L'affaire du couple molesté entre les mains de la justice

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 21/02/2024 à 06:00

L’histoire arrive entre les murs du tribunal judiciaire du Puy, ce 20 février 2024. Un an et demi auparavant, un couple a été agressé en plein cœur du Puy par des individus assumant clairement leurs actes sur les réseaux sociaux. La cause de leur passage à tabac ? La victime portait un maillot du club de foot Sankt-Pauli, club allemand connu pour son positionnement antifasciste.

Pour rappeler rapidement les faits, la librairie des Arts enracinés de la rue Raphaël avait programmé, le samedi 27 août 2022, une conférence intitulée « la hiérarchie raciale et le racisme bien compris » par Hilda Lefort (anagramme de Adolf Hitler).

Aussitôt l’info partagée, le collectif du Réseau antifasciste de la Haute-Loire (Rafahl) se met alors en marche pour se dresser contre la présence d’Hilda Lefort en organisant une mobilisation à proximité de la boutique. À noter que Hilda Lefort est connue pour ses positions extrêmes, trempées dans de la sauce néo-nazie bien assumée.

« Le pays a besoin de tendre son bras droit »

Face à la pression des « antifas », celle qui affirme entre autre que « le pays a besoin de tendre son bras droit (salue hitlérien, Ndlr), en plein soleil, en pleine franchise » renonce à l’invitation de Maxime Sanial, patron de la librairie des Arts Enracinés. Malgré tout, des sympathisants à sa cause se rendent tout de même au Puy-en-Velay.

Molester quelqu’un pour un t-shirt

Ce jour-là, un couple, totalement étranger selon eux à ce qui se trame dans la rue Raphaël ce samedi 27 août 2022, se promène en amoureux dans la rues des Farges. Mais, au grand dam du compagnon, il porte un t-shirt en l’honneur du club de foot allemand St-Pauli. Ce dernier défend depuis ses débuts l’acceptation de l’autre, la tolérance et l’humanité. Ses membres combattent les idées fascistes, homophobes, sexistes et toutes les formes de discriminations possibles.

« Les cris des passants, des familles, des témoins, fusent dans la rue sans que cela n'arrête les fascistes de frapper »

Malheureusement pour le couple, il croise quatre personnes présentes quelques minutes auparavant à la boutique de la rue Raphaël. « Les quatre fascistes ont sauté sur la victime et lui ont assenée coups de poings et coups de pieds au sol, est-il décrit sur la page Facebook Rafahl. Les cris des passants, des familles, des témoins, fusent dans la rue sans que cela n'arrête les fascistes de frapper ».

Une fois l’agression terminée et les individus enfuis, le couple sera pris en charge par les pompiers et transporté aux urgences. « La victime ressortira avec des hématomes sur la tête, des points de suture au visage, selon Rafahl. Choqué, le couple a porté plainte et les témoins ont également apporté leur aide ».

Fiers de l'agression, certains des individus, dont un présent à la barre du tribunal judiciaire du Puy ce 20 février 2024, publient même le molestage sur les réseaux sociaux (post qui serviront comme pièces à conviction pour l'avocat de la victime). 

La présence du chef de la Cocarde étudiante de Clermont-Ferrand

Dans la salle du tribunal, le couple se tient à quatre bancs derrière les prétendus agresseurs (l'affaire ayant été portée en délibéré au 28 mars, la présomption d'innocence demeure). Sur les deux prévenus cités à comparaitre, seul un a fait le déplacement. Il est accompagné de Julien Chmielewski, responsable de la Cocarde étudiante, « syndicat étudiant d'extrême-droite présent à l'Université Clermont Auvergne et du Rassemblement national de la jeunesse du Puy-de-Dôme », décrit ainsi selon un article de Francebleu ou encore de La Montagne

Selon de nombreuses sources toutes vérifiables sur ce LIEN, la Cocarde étudiante est « coutumière des actions violentes », dixit Streetpress. 

« Donc, vous soutenez clairement cette agression ? »

Pendant 1h30, s'en suit alors la confrontation des arguments entre les deux parties. Quand l'avocat des prévenus dénonce la nullité du contrôle d'identité effectué par un agent de police non habilité, l'avocate des victimes se concentre sur la mise en avant des "exploits" des mis en cause sur les réseaux sociaux quelques jours après l'agression. 

Le prévenu admet avoir été présent le jour de l'agression avec trois autres amis. Mais il nie en bloc avoir porté les coups qui ont provoqué ecchymoses, points de suture au visage et chocs émotionnels au porteur du maillot St Pauli. Ce dernier assure de son côté avoir bien été frappé par lui et un autre de ses amis. 

Pour appuyer les affirmations de son client, l'avocate de la victime demande au mis en cause : « Votre pseudo sur Instagram, c'est bien Marcellus ? ». Ce que répond par l'affirmative l'interpellé. « C'est donc bien vous qui avait publié sur votre page "Saint-Pauli no show au Puy-en-Velay, un nez en moins" ? », interroge-t-elle. « Oui, c'est moi, c'est vrai », admet-il.  « Donc, vous soutenez clairement cette agression ? » Silence du prévenu.

« Nous n'avons pu certifier clairement l'identité des auteurs des coups »

Quant à l'avocat des deux mis en cause, il affirme : « Il n'y a pas de responsabilité pénale de fait d'autrui ! Car nous n'avons pu certifier clairement l'identité des auteurs des coups ». Si l'avocate du couple demande que 5 000 euros soient versés par chacun des interpellés à ses clients, l'avocat de deux hommes réclame la relaxe.

Le président du Tribunal judiciaire annonce porter l'affaire en délibéré à la date du 28 mars à 8h30 au Palais de justice du Puy-en-Velay.

 

 

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