"1 Bébé, 1 Livre" : opération pour éveiller le langage des nouveau-nés au Puy
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'''Ne mangez jamais une banane à côté d’une ruche...'''
----Pas de panique si vous mangez une banane près de la ruche urbaine du jardin Henri Vinay, derrière la préfecture, sa cheminée permet d’éloigner les abeilles sentinelles de l’odeur de votre banane. Quant à l’étendage du linge, il s’adresse à un autre public, vous l’aurez compris : celui des apiculteurs amateurs, propriétaires de ruches sur leurs terrains.-----Tout d’abord, répondons à la question que vous vous posez sûrement dans l’immédiat : « pourquoi diable ne pas manger de banane ou étendre son linge près d’une ruche ? » Parce que l’odeur de la banane et de certaines lessives s’apparente à celle du venin d’abeilles. Pour les ouvrières dans la ruche, c’est un signal qu’une de leurs congénères a attaqué une menace potentielle. Dans les trois minutes qui suivent, une vingtaine d’abeilles sortiront donc, prêtent à faire usage de leur dard rétractile, quitte à en perdre la vie (une partie de leur abdomen restera attachée au dard, coincé dans l’épiderme). À ce propos, Aurore Treille, de l’entreprise Label Ruche du Velay, livre un autre bon conseil à son auditoire attentif, ce samedi 27 avril 2019, en fin de matinée, au jardin Henri Vinay du Puy-en-Velay : « Pour enlever le dard, ne jamais l’attraper entre le pouce et l’index, ou même avec une pince à épiler, car vous ne feriez qu’appuyer sur cette partie de l’abdomen qui fera office d’entonnoir pour vous injecter encore plus de venin ». De quoi prolonger la douleur de la piqûre de deux à quatre minutes environ. Non, pour l’enlever, mieux vaut utiliser un objet plat et fin, comme une carte bancaire, pour soulever l’ensemble de bas en haut, en biais.
Sur près de deux heures d’explications et d’échanges avec une vingtaine de personnes, dont une poignée d’enfants, Aurore Treille a consacré une première partie à la présentation pédagogique et scientifique de la composition d’une ruche de fabrication humaine. À la question « Ne risque-t-on pas de mettre en danger la survie d’une ruche si l’on récolte son miel ? » l’apicultrice a expliqué que seul l’excédent était récolté, c’est-à-dire le contenu de la « hausse », un niveau ajouté au-dessus de la ruche quand les cadres sont remplis. L’accès à cet « étage supérieur » du logis est réservé aux abeilles ouvrières ; la reine, à l’abdomen plus imposant, ne peut passer la grille qui la sépare de la « hausse » et ne peut donc pas y pondre d’oeufs.
----Que peut-on faire à notre petit niveau ?
Ne pas tondre son gazon dès l’apparition des fleurs.
Ne pas traiter son jardin ou son potager avec des pesticides synthétiques.
Planter des arbres et plantes à fleurs.-----"Savez-vous dans quel pays les abeilles produisent le plus de miel ?"
Après une foule d’informations dans la même veine, Aurore Treille s’est attachée à expliquer en quoi la disparition des abeilles menaçait l’éco-système dans son ensemble à l’échelle planétaire. Ces insectes, qui ont survécu depuis le temps des dinosaures, assurent 80% de la pollinisation des plantes à fleurs. D’après l’INRA, plus d’un tiers de la production mondiale de la nourriture des hommes et des animaux en dépend. D'après Aurore Treille, aux Etats-Unis, les abeilles ont pratiquement disparu. Dans certaines parties de la Chine, c’est déjà le cas. « Là-bas, des femmes et des enfants passent leur temps à gratter les fleurs d’arbre en arbre pour faire le travail de pollinisation des abeilles, il y a même des mini-robots pollinisateurs qui ont été inventés ! », s’étouffe l’apicultrice pour illustrer l’absurdité de la situation. Et de jouer au jeu des devinettes : « Savez-vous dans quel pays les abeilles produisent le plus de miel, et de loin ? À Cuba, car là-bas, les pesticides sont interdits ». Une ruche y donne environ 60kg de miel, quand en France « on fait les fiers lorsqu’on récolte 20kg, mais nos grands-parents nous auraient ri au nez ! » À ce titre, les champs de colza sont une calamité car ils sont rarement libellés « sans pesticides ».
Autre pratique agricole qui fait des ravages d’après Aurore Treille : l’ensilage précoce. À peine l’hiver terminé et les prairies de fleurs apparues que le précieux nectar et l’indispensable pollen sont coupés et retirés de la circulation pour fournir du fourrage au bétail. La déforestation produit les mêmes effets.
Enfin, depuis quelques décennies, les abeilles européennes (car il existe des millions d’espèces d’abeilles dans le monde) sont confrontées à un prédateur auquel elles ne sont adaptées : le frelon asiatique. Importé dans un container, celui-ci se positionne en sur-place devant la ruche. Dès qu’une butineuse sort, le frelon asiatique lui coupe la tête et emporte son abdomen. Les abeilles moins kamikazes restent prostrées à l’intérieur de la ruche, qui périt faute de nourriture. En Asie, les abeilles autochtones ont appris à attaquer le frelon asiatique en masse.
C’est alors que l’apicultrice livre sa recette de piège à frelon : une bouteille plastique découpée au goulot renversé avec 1/3 de sirop, 1/3 de bière et 1/3 de vin blanc (ce dernier n'est pas du tout du goût des abeilles !). Et de conseiller d’ajouter un bâton de quelques mm en travers pour que les insectes plus petits s'en sortent. « Qui doit-on appeler quand on découvre un nid de frelons chez soi ? », demande une participante. « Votre mairie, répond Aurore Treille, elle contactera l’organisme compétent ».
À la fin de l’échange, l’apicultrice s’est excusée d’avoir tenu un discours « qui peut sembler militant, mais c’est la triste réalité ». Elle est toute excusée en ce qui concerne son auditoire du jour.
Annabel Walker
> La 24e Fête des Plantes aura pour thème "Mon jardin nature" les 1er et 2 juin prochains au Château de Chavaniac-Lafayette
> Lire aussi : Un beau jardin 100 % naturel c'est possible (L'opération "Bienvenue dans mon jardin au naturel" revient les 15 et 16 juin 2019, renseignements auprès du CPIE du Velay 04.71.03.01.17)
Cette ruche pédagogique a été installée au jardin Henri Vinay par la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay et décorée par les enfants du Conseil municipal des jeunes en juin 2018.
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