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Jessy Trémoulière, du rugby de haut niveau à la ferme familiale
Zoomdici: Pourquoi envisager dès maintenant ce que vous allez faire après le rugby ?
Jessy Trémoulière : C’est un projet que j’avais dans la tête et qui mûrit de plus en plus vu que ma carrière sportive est déjà bien entamée. Je sais que j’ai plus d’années de rugby derrière moi que devant moi. J’ai 27 ans cette année, j’ai attaqué le rugby en 2011 avec l’équipe de France et j’ai eu mon contrat professionnel en 2015. Cela dit, je ne me fixe pas de date précise pour arrêter, ça va venir tout seul. Pour le moment, je m’épanouis dans mon sport et j’ai un objectif : la Coupe du monde en 2021.
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Est-ce que vous mûrissez depuis longtemps l’idée de vous reconvertir dans l’agriculture?
J.T. : Oui, car j’ai fait mes études dans ce domaine-là [un Bac Pro agricole et un BP Paysagiste, Ndlr] et y ai vécu depuis toute petite. Dès l’âge de 6 ans, j’allais traire les vaches. A 10 ans, je conduisais le tracteur. Aujourd’hui encore, quand je reviens en Auvergne, durant l’été ou lorsque j’ai une semaine de libre, je suis à la ferme du matin au soir. D’autant plus que j’adore ça, c’est quelque chose qui m’épanouit, qui me fait m'évader hors du terrain rugbystique. D’ailleurs, je fais beaucoup moins de préparation physique dans ces moments-là.
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Passer à l’agriculture ne m’effraie pas du tout : chaque métier a ses contraintes, ses difficultés, mais il ne faut pas voir que ça parce qu’il y a aussi beaucoup de points positifs. Et, si personne ne fait le métier d'agriculteur, qui va nourrir le monde ou la France ? Qu’est-ce que le paysage va devenir ? Moi, j’ai envie de regarder ces valeurs-là et pas de voir seulement le côté contraignant.
En quoi consiste votre projet exactement ?
Le but serait de reprendre la ferme familiale avec mon papa et mon frère. Je pense que mon père prendra sa retraite quand je vais rentrer, ça va le soulager un peu. Nous avons un atelier de viande bovine en agriculture bio, donc pourquoi pas faire de la vente directe et voir petit à petit où ça va me mener. J’aimerais aussi faire de la vache laitière également et pouvoir vendre le lait directement au consommateur, même si actuellement c’est un peu plus compliqué que pour la viande. Mon envie est de faire goûter les produits du producteur, pour fournir une alimentation plus saine que ce que proposent les grandes surfaces, sans que ce soit pour autant plus cher.
Trouvez-vous des points communs entre le monde agricole et le monde du sport ?
On retrouve un peu les valeurs sur le dépassement de soi-même, la remise en question. Le métier d’agriculteur demande à ce que l’on soit débrouillard, et il faut toujours persévérer, comme au rugby. Ce sport m’a appris à plus m’ouvrir au travail collectif, ce qui est également nécessaire pour le travail agricole. C’est pareil : il ne faut pas être fermé et il y a des avis à prendre en compte à l’extérieur pour pouvoir progresser encore plus.
Propos recueillis par Eddie Rabeyrin
(Crédit photo : Vincent Inigo FFR)
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