Le nouveau gouvernement "Bis"Cornu

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 13/10/2025 à 17:00

Temps de lecture : 7 minutes

"I'll be back", avait dit un robot du futur revenu dans le présent pour justement changer le futur (Terminator 2). Le scénario semble biscornu ainsi, mais ce n'était qu'un film. Dans la vraie vie, il existe aussi des situations singulières. Comme celle de la situation politique qui sévit aujourd'hui en France.

Suite à la motion de confiance qui a fait chuter le 1ᵉʳ ministre François Bayrou, le 8 septembre 2025, Sébastien Lecornu a été missionné pour le remplacer dès le lendemain. 

Après trois semaines sans qu'aucun gouvernement ne se dessine à l'horizon, Sébastien Lecornu partage enfin, le dimanche 5 octobre, les noms de son équipe.

Mais, il n'a fallu que 14 heures pour que le 1ᵉʳ ministre tout neuf ne démissionne finalement, emportant avec lui tous les ministres dans le naufrage. Le mercredi 8 octobre, il avait même affirmé, sur le plateau de France 2 : "Ma mission est terminée".

"Il faut mettre un terme à cette crise politique"

Vendredi 10 octobre, l'homme politique annonce finalement revenir sur la scène au même poste, après avoir été poussé de nouveau par Emmanuel Macron. L'ex-premier ministre devient alors l'ex-ex-premier ministre en moins d'une semaine.

Pour justifier tout ça, il partage sur son compte X (ex-Twitter), le 10 octobre en soirée. "J’accepte, par devoir, la mission qui m’est confiée par le président de la République de tout faire pour donner un budget à la France pour la fin de l’année et de répondre aux problèmes de la vie quotidienne de nos compatriotes".

Avant d'ajouter : "Il faut mettre un terme à cette crise politique qui exaspère les Français et à cette instabilité mauvaise pour l’image de la France et ses intérêts".

Un bateau troué dans un océan de tempêtes 

Dimanche 12 octobre 2025, à 22 heures, naît alors le gouvernement Lecornu II. L'équipage est composé de 34 ministres. Certains des capitaines de ce rafiot qu'est devenu le navire politique de la France s'avèrent des têtes connues. Et d'autres, pas du tout.

Laurent Nunez s'empare du siège de l’Intérieur et Rachida Dati de la Culture. Jean-Noël Barrot reste au ministère des Affaires étrangères. Gérald Darmanin s'occupera de la Justice.

La France Insoumise et le Rassemblement national ont déjà annoncé qu'ils déposeraient des motions de censure. Ainsi, si elle était adoptée, l'ex-ex-premier ministre deviendrait l'ex-ex-ex-premier ministre en un temps record. 

La composition du Gouvernement résultant du décret signé dimanche 12 octobre 2025 sur la proposition du Premier ministre, chargé de la planification écologique et énergétique, est la suivante :   

Les ministres

M. Laurent NUÑEZ, ministre de l’Intérieur ;

Mme Catherine VAUTRIN, ministre des Armées et des Anciens combattants ;

M. Jean-Pierre FARANDOU, ministre du Travail et des Solidarités ;

Mme Monique BARBUT, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature ;

M. Gérald DARMANIN, garde des Sceaux, ministre de la Justice ;

M. Roland LESCURE, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique ;

M. Serge PAPIN, ministre des Petites et moyennes entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme et du Pouvoir d’achat ;

Mme Annie GENEVARD, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire ;

M. Édouard GEFFRAY, ministre de l’Éducation nationale ;

M. Jean-Noël BARROT, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ;

Mme Rachida DATI, ministre de la Culture ;

Mme Stéphanie RIST, ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;

Mme Naïma MOUTCHOU, ministre des Outre-mer ;

Mme Françoise GATEL, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation ;

Mme Amélie de MONTCHALIN, ministre de l’Action et des Comptes publics ;

M. Philippe BAPTISTE, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Espace ;

Mme Marina FERRARI, ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative ;

M. Philippe TABAROT, ministre des Transports ;

M. Vincent JEANBRUN, ministre de la Ville et du Logement.

Les ministres délégués

Auprès du Premier ministre :

M. Laurent PANIFOUS, chargé des Relations avec le Parlement ;

Mme Maud BRÉGEON, porte-parole du Gouvernement ;

Mme Aurore BERGÉ, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ;

Auprès du ministre de l’Intérieur :

Mme Marie-Pierre VEDRENNE ;

Auprès de la ministre des Armées et des Anciens combattants :

Mme Alice RUFO ;

Auprès de la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature :

Mme Catherine CHABAUD, chargée de la Mer et de la Pêche ;

M. Mathieu LEFEVRE, chargé de la Transition écologique ;

Auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique ;

M. Sébastien MARTIN, chargé de l’Industrie ;

Mme Anne Le HENANFF, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique ;

Auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères :

M. Benjamin HADDAD, chargé de l’Europe ;

M. Nicolas FORISSIER, chargé du Commerce extérieur et de l'Attractivité ;

Mme Eléonore CAROIT, chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger ;

Auprès de la ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées :

Mme Charlotte PARMENTIER-LECOCQ, chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;

Auprès de la ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation :

M. Michel FOURNIER, chargé de la Ruralité ;

Auprès de la ministre de l’Action et des Comptes publics :

M. David AMIEL, chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État.

Le président de la République réunira l’ensemble des membres du Gouvernement pour un Conseil des ministres qui se tiendra le mardi 14 octobre à 10 heures.
 

Source :  le site du gouvernement info.gouv.fr

"Moi, j'assure la stabilité". Emmanuel Macron

En terres d’Égypte dans le contexte du Sommet pour la paix à Gaza, Emmanuel Macron a indiqué, ce lundi 13 octobre aux journalistes français : "Moi, j'assure la stabilité".

Et de souligner en ces mots, se dédouanant de toute responsabilité quant à l'état de la France : "Les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seules responsables de ce désordre".

"Il faut leur donner leur chance"

Zoomdici a sillonné le Puy-en-Velay, notamment les belles allées sablées du jardin Henri Vinay, pour recueillir l'avis de personnes interpellées au hasard.

Pour Claire, institutrice à la retraite, elle apparait confiante. "Je pense que ce nouveau gouvernement tient plus la route que le précédent, pense-t-elle. Il y a pas mal de noms que l'on ne connait pas. Pour moi, c'est une bonne chose et du sang neuf. Il faut leur donner leur chance. On verra bien".

"Il a déclaré forfait. Place à un autre !"

Nicolas, 36 ans et réparateur d'outils agricoles, ne semble pas de cet avis. "C'est belote et rebelote. Je n'ai pas encore regardé tous les noms. Mais ça me gêne énormément qu'un 1er ministre qui jette l'éponge un jour après son mandat, remonte sur le ring tout de suite après. Il a déclaré forfait. Place à un autre !"

"Je suis sidérée par ce qu'il se passe dans notre pays"

Lisa, de Chadrac, rejoint aussi l'analyse de Nicolas. "Je n'y comprends plus rien tant tout se bouscule si vite. On a l'impression qu'il n'y a personne dans l'avion depuis bien longtemps".

Elle poursuit : "D'après ce que j'ai lu, des noms comme Rachida Dati composent le nouveau gouvernement. Comment les gens peuvent encore faire confiance en la politique ? Rachida Dati est actuellement lourdement inquiétée par la justice. Et pourtant, elle obtient un siège brillant ! Quelle est la cohérence dans tout ça ? Je suis sidérée par ce qu'il se passe dans notre pays."

Quant à Jean-Paul, retraité ponot à vélo, il résume en quelques mots le fond de sa pensée : "J'en ai rien à foutre. Et qu'ils aillent tous au diable !"

 

 

 

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