On en sait plus sur les 1,3 millions d'euros de subventions régionales pour Saint-Vidal

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:56

Zoomdici a déjà très largement fait écho de cet épineux dossier et le mois dernier, nous avions pu joindre dès le samedi matin Vianney d'Alençon, le propriétaire, qui se défendait de mettre un centime de cet argent public dans sa poche, alors que les élus d'opposition s'indignaient de l'attribution d'une "subvention d'un million d'euros pour une personne privée, pour la valorisation de son propre patrimoine".
Un article qui n'aura pas laissé les lecteurs de Zoomdici de marbre, avec plusieurs dizaines de commentaires. Notons également que la Région nous avait finalement répondu dans un communiqué le dimanche. Il faut dire que le sujet est hautement polémique : depuis le début du projet, le propriétaire de la forteresse est critiqué (parfois même menacé, même physiquement, une enquête a été ouverte, comme évoqué dans notre dossier "Saint-Vidal : entre ambitions, privatisations et contestations") pour les importantes subventions qu'il est parvenu à glaner auprès des collectivités locales. 600 000 € déjà votés en juin 2017 par le Conseil régional, sans compter les aides versées par les collectivités locales du Département (300 000 €) et de l'Agglomération du Puy-en-Velay (300 000 €). Une nouvelle subvention d'un million d'euros a fait déborder le vase en février dernier. Au point de voir l'exécutif reculer... pour mieux sauter finalement.

Rénovation d’enduits, réfection des plafonds et des huisseries
Concrètement, le dossier qui sera voté vendredi prochain est scindé en deux parties : l'une pour la restauration du patrimoine, l'autre pour les aménagements à réaliser en vue d'accueillir les spectacles. Pour la première partie, il conviendra de poursuivre les travaux engagés l'an dernier, pour lesquels la collectivité avait déjà attribué une subvention de 234 000 €. Rénovation d’enduits, réfection des plafonds et des huisseries seront au menu pour 2019. Le coût des travaux est estimé à 1 238 299 € H.T. 
Il est stipulé dans le document de travail de la commission permanente, que Zoomdici s'est procuré, que "la Direction Régionale des Affaires Culturelles a confirmé son financement à hauteur de 42 %". C'est donc 
une subvention de 371 489 € (soit 30%) qui sera soumise au vote, le reste de l’opération étant pris en charge par l’Association.

Reconstitution  d'une brasserie et spectacle de jets d’eau sur les Fables de la Fontaine 
Quant au second volet, qui concerne les activités scénographiques, il devrait permettre de poursuivre les investissements liés à la création d’un spectacle sur l’artisanat avec la reconstitution d’une brasserie au XVIème siècle (réhabilitation d’un bâtiment attenant à la forteresse, achat de machinerie, décors et mise en scène), mais aussi à la création d’un spectacle de jets d’eau sur les Fables de la Fontaine (machinerie, décors, son et effets pyrotechniques).
L’amélioration de la scénographie du spectacle « La mémoire d’un peuple » (achat de décors, diffusion vidéo...), ainsi que l’amélioration de l’accueil du public et de l’accessibilité du site par la création d’un espace de présentation de produits locaux et de toilettes sont les autres aménagements prévus. Le coût des investissements est estimé à 1 240 000 € H.T. Il sera proposé en commission permanente que la Région alloue une subvention de 992 000 € (soit 80%), le reste de l’opération, soit 248 000 €, étant pris en charge par l’Association.

----La culture n'est pas habituée à de telles sommes
"Quand on regarde les financements en matière culturelle de la Région, un million c'est énorme", s'étrangle Myriam Laïdouni-Denis, "l'Opéra de Lyon, par exemple, c'est trois millions d'euros et on finance des projets comme le Musée des Tissus mais qui sont propriétés de la Région, pour lesquels on a la maîtrise de la finalité, ce qui n'est pas le cas à Saint-Vidal". 
-----"La sincérité de la finalité affichée de ce financement pharaonique qui pose question"
Voilà le décor planté. Le dossier sera sur la table de la commission permanente ce vendredi 29 mars et nul doute qu'il sera validé par la majorité régionale, au grand dam de Myriam Laïdouni-Denis, conseillère régionale Europe ecologie Les Verts d'Isère, qui siège aux affaires culturelles et qui a vu le dossier revenir ce jeudi 21 mars : "ce projet est hautement contestable", fustige-t-elle, "et au delà de la pertinence du choix artistique pour la mise en valeur des lieux, très discutable à mes yeux, c'est bien la sincérité de la finalité affichée de ce financement pharaonique qui pose question".
En cause pour l'élue : "le contrat qui lie le propriétaire à la Région n'est contraignant que s'il décide de vendre son bien dans les 15 ans suivant le versement de ces subventions". Le bénéficiaire devrait alors justifier que les subventions perçues ne participent en rien à une éventuelle plus-value favorisant un enrichissement personnel. A défaut la Région pourrait demander le remboursement de tout ou partie des aides attribuées. "Mais rien n'empêche M. D'Alençon de modifier l'utilisation de sa propriété... avec un hôtel ou autre commercialisation des lieux à but lucratif privé", insiste Myriam Laïdouni-Denis, "c'est open bar pour faire autre chose après".

"Des améliorations minimales de transparence pour éviter le mélange des genres"
S'il votera également contre, le propos est plus nuancé du côté de Jean-François Debat, Président du groupe Socialiste et Démocrate, qui concède "des améliorations minimales de transparence pour éviter le mélange des genres" et quelques éclaircissements de la majorité par rapport au dossier présenté il y a un mois : "on a au moins quelques garanties données, puisque le vice-Président Brice Hortefeux nous a annoncé que Vianney d'Alançon ne sera plus le Président de l'association".
Il devrait démissionner au cours de la prochaine assemblée générale de l’Association pour la Valorisation de l’Auvergne, du Velay et du Gévaudan, le 27 mars prochain. Une mesure qui devrait mettre un terme au problème de confusion des genres et la suspiçion de voir les subventions attribuées à l'association venir enrichir son patrimoine de manière illégale. "C'est la moindre des choses", commente l'élu, "dans le projet précédent, il n'y avait aucun garde-fou quant à ce mélange des genres". 
Quant au risque de voir le propriétaire réaliser un projet privé sur le site, Jean-François Debat écarte cette hypothèse : "on a posé la question et s'il devait y avoir un projet privé, il ne pourrait pas être réalisé sur le site où les subventions sont allouées". 

----Du côté de la majorité et du propriétaire du château
Nous avons bien évidemment contacté les autres parties mais aucun élu de la majorité n'était disponible ce vendredi pour nous répondre. "L’opposition régionale a obtenu l’ensemble des réponses qu’elle avait sollicité", s'est contenté de nous répondre le service communication de la Région. Quant à Vianney d'Alançon, il n'avait rien à ajouter au témoignage qu'il nous avait livré il y a un mois.-----"La solution la plus claire serait que le château soit cédé à l'association"
C'est la proposition du groupe Socialiste et Démocrate. Son Président estime que ça permettrait d'avoir "une vision claire car il reste beaucoup trop de flou, notamment sur les projets de l'association et les projets privés du propriétaire". On sait en effet, comme expliqué dans notre article début janvier, que Vianney d'Alançon envisage d'acquérir une dizaine d'hectares pour développer son projet avec une brasserie artisanale historique, de la permaculture ou encore de nouveaux spectacles éloignés du château. 
Pour l'élu socialiste, il serait "de bon aloi qu'il y ait une présentation à l'ensemble des acteurs locaux et des financeurs de ce qu'est la réalité de l'ensemble des projets". Aujourd'hui, il estime que "personne n'a de vision claire de ce projet" et il souhaite que chacun puisse voir "quelle est la partie de l'intérêt culturel général, quelle est la partie projet privé et quel est l'impact sur les riverains. Tout le monde a le droit d'avoir ces éléments d'informations, et ce n'est pas polémiquer que de le demander".

Maxime Pitavy

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