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Patrimoine : le Moulinage des Mazeaux récompensé
Soutenue par la plateforme de location immobilière Airbnb, la Fondation du Patrimoine récompense 33 lauréats dans toute la France pour soutenir des projets de rénovations de bâtiments historiques en zone rurale. Parmi les 33 vainqueurs, un lieu en Haute-Loire, le Moulinage des Mazeaux, à Tence.
C'est une part de l'Histoire des Altiligériens qui espère se sauver grâce à cette récompense. Le moulinage, proche de Tence, dans le village des Mazeaux, a fonctionné de 1870 à 1990, transmis de père en fils. Aujourd'hui, on pourrait croire que l'activité s'est arrêtée hier, mais la roue à eau ne tourne plus, sur le Mazeaux, le petit ruisseau qui a permis la création de ce lieu, ainsi que le nom du village bien entendu.
Une histoire de famille
L'ancienne usine appartient désormais à Gilles Grand et à sa sœur Agnès Giraud. Ils sont appuyés dans leur combat par leurs époux respectifs, Christine Grand et Philippe Giraud. "On a longtemps essayé de le vendre, en vain. Notre volonté, c'est de restaurer et de faire vivre ce bâtiment qui fait partie de la mémoire sociétale du coin. De faire découvrir la mémoire industrielle des nombreuses femmes qui travaillaient dans ce lieu", explique Gilles. "C'est un très bel héritage, mais c'est assez difficile à gérer, pour faire les choses correctement, il faudrait être millionnaire", plaisante Christine.
"Ce ne sont pas que des vieilles pierres, c'est une part de l'identité locale"
À l'époque, l'usine des Mazeaux servait pour travailler la soie naturelle. Alimentée par une roue à augets qui puisait sa force dans le ruisseau, l'entreprise était spécialisée dans le moulinage de la soie. "Une étape capitale, à la base de tout, mais trop méconnue" précise Christine. "La soie était amenée ici par les grandes entreprises de soie lyonnaise, pour être moulinée avant d'être rapatriée à Lyon."
Qu'est-ce que le moulinage ?
Il y a quatre étapes pour fabriquer une étoffe de tissu à l'époque. La filature, le moulinage, la teinture et le tissage. Le moulinage consistait à tordre sur lui-même un fil textile plusieurs fois, grâce à un moulin. Ce traitement permettait d'augmenter la résistance et modifiait l'aspect du fil, avec des différences en fonction de l'usage futur de la soie.
Les propriétaires tentent de raviver la mémoire de cette activité locale, notamment lors des journées du patrimoine. "On a la chance d'avoir les machines pour travailler la soie en très bon état à l'intérieur, c'est un endroit unique. Nous voulons pouvoir accueillir du public, pour en faire un lieu de mémoire. Ce ne sont pas que des vieilles pierres, c'est une part de l'identité locale", explique Gilles Grand.
Un chantier colossal
Mais pour atteindre ce but de restauration, la route est encore longue. "Nous devions absolument restaurer les toitures. Donc, il y a 300 mètres carrés de toiture en lauzes, qu'on refait à l'identique (la lauze est une roche utilisée à l'époque pour la couverture des toitures). Mais il y a également 470 mètres carrés en tuile d'époque à refaire, ainsi qu'un traitement contre les vrillettes, des insectes qui attaquent le bois des charpentes", énumère le propriétaire des lieux. Pour cela, le Moulinage des Mazeaux a reçu du soutien récemment. En 2022, l'édifice a été sélectionné par la Mission Bern, notamment pour les travaux des toitures.
Avec les 20 000 euros accordés par la Fondation du Patrimoine 2023, le toit va pouvoir retrouver une seconde jeunesse. "Les charpentiers doivent venir après l'hiver, en avril 2024. Ces soutiens sont vraiment une bonne surprise pour nous mais, on ne couvre pas les frais, le total du coût du toit s'élève à 210 000 euros", admet Gilles. Étant un bien privé, les propriétaires n'ont pas le droit à beaucoup d'aide, aucune de la mairie ou la communauté de communes. "Le Département de la Haute-Loire nous a aidés pour le toit, c'était un enjeu, pour ne pas perdre le visage typique du pays, comme on refait les toits à l'identique, comme à l'époque", remercie le propriétaire.
Et puis il y aura la roue
Mais une fois le toit réparé, Gilles et sa famille ne compte pas s'arrêter là. "Notre deuxième projet, c'est de restaurer la roue à eau du site, l'âme de l'usine. Le canal et le droit d'eau nous appartiennent, donc on veut qu'elle puisse tourner à nouveau, cela fera vivre le lieu et pourra montrer comment cela fonctionnait." Encore un lourd projet pour retaper cette vénérable dame de six mètres de haut, qui date de 1899. Mais Christine a une idée : "Il nous manque encore de l'argent, mais on pourrait peut-être investir des étudiants en chaudronnerie dans l'opération, c'est une pièce unique et ils pourraient nous être d'une grande aide".
Pour se renseigner sur le Moulinage des Mazeaux, n'hésitez pas à visiter leur page Facebook.
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