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Michelin : '''Ma mission n'est pas de fermer le site de Blavozy'''
Dorian Defache a pris la suite de Laurent Carpentier au mois de juin 2019. Le nouveau directeur âgé de 55 ans est arrivé à Blavozy avec un bagage de 30 ans d'expérience chez Michelin, dont 20 années passées sur les sites de fabrication et 10 au siège à Clermont-Ferrand aux services gestion de carrières et management des risques. "J'ai souhaité revenir dans les opérations, faire du pneu, être avec les équipes qui sont au contact du terrain", explique-t-il.
Cette première rencontre organisée sous forme de conférence de presse hier, mercredi 16 octobre 2019, sur le site de Blavozy, n'en est bien sûr pas restée aux simples présentations. Dorian Defache en est très rapidement venu au sujet d'actualité soit l'arrêt de l'activité du site de Blavozy pendant cinq semaines. L'établissement sera donc fermé les semaines 43, 44, 45, 51 et 52, les vendredis 22, 29 novembre, les 6 et 13 décembre et les samedis 16, 23 et 30 novembre ainsi que les 7 et 14 décembre sur les équipes du matin. 600 salariés se retrouveront au chômage technique dès le 2 novembre et une cinquantaine de contrats temporaires arriveront à échéance. De plus, une vingtaine de salariés volontaires seront détachés (contrats de 6 mois à un an) sur les sites de Bourges, de Roanne et de Chantemerle à Clermont-Ferrand.
>> Pour en savoir plus sur ce sujet : Chômage technique à Michelin Blavozy
Des mesures d'adaptation prises en raison d'une baisse d'activité de 54% sur les trois derniers mois qui entraîne une augmentation des stocks, ce à quoi il faut ajouter des prévisions de production à la baisse chez les clients première monte pour la fin de l'année 2019. Au sortir du Comité social et économique (CSE) le 3 octobre dernier, les salariés avaient fait entendre leurs inquiétudes quant à l'avenir de leur site spécialisé dans le pneu génie civil.
>> A lire : Chômage technique à Michelin : la réaction de la direction
Des inquiétudes qui sont devenues plus fortes encore lorsque le 11 octobre 2019, ils apprenaient la fermeture du site de La Roche-sur-Yon comme l'avait prédit le délégué CGT Michelin Hervé Bancel.
A l'occasion de cette rencontre avec la presse, Dorian Defache a tenu à adresser un message rassurant aux salariés : "Que le message soit clair, le site de Blavozy n'est pas en danger. Nous ne sommes pas dans la même situation qu'ont été les sites de Roanne, Vannes et La Roche-sur-Yon, qui ont dû, eux, négocier un pacte d'avenir avec le corps social pour avoir des leviers de regain de productivité pour leur pérennité. Malheureusement tout ce qui a été fait à La Roche-sur-Yon, depuis 5 ans maintenant -- les investissements, l'engagement des équipes -- n'a pas permis de contrecarrer le marché du poids-lourd en Europe." Un marché dominé par les Chinois et leur volonté de faire émerger des manufacturiers locaux "qui inondent l’Europe d’un certain nombre de produits, ce qui crée une concurrence exacerbée. On voit une croissance entre les années 2000 et aujourd’hui, les Chinois sont passés de -5 % à 20 % de part de marché mondial", précise Dorian Defache.
"Nous n'avons pas une épée de Damoclès sur la tête"
Pour en revenir au site de Blavozy dont 70% de la production est exportée en dehors de l'Europe, les raisons de cette chute d'activité sont d'ordre macroéconomiques, entre Brexit, dumping social et Trumpisme. "On est sur un marché qui est cyclique. Quand on regarde le passé, on a des hausses d’activité et des baisses." Ne peut-on pas anticiper ces cycles ? "Force est de constater quand on a 54 % de baisse de l’activité sur les trois derniers mois, qu'on n'a pas été bon", concède le directeur. Mais on a mis tout en oeuvre pour que ce soit viable, nous n'avons pas une épée de Damoclès sur la tête. J'ai pris le poste en juin, ma mission n'est pas de fermer ce site."
"Il faut qu’on continue à travailler sur le long terme"
L'ambition de Dorian Defache est de faire performer le site de Blavozy et de l'adapter à la demande du marché. Des formations se poursuivront et le bureau d’études sera en service lorsque l'usine sera, elle, arrêtée. "Cette période conjoncturelle va durer un certain temps mais il faut qu’on continue à travailler sur le long terme. Et notamment pour le développement de procédés. On a une expertise de plus de 15 ans sur ce site sur un nouveau procédé de fabrication des pneus qui est en cours de qualification, elle devrait intervenir d’ici début 2020. Ce procédé -- basé sur le principe d'une imprimante 3D, Ndlr -- va nous amener de la productivité mais également des gains sur la partie ergonomique."
Reste à savoir combien de temps va durer cette période conjoncturelle ? "Pour l’instant c’est encore incertain, on devrait avoir des éléments d'ici le mois de novembre pour avoir un éclairage sur l’année 2020", répond Dorian Defache.
Stéphanie Marin
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