J'ai testé pour vous : une immersion dans une eau à 4 degrés
La Chartreuse et Landestini pour le bien-être des élèves...et de la Terre
« Mon assiette, ma santé, ma planète ». Tel est le projet que les classes de 4ème et 3ème de la Segpa La Chartreuse mènent tout au long de cette année scolaire avec l’association Landestini. « L’objectif est de faire des cours en donnant du sens », confie l’enseignante Mireille Juigné.
Ils sont une vingtaine d’élèves à suivre les cours d’Aline Reichenbach, responsable du projet Champion de l’alimentation durable et de la biodiversité au sein de l’organisation Landestini. Tous scolarisés en classe de 4ème et 3ème Segpa (Section d'enseignement général et professionnel adapté) dans l’établissement scolaire privé La Chartreuse à Brives-Charensac, ils découvrent ainsi les secrets qui tournent autour de l’alimentation durable et de la biodiversité. « Le projet est un dispositif global que nous avons dans 15 établissements en Auvergne, explique Aline Reichenbach. C’est un programme pédagogique innovant autour de la sensibilisation à l’alimentation durable, manger de saison et se fournir localement. Je fais des séances en classe mais également l’élaboration de potagers et des échanges à l’étranger. »
Landestini ?
C'est une organisation à but non lucratif créée en 2019 par Fanny Agostini, journaliste environnement sur Europe 1 et Ushuaïa TV et ex-Miss Météo sur BFM TV, et Henri Landes, enseignant à Siences Po Paris sur le développement durable.
Leurs missions : Donner envie de se reconnecter à la terre (et la Terre), à la nature et à la ruralité, et de contribuer à la diversité et à la préservation du vivant.
« Le but est de connaître les étapes entre le producteur et le consommateur »
Depuis le début de l’année scolaire, elle investit périodiquement la classe de Mireille Juigné, responsable pédagogique et professeur d’atelier en Hygiène Alimentation Services (HAS). « Nous nous sommes rendus compte que ces jeunes, qui sont tous en grande difficulté scolaire, adhèrent beaucoup mieux lorsque l’on travaille à partir de projets, souligne Mireille Juigné. Cette année, le projet mis en place s’appelle « Mon assiette, ma santé, ma planète ». Le but est de connaître les étapes entre le producteur et le consommateur, mais aussi les problèmes du réchauffement climatique et ses conséquences sur la production et les produits ».
Utiliser les produits agricoles différemment
Après avoir parcouru les thèmes du bien-être et du mal-être animal, les différentes types d’agricultures et l’écosystème, les adolescents se sont attelés à comprendre les liens entre agriculture, nourriture et environnement. « Pour faire cette connexion, j’ai fait venir deux cuisiniers au mois de décembre, livre Mireille Juigné. Avec les élèves, ils sont venus travailler des produits locaux afin de leur montrer comment les cuisiner et comment les allier ensemble d’une façon qu’ils ne connaissaient pas forcément ».
« Nous aimerions également élargir nos interventions auprès des adultes qui ont parfois les mêmes degrés de lacunes que les élèves ». Aline Reichenbach
« Bien entendu, nous avons parlé de la lentille verte du Puy »
Pour la troisième séance d’Aline Reichenbach, les jeunes ont découvert les spécialités locales du territoire altiligérien mais également celles du Cantal et de la Lozère. « Bien entendu, nous avons parlé de la lentille verte du Puy, indique l’enseignante. Ils ont vu que cette légumineuse n’est pas cantonnée qu’au plat traditionnel saucisse-lentilles mais qu’elle pouvait être préparée en dessert sucré. Nous avons étudié les fromages notamment celui avec les artisons ou encore le fin gras du Mézenc. »
Mireille Juigné ajoute en ce sens : « Ensemble, nous avons constitué un livre de 200 recettes intitulé « Découvrir, transmettre et partager ». Les conditions étaient que les jeunes devaient chercher des recettes locales, anciennes et nouvelles, au sein de leur propre famille et du personnel de l’établissement scolaire. Une fois ce bouquin édité, nous en avons déjà vendus plus de 500 exemplaires ! »
« Nous devons adapter le programme du collège pour que ces jeunes soient dans la réussite. Et surtout qu’ils reprennent confiance en eux en choisissant un métier qui correspond à leurs capacités, leurs envies et leur vision d’avenir » Mireille Juigné
Les mains vertes dans la terre noire
Mardi 4 mai, les 20 filles et garçons de la classe Segpa La Chartreuse ont exploré le monde qui relie les producteurs aux transformateurs et aux distributeurs, ainsi que le gaspillage alimentaire. « D’ici fin mai, nous devrions visiter une exploitation agricole, précise Mireille Juigné. Et avant que l’année scolaire ne soit terminée, on mettra les mains dans la terre dans un vrai jardin à la Chartreuse. Avec le professeur d’espace vert M. Pubellier, nous allons composer un jardin aromatique essentiellement. »
« Je constate en effet une certaine carence sur la provenance des aliments »
« Ce qui est compliqué c'est de vulgariser les notions, annonce Aline Reichenbach. Pour cela, on fait des jeux avant d’introduire des notions. Sur l’ensemble des établissements, je constate en effet une certaine carence sur la provenance des aliments, une carence à tous les niveaux de classe. » Le but, pour l’association Landestini est que les élèves se posent des questions sur l’alimentation et les produits qui la constituent. « Si on peut donner envie à certains jeunes de se diriger vers ces métiers qui composent la sphère de l’alimentation durable, c’est super, s’exprime encore Aline Reichenbach. Mais nous aimerions également élargir nos interventions auprès des adultes qui ont parfois les mêmes degrés de lacunes que les élèves ».
« Et surtout qu’ils reprennent confiance en eux »
Au-delà d’inculquer aux élèves ces savoirs sur les produits alimentaires et la logistique qui les entourent, la pédagogie appliquée en projet revêt un objectif très précis. « C’est celui de faire des cours en donnant du sens, insiste Mireille Juigné. Les élèves qui sont là mettent très peu d’images quand on parle. Dans ces classes, on est dans le faire. Mais ce faire, il faut l’expliquer profondément et le mettre en pratique. » Elle continue : « Nous devons adapter le programme du collège pour que ces jeunes soient dans la réussite. Et surtout qu’ils reprennent confiance en eux en choisissant un métier qui correspond à leurs capacités, leurs envies et leur vision d’avenir. Certains rentrent ensuite en CAP, en Bac Pro et même parfois en licence ».
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