Les quatre rendez-vous du mois de novembre à l’Embarcadère de Vorey
Le retour de la Dame Blanche
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a lancé en Haute-Loire un programme d'installation de nichoirs à effraies afin d'étoffer les effectifs de cette espèce très mal en point chez nous. Les premiers résultats sont déjà là.
La Haute-Loire recense une belle diversité d'oiseaux de nuit, mais certains sont devenus très rares. Les plus communs sont sans nul doute la hulotte, la chouette des films, celle qu'on entend hululer le soir, et le grand-duc, imposante espèce rupestre qui fait la fierté de l'observateur (on dit "J'ai vu un grand-duc !" comme on dirait "J'ai vu un aigle !"). D'autres sont nettement plus rares, le moyen-duc (qui aime les villages), le petit-duc (en basse altitude), le hibou des marais (dans les narces), la chevêche (dans les vieux fruitiers), la chevêchette et la tengmalm (en altitude). Enfin, dans une case à part tant son physique étonne, il y a l'effraie.
Une merveille de la nature
Tout de blanc vêtue, l'effraie des clochers fait clairement partie des merveilles de la nature, victime comme tout le reste de la faune sauvage d'une guerre qui ne dit pas son nom mais qui n'en est pas moins sans merci, au point que nous sommes entrés désormais dans la sixième extinction de masse des espèces (dont nous sommes à la fois la cause et les victimes) et que la faune sauvage ne représente plus, dans le monde, que 2 % des vertébrés (les 98 % restants, ce sont les animaux d'élevage ou de compagnie). Les principales causes de la disparition des espèces sont connues : la destruction systématique des habitats (chantiers routiers, zones commerciales, lotissements, etc.) et le dérangement (routes, loisirs verts, machines, etc.).
Cet oiseau de nuit légendaire
Les habitants de Polignac se souviennent sans doute de la Dame Blanche qui hanta de longues années durant le donjon de la forteresse. Ses chuintements nocturnes comme échappés d'un autre monde faisaient frissonner les enfants ! Certains ont même eu la chance de la voir décoller de la plus haute fenêtre du donjon par les nuits de pleine lune pour aller capturer dans la plaine des mulots et autres représentants de la gent trotte-menu.
D'autres châteaux comme ceux d'Artias, Bouzols, Lavoûte-Polignac ou encore Poinsac, ont accueilli pour une nichée au moins, mais parfois sur plusieurs générations quand le site était propice, cet oiseau de nuit légendaire. Depuis quelques années, l'effraie des clochers devenait cependant quasi-introuvable en Haute-Loire, pour une multitude de facteurs, tous liés à notre mode de vie, dont la disparition de sites de nidification appropriés.
Avoir cette incroyable créature chez soi....
Celles et ceux qui souhaitent favoriser le retour de cet oiseau magique peuvent fabriquer un nichoir (grosso modo, une caisse en bois de 50x60x80, à fixer par exemple à l'intérieur d'une grange ou d'un pigeonnier, contre un fenestrou) ou tout simplement se garder d'obstruer les ouvertures des vieilles dépendances.
Quel plus insigne honneur, en effet, que d'accueillir chez soi la Dame blanche en personne ?
Des nichoirs pour ces blanches dames
Pour étoffer les effectifs d'effraies, la Ligue de Protection des Oiseaux a lancé en Haute-Loire un programme d'installation de nichoirs. L'un d'eux a été installé dans une grange de Lavoûte-sur-Loire, chez un jeune naturaliste, Étienne Chabrier, avec à la clé l'envol de cinq petits en juillet, un joli score !
Il faut croire d'ailleurs que les oiseaux "sentent" la présence des naturalistes et des amoureux de la nature, puisqu'Etienne avait eu la chance d'accueillir dans un conifère de son jardin une espèce devenue rare en Haute-Loire, le hibou moyen-duc, qui avait niché là et donné naissance à quatre petits, plaqués au tronc toute la journée durant.
Des indices de passage ou de présence de chouettes effraies ont également été repérés dans d'autres nichoirs installés dans d'autres localités du département, laissant augurer un redressement timide des effectifs.
JBB
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