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Michel Joubert : 40 ans de vie politique en Haute-Loire
Si vous êtes devenu maire en 1977, c'est en fait grâce à une dispute?
"En quelque sorte. Quelques mois après mon arrivée à Chaspuzac, on m'a demandé de me présenter aux municipales. L'équipe en place se battait au sujet de la future D906, qui devait passer près du village. Le maire a démissionné. Il m'a demandé que je "les mette tous d'accord" en préparant une liste indépendante pour les élections de 1977. Je suis devenu maire de Chaspuzac à 28 ans, le plus jeune de mon équipe! Il faut préciser que je travaillais dans le milieu agricole [Michel Joubert a dirigé un organisme d'aménagement des structures agricoles, Ndlr]. Cela me rendait plus légitime dans un village qui comptait une cinquantaine d'agriculteurs."
Imaginiez-vous diriger un jour une agglomération de 80 000 habitants?
"Non, c'était difficle à imaginer. À l'époque, les intercommunalités n'existaient pas, chaque commune était dans son rôle. En revanche, je me suis rapidement concentré sur le département. J'ai remporté mon premier siège de conseiller général en 1979, après une campagne homérique. On avait visité toutes les maisons du canton! Puis je suis devenu vice-président, en 1992."
En 40 ans de politique locale, quel est votre meilleur souvenir ?
"Je n'en ai pas un en particulier. C'est plutôt le fait d'avoir fait évoluer ma commune de manière positive. Depuis mon arrivée, la zone d'activité de l'aérodrome a dynamisé le secteur. Des équipements de pointe ont été construits. Quand je suis arrivé, l'école était en voie de fermeture. Aujourd'hui, elle compte cinq classes. Depuis 1977, la population a doublé à Chaspuzac."
À ce propos, certains pensent que vous avez favorisé Chaspuzac via l'agglo. Est-ce vrai?
"C'est faux, car j'ai initié la zone d'activité bien avant mon arrivée à l'agglo. C'est l'engagement de toute ma carrière. Et ce projet a été soutenu par l'ensemble des élus de l'agglo en 2000, car l'intérêt ne se limitait pas à Chaspuzac. Il s'agissait de rééquilibrer le développement économique du bassin du Puy, qui évoluait uniquement à l'ouest."
Et votre pire souvenir?
"Mon procès pour favoritisme, en correctionnelle, en 1998. Dans un marché public, j'avais éliminé l'entreprise la moins coûteuse car elle avait fait du mauvais boulot sur le chantier précédent. Je risquais l'inégibilité et 200 000 F d'amende. La journée au tribunal a été l'une des pires de ma vie. Le procureur m'a allumé à tel point que même les journalistes s'en offusquaient. Il m'a traité de tout, m'a dit que les élus se prenaient pour des seigneurs. En sortant, je me suis assis longuement sur une marche, je ne savais plus où j'étais. J'ai été relaxé car j'avais la preuve que l'entreprise en question était incompétente."
Votre position vous permettrait de prétendre à des responsabilités nationales. Est-ce votre projet?
"Non, j'ai déjà refusé plusieurs fois. On m'a proposé pour les législatives, et j'ai poussé au choix de Peter Vigier. On m'a encore demandé pour les prochaines sénatoriales, avec Gérard Roche qui devrait partir. C'est non. L'agglomération représente un gros défi. C'est du concret. Je préfère ça aux jeux politiques à Paris."
D'où votre parrainnage pour Jean Lassalle pour 2017?
"Je l'apprécie car c'est un fils d'agriculteur, qui porte des valeurs. Mais le parrainer, c'était aussi un coup de gueule. Aux primaires, j'ai voté Fillon. Maintenant, il donne une image déplorable de la politique. Parrainer Lassalle, c'est une manière de mettre un peu d'humour dans cette campagne morose. Énormement de gens m'ont appelé et félicité de ce choix, je ne m'y attendais pas!"
Propos recueillis par Clément L'hôte
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