À vos baskets pour la Corrida du Puy-en-Velay
Marignan 1515, comme si vous y étiez!
Un des temps forts de ces Fêtes Renaissance du Roi de l'Oiseau est incontestablement la nouvelle création de Jean-Louis Roqueplan et du théâtre de l'Alauda: " 1515 Marignan".
Un spectacle truculent, à la verve rabelaisienne, qui donne à voir le sieur Gerphanon, bourgeois honnête mais tenté par l'appât du gain facile, tourmenté par le doute, débattre avec sa conscience en pleine guerre d'Italie.
Un excellent moment satirique, haut en couleurs, basé sur les réflexes scéniques de la Commedia Dell'Arte.
En ce matin de septembre 1515, devant l'échec des négociations et la division des troupes suisses, François Ier fait mouvement en direction de Milan et établit son camp près de Marignan. Quelque 20 000 Suisses disposant de 8 canons et 1 000 arquebusiers doivent faire face à plus de 30 000 Français équipés de la plus belle artillerie de siège de l'époque. La plaine maraîchère irriguée est ensoleillée... Voilà pour l'Histoire...
François Ier s'arrange un peu avec sa conscience, le sieur Gerphanon aussi
La bataille de Marignan, qui a duré deux jours, fait inhabituel pour cette époque, est devenue un symbole de la gloire de François Ier : dès la victoire, le récit de la bataille est publié et raconté sur la place publique ou lors des prêches à l'église. D'où le mythe, l'assonance Marignan 1515 assurant la postérité de cette geste pour des générations d'écoliers.
Elle sert aussi à justifier une croisade que devait conduire François. Dans le cadre de la préparation de celle-ci est réécrite l'hagiographie de François Ier, unique vainqueur à Marignan (les alliés Vénitiens disparaissant complètement du récit). Voilà pour le beau côté de la médaille.
Si, sous les ors de ses châteaux, François Ier s'arrange un peu avec la réalité, - et avec sa conscience-, pour la beauté de sa gloire, il en va de même pour un obscur petit bourgeois, le sieur Gerphanon, fort tenté par un "arrangement" avec la loyauté, la fidélité et la piété. Quelques armes vendues aux Alliés des ennemis de la France et fortune sera faite. Cette option n'exclut cependant pas les tourments, les quiproquos et la peur du qu'en-dira-t-on.
On passe vraiment un bon moment, des sarcasmes aux moqueries, des doutes aux rires généreux et sans bassesse.
C'est là que se dévoile tout l'art de la mise en scène de Jean-Louis Roqueplan. Sa satire burlesque est non seulement fidèle aux costumes et à l'ambiance de la Renaissance mais derrière le fracas des armes et des consciences pointe une ironie qui alterne avec des propos de table on ne peut plus rabelaisiens.
Tout en nous faisant revivre avec ferveur la fournaise chatoyante des engagements au feu de l'ennemi, il met en scène une intimité bourgeoise très rabelaisienne. Il manie toutes les formes du comique, de la parodie savante à la paillardise la plus éhontée, du jeu de mots gratuit à la satire vindicative. Pourtant malgré une tonalité très joyeuse, une référence fréquente à la gaîté, les principaux personnage de ce "Marignan 1515" rigolent de moins en moins à mesure qu'ils s'approchent de "leur" vérité. Sous les rires, leur sérénité décroît. A côté des rires insouciants et spontanés, surgissent des rires en décalage, loin de l'exubérance de certaines saillies drolatiques. On passe vraiment un bon moment, des sarcasmes aux moqueries, des doutes aux rires généreux et sans bassesse.
Tarifs 10 € adultes - 7 € enfants. Centre Pierre-Cardinal. Jeudi 21 heures ; vendredi 18 h 30 et 21 heures ; samedi 15 heures et 18 heures ; dimanche 14 heures et 16 h 30. Réservation auprès de l’office de tourisme