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Musicothérapie : des sourires à la vitesse du son
Chaque vendredi depuis le mois de septembre à l’hôpital Emile-Roux, de brefs concerts aussi beaux qu’originaux se produisent dans les six chambres du service de Néonatalogie. La musicothérapeute Laure Bayon distille sa voix et ses notes aux auditeurs âgés de quelques jours. Plus que de la musique, c’est une bulle de douceur qui caresse tendrement les visages des parents et de leur petit ange.
Océane. Au début, elle semble rester impassible. En même temps, dur pour un être tout neuf d’exprimer ses ressentis, ses émotions, ses peurs ou ses bonheurs. Et plus dur encore si on a décidé de voir le monde plus tôt que prévu comme cette petite princesse, tout de rose vêtue, qui semble si minuscule dans le lit si grand de l’hôpital.
Autour d’Océane, ses parents. Et Laure Bayon. Dans ses mains, un drôle d’instrument, grand comme un livre de poche, et dont le socle en bois supporte une vingtaine de lames en métal. « C’est un kalimba, nous apprend la musicothérapeute. Il a l’avantage de ne faire aucune fausse note et les sons qui en sortent sont doux et cristallins ». Laure Bayon passe ainsi de chambre en chambre, tous les vendredis depuis près de quatre mois, pour proposer une séance de 30 minutes de musicothérapie.
« Un temps où se bousculent des milliers de questions »
« Je vais chercher à ouvrir des canaux de communication entre le bébé, les parents et moi-même, explique cette ancienne professeure des écoles. Et surtout mettre en place une parenthèse de sérénité dans un endroit et un contexte qui ne le sont pas forcément ».
Elle souligne : « Dès l’instant où l’enfant vient au monde et surtout si c’est un prématuré, le temps est en suspend. Un temps de stress. Un temps où se bousculent des milliers de questions. Un temps d’angoisse et de doute. Le tout dans une ambiance sonore rythmée par les moniteurs médicaux ».
« La plus belle récompense, des sourires »
Laure Bayon partage alors : « Pour imposer une oasis au milieu de tout ça, je vais utiliser le son. Et en premier, le humming bouche fermée ». Le humming se traduit par le mot "fredonnement". Il consiste simplement à émettre un son sans parole avec des tonalités variables.
« Si les parents sont d’accord, ils m’accompagnent afin de produire une polyphonie destinée au bébé, précise-t-elle. Celui-ci va alors écouter et communiquer avec des gestes, des mimiques du visage, des babillements et, la plus belle récompense, des sourires ».
"La musique a un vrai pouvoir que l'on sous estime bien trop"...Ainsi Christine Chassefeyre, cadre en pédiatrie et service de néonatologie au Centre Hospitalier Emile-Roux, résume les effets de la musicothérapie...(Cliquez sur les notes de musique pour dérouler l'info ♬ ♬ ♬ ♬ ♬)
"Ici, nous avons une capacité de six berceaux avec des bébés prématurés ou qui ont subi des accouchements difficiles, Christine Chassefeyre Ca peut être aussi des problèmes d’infection avec des traitements antibiotiques. Ou alors des problèmes sociaux".
Elle continue : "Laure Bayon s’est présentée un jour à nous et nous a présenté son activité. Nous ne connaissions pas du tout les fondements de la musicothérapie mais nous avons été séduites par la discipline. Les effets sont véritables !"
"C'est impressionnant de voir ces tous jeunes bébés ouvrir les yeux, tourner la tête vers la musique, s'endormir paisiblement ou sourire. La musique a un vrai pouvoir que l'on sous estime bien trop". Christine Chassefeyre
"Par la musique, ils arrivent à partager des émotions, formuler des aveux"
La musicothérapie dépasse d'ailleurs les frontières de la néonatalogie. "L'activité fonctionne très bien sur les adolescents, indique Christine Chassefeyre. Les ados mal dans leur peau, stressés...c'est un vrai moment de détente pour eux. Par la musique, ils arrivent à partager des émotions, formuler des aveux, délivrer des choses graves sur eux. Non seulement ça les aide beaucoup psychologiquement mais cela nous permet à nous, soignants, d'adapter leur prise en charge".
"Quand un papa ou une maman est détendu, son état va se transmettre à l'enfant"
Difficile, voir effrayant, s'avère une hospitalisation pour les enfants. "Dans le service de pédiatrie, nous montrons aux jeunes patients qu'il n'y a pas que le soin, ajoute Christine Chassefeyre. Il y a aussi des instants de détente comme durant les séances de musicothérapie."
Elle continue en ce sens : "Pour les parents, nous leur faisons prendre conscience de pistes qu'ils n'avaient pas forcément pensé pour rassurer leur enfant. Chanter, se servir d'un instrument de musique, fredonner...Quand un papa ou une maman est détendu, son état va se transmettre à l'enfant. Et réciproquement."
Chanter le prénom du bébé
Chaque séance de Laure Bayon commence avec une chanson improvisée mais qui suit une règle récurrente. Que le prénom du bébé soit mentionné à plusieurs reprises. « C’est vrai qu’il est difficile de concevoir qu’un être aussi petit, aussi fragile, puisse créer des interactions avec nous, souligne-t-elle. Mais pourtant, les échanges sont réels. À commencer par les syllabes de son prénom que les parents ont formulé mainte fois durant la grossesse ».
« Les scopes de la saturation d’oxygène vont beaucoup moins s'activer »
Ensuite, elle distribue les fameux kalimbas aux parents pour qu’un assemblage de notes colore la chambre blanche de l’hôpital. Les effets ? Au-delà du jeune visage qui cherche une expression à l’écoute du concert, les variantes physiologiques se modifient. « La respiration devient plus calme et profonde, montre Laure Bayon. Les scopes de la saturation d’oxygène vont alors beaucoup moins s'activer ».
Du côté des parents, la détente que ressent le bébé déteint naturellement sur eux. « Ils voient leur enfant mieux respirer, ouvrir les yeux pour chercher les notes de musique, et parfois sourire. C’est une bulle de douceur mais aussi un cocon de sécurité qui s’installe ».
Nourris'Son...tout pour la musique
L’un des objectifs de Laure Bayon et de son association Nourris’Son est de pouvoir offrir un kalimba aux parents pour qu’ils puissent ensuite jouer à nouveau chez eux. « Nourris’Son est une toute jeune association qui existe depuis novembre 2021, livre-t-elle. Elle est composée de six personnes. Depuis sa création, nous organisons un concert en Haute-Loire où la recette des entrées permet de financer les séances de musicothérapie ».
À ce propos, pour l'année 2023, le groupe La Volta se produit le 12 mars à Saint-Just-Malmont afin que les notes puissent faire naître encore et encore ces si beaux sourires dans les chambres d’hôpital.
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1 commentaire
Merci Nicolas Defay pour ce très bel article illustré de bien belles photos, souvenir d'un si beau moment de vie, de liens par le sonore!
La Team Nourris'Son