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Le cabinet médical d'Espaly est toujours vide : est-ce un cas isolé en Haute-Loire ?
Depuis deux ans, les 3 500 habitants d'Espaly-Saint-Marcel sont dépourvus de médecins généralistes. Pourtant la commune en comptait trois sur ses terres. Un est parti à la retraite et deux ont changé de secteur. Trois départs qui n'ont donc pas été compensés et ce malgré l'aménagement réalisé à l'initiative de la municipalité, d'un cabinet médical au rez-de-chaussée de l'Espace Charles VII. Les travaux estimés à 44 900€ TTC -- 7 200€ de subventions de la part de l'Agglo du Puy et 31 500€ (récupération de TVA déduite) de reste à charge pour la commune -- se sont achevés en début d'année. "Pendant le réaménagement des locaux qui accueillait autrefois le jardin d'enfants, un médecin s'est montré intéressé, il était prêt à venir, mais finalement ça ne s'est pas fait", regrette Christiane Mosnier, adjointe au maire d'Espaly et conseillère départementale.
Une situation géographique idéale et des avantages financiers
Sa situation géographique, point d'intersection entre l'école élémentaire publique, la maternelle, la crèche, la cantine municipale, à proximité d'une pharmacie et à deux petits kilomètres du centre hospitalier Emile Roux, dans une commune qui est en pleine expansion puisque de nouveaux logements sont en cours de construction ; semble être idéale. Un parking gratuit -- aujourd'hui limité en temps de stationnement, "mais c'est quelque chose qu'on pourra faire évoluer", assure Christiane Mosnier -- s'ajoute à la liste des avantages. De plus, Espaly-Saint-Marcel est depuis le 1er juillet 2017 située au coeur de la Zone de Revitalisation Rurale (comme 235 autres communes altiligériennes), ce qui permet aux professionnels souhaitant s'installer ou reprendre une activité, de bénéficier d'une exonération fiscale sur une durée de huit ans dont dégressive sur les trois dernières années. La mairie propose également la gratuité du local entre six mois et un an.
Alors pourquoi ce cabinet médical est-il toujours vide ?
Selon Alain Chapon, président du Conseil départemental de Haute-Loire de l'Ordre des Médecins, plusieurs facteurs seraient à prendre en compte pour apporter une réponse à cette question. D'abord, à cause des préjugés que les personnes extérieures peuvent avoir sur le département, le qualifiant de "territoire isolé, sauvage et rural". Puis le numerus clausus qui limite l'accès à la deuxième année des études de médecine. "Tous les ans, entre 7 000 et 8 000 médecins partent à la retraite. Dans les années 90, au plus bas du recrutement, on était à 3 500 médecins. Il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour voir qu’il y aurait un nœud au bout de la corde", commente Alain Chapon. En septembre 2018, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn annonçait la suppression à la rentrée 2020 du numerus clausus. Dernier élément de réponse : un manque d'anticipation pourrait expliquer cette désertification médicale.
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La situation du cabinet médical d'Espaly est-il un cas particulier en Haute-Loire ?
Pour l'heure, à l'échelle de la Haute-Loire, les effectifs se maintiennent avec une progression de 2,8% (toutes spécialités confondues) en 2018 par rapport au dernier recensement en date de 2016. "Mais on compense tout juste les départs et encore pas partout. Le bassin du Puy reste attractif avec l’hôpital Emile Roux qui est un très gros recruteur de médecins." A la connaissance d'Alain Chapon, il n'y aurait pas d'autre cas extrême, similaire à Espaly, en Haute-Loire. Mais pour autant et au vu des postes à pourvoir dans les maisons de santé pluridisciplinaire d'Auzon, de Tence et de Saint-Maurice-de-Lignon, à la maison médicale de Sainte-Sigolène, à la Maison du Pensio au Puy, au Pôle médical de Taulhac ; auxquels il faut ajouter les départs en retraite, la vigilance reste de mise.
"Concrétisez d'abord avec les professionnels de la santé, puis lancez-vous dans la construction."
Certains l'ont bien compris comme la Communauté de communes des pays Cayres-Pradelles. Le sud du département compte quatre médecins toujours en activité mais deux d'entre eux partiront à la retraite dans les deux ans à venir. La situation est donc fragile. Depuis quelques mois et en collaboration avec la mission d’accueil des professionnels de santé du Pays du Velay et l'Agence Régionale de Santé, la Communauté de communes a engagé une réflexion pour attirer de nouveaux médecins. Ce travail anticipé devrait faire émerger un projet collaboratif, qui répondrait à la tendance du moment. "Aujourd'hui, la plupart des professionnels de santé souhaitent travailler en équipe, partager la gestion administrative et la structure de la collaboration. Mais aussi partager leurs connaissances et leurs expertises pour renforcer la qualité de leurs soins et diminuer les contraintes lourdes liées à l'isolement et ainsi consacrer plus de temps à leur coeur de métier", affirme Maud Gagne, chargée de mission d'accueil des professionnels de santé chez Pays du Velay. Mais le président du Conseil départemental de l'Ordre des médecins le rappelle aux collectivités et aux promoteurs, "concrétisez d'abord avec les professionnels de la santé en particulier les médecins, un projet commun et puis lancez-vous dans la construction."
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Attirer de nouveaux médecins, mais comment ?
Des annonces sont diffusées dans le bulletin semestriel du Conseil départemental de l'Ordre des Médecins et sur une plateforme numérique pour la mission d’accueil du Pays du Velay. Mais plutôt que d'attendre que les candidats viennent à eux, les deux entités se déplacent dans les facultés de médecine à Clermont-Ferrand, Lyon ou encore Saint-Etienne lors des Journées d'installation ou des remises de diplômes, pour promouvoir le département et donner envie aux jeunes médecins de s'y installer. Des actions de formation médicale continue sont également organisées au sein de l'hôpital Emile Roux. "On essaie de brasser les internes avec les médecins libéraux et les médecins hospitaliers. Ce sont des actions très suivies qui permettent de créer des liens", ajoute le président du Conseil départemental de Haute-Loire de l'Ordre des médecins.
Stéphanie Marin
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