Déraillement d'un train entre Saint-Étienne et Le Puy
Les greffiers, colère noire pour les robes noires
Ce lundi 3 juillet, les escaliers du Palais de justice du Puy ont revêtu une sombre teinte. Fonctionnaires, juges, magistrats, avocats, tous unis derrière les greffiers en grève. Si la fonction apparaît moins connue que celle de leurs confrères, elle est pourtant un rouage indispensable pour le fonctionnement de la machine judiciaire.
Un greffier ? Heu...C’est une personne qui écrit ? Oui. Mais pas que. Et difficile à Claire Massie, greffière au tribunal pour enfants du Puy-en-Velay, de répondre à la question tant ses journées s’avèrent différentes les unes des autres.
« Chaque service a sa spécialité, mentionne la jeune fonctionnaire. Que ce soit au civil, au tribunal pour enfants, au correctionnel des majeures…Il est dur de décrire une journée classique. Mais, très souvent, un greffier convoque les parties et vérifie le respect du délai afin que chacune ait pu préparer sa défense respective ».
Elle continue : « Ensuite, on assiste le magistrat à l'audience, on prend la note d'audience, ce qui fait foi de ce qui s'est dit et de la décision qui a été prise. Après, nous rédigeons le jugement. Nous mettons en forme et nous apposons notre signature à côté de celui du magistrat pour valider ce qu’il s'est passé durant l'audience et la décision actée. »
« On sait quand on entre, on ne sait pas quand on va sortir ». Claire Massie.
Elle ajoute encore : « À terme, nous envoyons les décisions aux personnes que ce soit au civil ou au pénal dans les conditions des codes, en recommandé ou en citation par un huissier. Nous vérifions scrupuleusement que chaque étape soit parfaitement remplie pour ouvrir les délais d’appel. Si les personnes sont mécontentes de la décision, elles font appel devant un greffier ».
Alors, comme ce qu’il se dit entre les murs du Palais de justice : « On sait quand on entre, on ne sait pas quand on va sortir ». D’après elle et ses collègues présents à la mobilisation, il est courant de terminer la journée la nuit tombée tant qu’une affaire n’a pas été bouclée sur les bancs du tribunal.
« Le salaire brut dépasse difficilement les 2 000 euros après une carrière complète »
Avec cette masse de travail, et le cursus plutôt conséquent pour décrocher le diplôme, il est alors aisé et normal d’imaginer des salaires mirobolants en signe de reconnaissance. « En fin de carrière, un greffier touchera entre 2 500 et 3 000 euros, assure l'une d'elle. Ceci, en comptant les primes. Ce qui signifie que le salaire brut dépasse difficilement les 2 000 euros après une carrière complète ».
« Le manque de considération dont notre ministère fait preuve à notre égard (…) jusqu'au mépris le plus total »
Sur le parvis du Tribunal judiciaire au Breuil, Julien Chastang, greffier, prête sa voix pour interpeller le ministre de la Justice face "à une situation intenable".
À travers un court discours, il rappelle à Eric Dupond-Moretti l'urgence du moment : « Nous avons perdu le sens de notre métier, de notre mission, usés jusqu'à la corde par le manque de moyens matériels et humains, par les réformes incessantes menées au pas de course et imposées sans préparation ni concertation. Et par le manque de considération dont notre ministère fait preuve à notre égard, allant ces dernières années jusqu'au mépris le plus total ».
« Ceux qui…» (Cliquez sur la croix pour dérouler l'info)
Une partie du discours énoncé lors de la mobilisation des greffiers ce lundi 3 juillet devant le Tribunal judiciaire du Puy-en-Velay :
« Monsieur le Garde des Sceaux, c’est au nom de tous les greffiers que je m'adresse à vous aujourd'hui. Vous savez, les greffiers, ces personnes en robe noire qui ne sont ni avocats, ni magistrats et que vous estimez discourtois. Ceux qui accueillent les justiciables, les avocats, les partenaires institutionnels ou non, les services de police et de gendarmerie. Ceux qui répondent aux mails et au téléphone. Ceux qui mettent en forme les dossiers, les décisions, préparent les audiences, convoquent les parties, notifient les décisions. Ceux qui tiennent les audiences, assistent les magistrats, authentifient les actes. Ceux qui sont garants de la procédure tout au long de son déroulement. Ceux qui assurent les permanences, y compris les week-ends et jours fériés, jusqu'à des heures indues, générant des heures supplémentaires, irrécupérables et parfois non payées, et ce sans que la justice ne peut être rendue".
« Les greffiers et l'ensemble des personnels de grève sont épuisés, à bout de force, à bout de nerfs, à bout de motivation ». Julien Chastang
Julien Chastang ajoute aussi : « Monsieur le Garde des Sceaux, je vous le dis, la pression ne baissera pas, bien au contraire. Des pétitions ont été signées et vous ont été adressées. Des motions ont été votées en assemblée générale, des rassemblements se sont tenus devant la quasi totalité des juridictions de France métropolitaine et d'outre mer. Nous avons bien noté que vous n'en avez cure ».
« La France continue de figurer parmi les pays à PIB comparable qui investissent le moins dans leur justice. Elle se situe systématiquement sous la moyenne européenne du nombre de juges professionnels, de procureurs et de personnels de justice. » Julien Chastang
« Jusqu'ici, les personnels de greffe se sont tus et ont souffert en silence. Ce temps est révolu. »
En guise de conclusion, Julien Chastang s'adresse au Garde des Sceaux dans un ton des plus offensifs : « La juridiction ponote, à l'instar d'un grand nombre d'autres, se met en ordre de bataille et se déclare en grève pour la première grande journée de mobilisation nationale. Jusqu'ici, les personnels de greffe se sont tus et ont souffert en silence. Ce temps est révolu. Vous devez désormais compter avec nous. Nous tous, ou bien c'est vous qui ne pourrait plus compter sur nous ».
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1 commentaire
Sujet malheureusement Tabou par orgueil : la France s'appauvrit car sa richesse ( nos industries notre PIB ) part en fumée à cause de la mondialisation des marchés Voyez aussi notre médecine notre éducation nationale etc - - - !!!!!!!!!