Un homme brûlé à près de 80 % s'effondre devant sa maison
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FO43 prête à braver l’interdiction des rassemblements
« On peut être 16 dans une classe de collège, 35 à une réunion de professeurs, ou bien plus dans un atelier… mais les syndicats, eux, n’ont pas le droit de se rassembler à plus de dix personnes ! » Le secrétaire départemental de Force Ouvrière en Haute-Loire vit cette situation comme une atteinte grave au droit syndical. Pascal Samouth estime que les organisations syndicales sont tout aussi capables d’organiser et de faire respecter les règles de sécurité sanitaire qu’une entreprise ou une administration : « Il y a bien eu des manifestations de personnels hospitaliers parisiens avec masques et distanciations ; nous aussi on peut le faire. »
Quant à parler de préparer une véritable manifestation de rue, le leader syndical laisse planer le suspens. Du tractage peut-être ? Motus et bouche cousue.
En tout cas, les motifs de la grogne syndicale ne manquent pas. Après avoir fait remonter ses exigences en préfecture, Force Ouvrière a alerté la presse à l’occasion du déconfinement. Le sujet de la reprise dans les écoles a été abordé dans un premier article. Mais reste la question des personnels territoriaux et des employés d’industrie.
Le chômage partiel : un effet d’aubaine
Concernant ces derniers, Michel Pinatel, ouvrier de la métallurgie dans l’Yssingelais, fait remarquer que dans certaines entreprises « il faut se battre au quotidien pour avoir des conditions de sécurité réelles : des salariés travaillent sans masques, le gel hydroalcoolique c’est eux-mêmes qui se l’apportent… S’il y avait un dépistage systématique, ce serait beaucoup plus simple. »
Il fait remarquer que le dispositif de chômage partiel représente un effet d’aubaine pour les employeurs dont les entreprises connaissaient déjà des difficultés bien avant l’épidémie. Et de citer pèle-mèle les fermetures des usines Bonna Sabla de Bas-en-Basset en début d’année, plus tôt de Cheynet à Saint-Just-Malmont, de Copirel à Mazeyrat d’Allier et la pratique épisodique du chômage technique sur le site Michelin de Blavozy encore à l’automne dernier. « Ces causes ne vont pas disparaître avec le virus », relève-t-il, constatant que dans beaucoup d’entreprises, notamment les petites, les carnets de commande ne sont pas au rendez vous.
Le Gouvernement facilite les licenciements
Et quoi qu’en disent les mauvaises langues, « le chômage partiel, ce n’est pas des vacances ; on subit une forte baisse de salaire » si l’employeur ne complète pas au-delà des 84 % fournis par l’État. S’il reconnaît que les milliards d’aides accordées aux entreprises sont légitimes, il estime nécessaire que celles-ci soient conditionnées à des garanties de maintien de l’emploi « et pas à l’enrichissement des actionnaires ». Or, le syndicaliste constate « qu’au contraire le Gouvernement permet, par ses ordonnances, d’accélérer les procédures de consultation en cas de licenciements ! »
On démembre l'industrie et on commande à l'étranger
Pour Michel Pinatel, la crise sanitaire actuelle est aussi un formidable plaidoyer la relocalisation de l’outil industriel. « Il faut commander des bouteilles d’oxygène à l’étranger, des médicaments, du gel, des masques… alors que Cheynet aurait pu en faire des masques ! », peste-il, indigné que des marchands peu scrupuleux profitent de la pénurie pour augmenter les prix des masques : « huit centimes en janvier, 95 centimes en mai ! » Il y voit les conséquences des délocalisations et de la désindustrialisation du pays, demandant une véritable politique industrielle, « avec la nationalisation si c’est nécessaire ».
Et Pascal Samouth de rappeler que le plan de « retour à l’équilibre » de l’hôpital Emile Roux du Puy-en-Velay était toujours sur les rails. Encore que les dernières annonces du président de la République laissent entrevoir un hypothétique revirement… A partir de la semaine prochaine, le Ministre de la santé doit entamer des discussions en vue d’une revalorisation des salaires et des carrières au plan national et d’investissements dans les bâtiments et le matériel.
Tous les agents du Puy et de l'Agglo se sont vus imposer six jours de congés, même ceux qui ont assuré la continuité du service
Pour les personnels territoriaux, c’est Christophe Teyssonneyre qui s’exprime. Le responsable FO fait partie des 12 000 agents de la Ville du Puy, de l’Agglomération et du CCAS (Centre communal d’action sociale). Il regrette que tous les services de la mairie du Puy et de l’Agglo rouvrent sans garanties précises sur la sécurité. « Les masques mis en disposition sont de type grand public, fabriqués par des bénévoles ; nous n’avons aucune information sur leur degré d’efficacité », déplore-t-il [Ndlr, les masques en tissu de l'atelier de confection du Département sont vérifiés et conditionnés par l'hôpital Emile Roux]. Quant aux personnels non enseignants des écoles, les problèmes sont identiques à ceux des professeurs, même si ce n’est pas le même employeur : « Les cantinières, les ATSEM sont chargées de lourdes missions de nettoyage, notamment dans les salles de classes après les repas froids, dans des conditions sanitaires problématiques. »
Christophe Teyssonneyre s’oppose aussi à la remise en cause du droit à congé, un droit statutaire : « Au prétexte de la crise sanitaire, tous les agents se sont vus imposer six jours de congés, comme l’autorisent les ordonnances du Gouvernement. Même ceux qui ont assuré la continuité du service pendant cette période sont impactés : EHPAD, police municipale, collecte des ordures ménagères, service paye… C’est une drôle de façon de les remercier pour leur engagement, surtout que d’autres communes importantes du département n’ont pas fait ce choix. »
Enfin, pour Pascal Samouth, cette crise est utilisée pour remettre en cause nombre de droits. « Le droit syndical, le droit de grève, les libertés collectives sont inscrits dans la constitution, nous saurons en user si nécessaire », lance-t-il.
Annabel Walker
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