Incendies sous contrôle

Vendredi 28 mars 2025, une funeste affaire a été jugée au Puy-en-Velay par la Cour criminelle départementale. Les faits remontent au mardi 20 mars 2018 dans le Super U d'Aiguilhe. La victime, une personne de 68 ans. L'agresseur, un homme de 24 ans. Conséquence de l’altercation, un mort.
Il y a presque sept ans, jour pour jour, c’est dans une file d’attente de caisse du Super U d'Aiguilhe que l’accusé et sa grand-mère se présentent presque en même temps que la victime. La scène de violence ne dure que quelques secondes. Mais elle aura une dénouement tragique.
Parce que le sexagénaire lui est passé devant au moment de régler ses courses selon le prévenu, le mis en cause s'est senti attaqué. Il s’emballe alors et agresse physiquement la personne. Cette dernière chute au sol. Huit jours plus tard, sa vie se termine.
"Nous savions qu’il avait des problèmes de hanche et qu'il était fragile"
Selon les employés du commerce, la victime s'avère être un client régulier. "On le connaissait bien, affirmera une hôtesse d’accueil. Nous savions qu’il avait des problèmes de hanche et qu'il était fragile".
Des témoins souligneront les paroles violentes adressées à la victime par son agresseur. Et puis cet ultime geste qui la fera chuter lourdement au sol. "J’ai voulu m’excuser et l’aider à se relever, assurera le prévenu. Mais il n'a pas voulu". Il paie alors ses courses et quitte la grande surface, laissant le sexagénaire gisant à terre.
Entre les murs du tribunal ponot, tous les témoins de la scène se sont dit unanimement surpris par la réaction de l'agresseur, une réaction teinte d'une absence d'empathie profonde envers le vieil homme.
Le décès de la victime
Suite à l'altercation, un transport au Centre Hospitalier Émile-Roux a tout de suite été déclenché. Des lésions sont constatées, une au coude et l’autre au fémur. L'immobilisation totale de la victime est nécessaire. Porteur d’une prothèse de hanche, il est transporté à la clinique Bon Secours pour se rapprocher du service d’orthopédie possédant un matériel très spécifique.
Malheureusement, l’état de la victime et son alitement altèrent ses fonctions vitales. L'opération du fémur est prévue le 28 mars 2018. Mais elle n’aura pas lieu. La victime décède cette nuit-même.
"Mon papa n'était pas un grabataire. Il gardait souvent mon enfant. C'était un papa aux qualités extraordinaires. S'il n’était pas allé à Super U ce jour-là, s'il n'avait pas croisé la route de cet homme, il serait encore là pour partager des moments avec mon fils". La fille de la victime
Les caméras de surveillance ne mentent pas
Durant le procès, le jeune homme est décrit par ses proches comme un personne gentille et serviable, entreprenante et résiliente. Les expertises psychologiques ne relèveront également aucun signe de trouble mental, de personnalité, de perception de la réalité, ni d'aucune pathologie pouvant altérer ses facultés.
Il n'en reste pas moins que ses arguments énoncés à barre, assurant que c'est la victime la première qui a cherché à en découdre, se sont révélés faux, démontés par les caméras de surveillance.
Sept ans avant d'être jugé
En novembre 2018 s’est tenue la première audience en correctionnelle. Le prévenu se présente sans avocat, ne reconnaissant pas la gravité des faits. Une expertise de l’accusé est demandée.
En juin 2019 a lieu l'audience correctionnelle. Le mis en cause est absent, partie un temps en Australie.
En novembre de cette même année, l'audience en correctionnelle est renvoyée pour "incompétence du tribunal à juger les faits". Il a fallu attendre le mois de mars 2021 pour qu'il soit mis en examen et placé sous contrôle socio-judiciaire dans l’attente d’un nouveau procès.
Deux ans de bracelet et trois ans de sursis
Face à tous les arguments amenés au cours des auditions, le discours du présumé changera et évoluera dans une prise de conscience de la gravité des faits. L’avocat générale demandera quatre ans de prison ferme et un an de sursis probatoire. La défense proposera un aménagement de cette peine.
Jugement. La Cour reconnaît l’accusé coupable de « violences ayant entraînées la mort sans intention de la donner » et le condamne à cinq ans de prison dont deux ans avec un bracelet et trois ans de sursis probatoire.
De notre correspondante de presse : Sylvie Mialon