Opération toute en symboles de la Confédération paysanne

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 11/12/2024 à 04:00

Ce mardi 10 décembre, la bannière jaune de la « Conf » paysanne a flotté dans le vent froid de la zone d’activité de Saint-Germain-Laprade. Devant le concessionnaire de la marque allemande Mercedes, les agriculteurs ont souligné les effets mortifères des traités du libre échange sur les paysans français.  

« Nous sommes venus ici, au milieu de la zone qui réunit tous les concessionnaires automobiles, pour dénoncer l'accord voitures contre nourriture ». Marie-Lise Brice, porte-parole de la confédération paysanne et éleveuse bovin lait à côté de Craponne-sur-Arzon, explique les raisons de leur mobilisation pacifique.

« Nous reprochons au Mercosur la même chose qu'aux autres accords de libre échange. C'est-à-dire ce principe qui détruit depuis 30 ans l’agriculture et les paysans du monde entier ».

Les tracteurs de la "Conf" ont parcouru quelques kilomètres pour se poser devant Mercedes.
Les tracteurs de la "Conf" ont parcouru quelques kilomètres pour se poser devant Mercedes. Photo par Nicolas Defay

« L’idée est quand même d'importer de l'alimentation à bas coût et de qualité médiocre »

Partis du Moulin de Barrette à Blavozy aux alentours de 10 h 30, cinq tracteurs, une cinquantaine de personnes et un vingtaine de brebis, ont rejoint la ZA saint-germinoise. Ils se sont positionnés ensuite devant l’enceinte des véhicules Mercedes, sans véritablement gêner la circulation routière.

« À propos du Mercosur, effectivement, ce traité va servir certains commerces comme les exportations des automobiles issues des pays européens, continue Marie-Lise Brice. Mais il va, dans le même temps, tuer l'ensemble des paysans, puisque l'idée est quand même d'importer de l'alimentation à bas coût et de qualité médiocre. Cette dernière va entrer en concurrence directe avec nos productions de meilleure qualité, entourées de normes, et donc plus chères ».

« On ne milite pas pour l'abaissement des normes françaises sur nos produits. Ce qu’il faut, c'est que les produits qui arrivent en France soient soumis aux même règles que les nôtres ». Adrien Gomez

Adrien Gomez et Marie-Lise Brice.
Adrien Gomez et Marie-Lise Brice. Photo par Nicolas Defay

Une concurrence fortement déloyale

Les manifestants ont, sans aucun heurt, pu pénétrer dans l’espace de l’entreprise au logo allemand afin d’y faire paître le troupeau laineux. « Il faut bien comprendre que le libre échange est néfaste pour nous, paysans, à multiples niveaux, ajoute Adrien Gomez, éleveur ovin sur la commune de Vézézoux. Il est néfaste pour notre revenu, parce qu'on nous impose, par ces accords, de devenir aussi compétitifs que des pays qui paient leur main d’œuvre huit à dix fois moins cher que nous. Et il est très néfaste sur un point de vue écologique ».

Il précise : « Aujourd'hui, on parle de réchauffement climatique, un problème planétaire. Alors, produire des marchandises à des dizaines de milliers de kilomètres qu'on est capable, nous, de produire ici, c'est totalement incohérent ! »

Plus que le Mercosur, les traités internationaux commerciaux sont tous conspués.
Plus que le Mercosur, les traités internationaux commerciaux sont tous conspués. Photo par Nicolas Defay

La « Conf » s’insurge de l’omnipotence de l’UE

Au-delà du rejet du Mercosur, la Confédération paysanne demande le retrait de tout mandat à l'Union européenne pour négocier des traités de libre-échange et que ce soit les pays membres, individuellement, qui puissent procéder à ces négociations commerciales. L'accord économique et commercial global, autrement dit le CETA, est également à jeter à la poubelle, pour la « Conf ».

« Et nous souhaitons la mise en place d'outils de régulation pour gérer les prix au sein de notre pays et au sein de l'Europe, souffle aussi Adrien Gomez. Parce que c'est ça qui, demain, permettra de garantir des revenus enfin dignes pour nos paysans ».

Une vingtaine de brebis ont participé à la mobilisation.
Une vingtaine de brebis ont participé à la mobilisation. Photo par Nicolas Defay
Photo par Nicolas Defay
Photo par Nicolas Defay

 

 

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