties civiles, plaide : "Cet accident, c'est à cause d'un peu d'orgueil mal placé, pendant une demi-seconde certes, mais qui a été fatal". Pour la défense, il y a également une part d'imprudence de la part du piéton, qui a vu arriver la voiture, mais qui a continué sa route.

En délibéré
"Il y a tellement d'erreurs qu'on pourrait croire à un homicide volontaire", regrette Jacques Louvier, procureur de la République du Puy. Il demande 18 mois d'emprisonnement dont 12 avec sursis, l'annulation du permis de conduire et l'interdiction de le repasser pendant deux ans. Le dossier a été mis en délibéré jusqu'au 2 février. La jeune femme a finalement choisi de s'excuser avant la suspension d'audience.

Emma Jouve

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