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Fusion des régions : un grand Massif Central, la solution de René Souchon
René Souchon est convaincu qu'il faut renforcer les coopérations existantes. En effet, déjà six régions collaborent en Groupement d'intérêt public (GIP) Massif Central : l'Auvergne, le Rhône-Alpes, la Bourgogne, le Languedoc-Rousillon, le Midi Pyrénés et le Limousin.
Cette coopération sous forme de GIP est unique en France, c'est donc une opportunité à saisir pour l'Auvergne qui pourrait s'en retrouver renforcée, avec Clermont-Ferrand comme métropole régionale. "Cette coopération préfigure ce que pourrait être une région Massif Central, ce qui me semble être la solution", juge René Souchon, le Président de Région, "avec une identité géographique, géologique, culturelle et des atouts économiques indéniables".
Plus grande forêt de France, premier troupeau spécialisé d'Europe et puissante industrie
Ces "atouts" sont une référence, notamment, à la plus grande richesse forestière de France, qui se situe aujourd'hui dans le Massif Central. Aujourd'hui, cette ressource est peu utilisée, "c'est un chantier qui est devant nous", reconnaît le Président de l'exécutif régional, "mais croyez-moi il y a quelques milliers d'emplois à la clef". Idem pour l'agriculture avec le premier troupeau spécialisé viande d'Europe, qui se trouve lui aussi dans le Massif Central. Il comprend la race Limousine, la race Charolaise, la race Salers, le tout concentré sur quelques départements appartenant à ce GIP Massif Central.
Enfin, l'Auvergne combine une ruralité et une industrie extrêmement fortes, "avec des fleurons comme Michelin que tout le monde connaît, mais aussi Aubert & Duval qui propose 2 500 emplois aux Ancizes et avec une nouvelle usine en construction, Constellium qui annonce encore 40 millions d'euros d'investissement à Issoire, ou encore Auvergne aéro-nautique, sous-traitant de premier rang d'Aibus... L'Auvergne est très industriel par rapport à la moyenne française, tout en conservant un important aspect rural".
L'éclatement de l'Auvergne "serait une insulte à l'histoire"
Cette solution prônée par le Président de la région Auvergne aurait un atout fort : elle évite un éclatement de la région en trois, avec une partie en Rhône-Alpes, une partie en Midi-Pyrénnés et une partie en Limousin. Une option jugée "dramatique" pour celui qui est à la tête d'une région qui fait partie de celles qui ont la plus forte identité en France.
"Son éclatement serait une insulte à l'histoire, on ne peut pas la rayer de la carte", s'emporte-t-il, "il y a peu de régions en France qui ont une identité historique ou culturelle aussi marquée que la notre : la région Centre n'a aucune identité culturelle par exemple, ce qui n'est pas le cas de la Bretagne ou de l'Auvergne. Quand on fait des analyses d'opinion à travers des sondages, y compris à l'étranger, on s'aperçoit que cette identitée est très fortement reconnue".
Avec la région Rhône-Alpes, des réussites et des échecs
"Il y a une forme de mépris de la part des lyonnais vis à vis de l'Auvergne car ils se considèrent supérieurs", déplore René Souchon. "Rhône-Alpes n'a pas voulu travailler avec les universités d'Auvergne sur l'innovation. La société de transfert de technologies que nous avons créé, c'était avec le Poitou-Charentes et la région Centre".
Le canceropôle est en revanche une coopération dans la lutte contre le cancer menée de concert par les régions Rhône-Alpes et Auvergne, financé par les deux régions. Dans le domaine universitaire aussi, des coopérations existent, surtout autour du bassin stéphanois.
----Cette mesure de réduire de moitié le nombre de régions françaises a pour objectif de réduire les dépenses publiques et clarifier les compétences des collectivités. Avec ces extensions, les régions devraient se voir confier de nouvelles responsabilités, notamment au niveau social et environnemental.-----Une carte encore un peu floue...
Une fusion brute des régions n'aurait "pas de sens" pour René Souchon : "il faut procéder à des redécoupages, surtout si les départements disparaissent, dont la partition a été faite à l'époque en fonction des temps de parcours à cheval... On n'en est plus là et il faut revoir la copie. Par exemple la région Rhône-Alpes, qui est la deuxième de France avec plus de huit millions d'habitants, et bien je trouvererais légitime que Saint-Etienne y demeure mais une partie de la Loire pourrait nous rejoindre, notamment les Monts du Forez, qui appartiennent au Massif Central. La fourme de Montbrison, par exemple, est une appellation d'origine fromagère du Massif Central et dont la promotion est assurée par notre GIP".
L'idée est d'avoir deux régions intégrales (Auvergne et Limousin) et quatre régions (Bourgogne, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénnés et Languedoc-Roussillon) qui n'y seraient qu'en partie, avec par exemple le Morvant (dans la Nièvre), la Lozère ou l'Aveyron. Mais dans le Limousin, Limoges et la Haute-Vienne iraient plutôt du côté de Poitiers, alors que la Creuse et la Corrèze rejoindraient le Massif Central... Quant au Langueoc-Roussillon, il pourrait éclater et la Lozère devrait rejoindre la grande région prônée par René Souchon.
----Les Régions pourront proposer de fusionner, mais en l’absence d’accord après les régionales et les départementales de 2015, le gouvernement proposera une carte pour le premier janvier 2017. Il existe actuellement 26 régions (dont 22 en métropole).-----... mais des pourparlers déjà bien avancés
Depuis 2006, les six régions du GIP travaillent ensemble à travers une structure juridique qu'elles ont créé elles-mêmes. Les réunions sont régulières, un conseil d'administration est présent, la présidence est tournante, des assemblées générales ont lieu et il y a aussi des comités de pilotage et de programmation pour mettre en oeuvre les fonds européens et de l'Etat affectés au Massif Central sur des thématiques choisies par les exécutifs régionaux et qui correspond à la stratégie de valorisation du Massif Central en tant qu'entité montagneuse.
L'idée est donc d'aller encore plus loin, "on a la chance d'avoir une bonne base, avec en travail en commun depuis plusieurs années, qu'il faut consolider et renforcer", juge-t-il, "ce qui n'est pas le cas pour bon nombre de régions françaises". Reste la question des moyens, avec des régions qui pourraient se retrouver beaucoup plus pauvres que d'autres... ce qui pourrait être le cas du Massif Central ? "Il suffit de traiter le problème par le transfert de moyens financiers, par la péréquation", tranche l'élu, "et nous disposons quand même de certaines richesses, comme nous l'avons évoqué précédemment".
Une région qui prendrait une dimension européenne
La moyenne européenne des régions est de 21 000 km² alors que les régions françaises font en moyenne 25 000 km². "Le problème ne vient pas de la taille mais des compétences et des moyens et le gouvernement a raison quand il décide d'accorder des compétences exclusives aux régions et aux départements, je l'ai toujours demandé et c'est très bien qu'on y arrive. Mais si on fait les régions trop grandes, il faut veiller à garder accessible aux citoyens les lieux de décision".
Il y a pourtant 3 900 000 habitants dans le GIP Massif Central (environ trois fois plus qu'en Auvergne), qui comprend aujourd'hui 4072 communes et 22 départements. Si Clermont demeure la capitale régionale, il y aura forcément des citoyens éloignés des lieux de décison. "Mais on a une identité forte, en coeur de France et qui pèse au niveau européen", tempère le Président de Région. L'UE a en effet accepté pour la deuxième fois consécutive de donner un programme spécifique de fonds européens à ce GIP pour financer la plus-value du Massif Central sur la forêt, l'économie ou le tourisme par exemple.
Une réforme qui ne verra pas le jour de sitôt
Pour autant, cette réforme ne devrait pas aller aussi vite que l'a souhaité Manuel Valls, soit en 2017. En effet, des problèmes institutionnels se présentent, avec notamment les élections régionales l'an prochain : les élus auront un mandat de six ans, soit jusqu'à 2021 donc "même si en 2017 vous pouvez décider de la nouvelle carte des régions, vous n'avez pas le droit de supprimer la moitié des élus et il faut attendre au moins 2021 pour mettre en route cette réforme".
De plus, la transition s'annonce très complexe et la mise en oeuvre fastidieuse : "prenez l'exemple du Très haut Débit, l'Auvergne a deux ans d'avance sur tout le monde avec un système particulier. Avec la région Massif Central, on va se trouver avec des territoires qui ne sont pas du tout au même niveau : alors est-ce à nous de payer la mise à niveau ? Comment on procède ? Idem pour le matériel ferroviaire, où l'on pourrait avoir un décalage de services important à résorber". La mise en ouevre paraît donc encore assez lointaine.
Maxime Pitavy
- Qu'en pensent les autres régions ? Dans un communiqué, Jean-Jack Queyranne, le Président de Région Rhône-Alpes a déclaré :
"Une vraie étape de la décentralisation est enfin engagée après les mauvais bricolages de ces dernières années. Je souhaite une loi-cadre qui définisse très vite les objectifs de clarification et de responsabilité de chaque collectivité locale. La réduction du nombre des Régions n’a de sens que si elle s’accompagne d’un renforcement de leurs compétences et de leurs moyens. La suppression des Départements s’impose pour des raisons de simplification et d’économie au profit des Régions et des Intercommunalités. Il faut que chacun ait désormais des compétences bien définies. Le Gouvernement devra aussi réformer l’Etat, devenu de plus en plus impuissant à répondre aux attentes du quotidien des Français. Il lance un grand défi : transformer notre organisation administrative, en sortant du statu quo. Il lui faudra une détermination sans faille pour penser la France du XXIème siècle".
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