Cayres : record d'affluence pour la Fête de la Musique

Ce samedi, avait lieu à Rosières, la troisième édition de l' " Emblavez Gaming Day". Le temps d'une journée, la salle des fêtes locale s'est transformée en véritable machine à remonter le jeu. Les organisateurs ont offert aux visiteurs, venus en nombre, une plongée vivante dans l'âge d'or du pixel, des consoles de jeu, des manettes aux fils torsadés et des écrans cathodiques. Bienvenue dans le petit monde du rétro-gaming, une culture à part entière qui fait du lien et qui relie entre-elles les générations.
Le rétro-gaming : du cultissime à portée de main et de la transmission
De "Super Mario Bros" ( fondateur en matière de pixel et icône intergénérationnelle) à " The legend of Zelda" , en passant par " Mega Man" et son design mythique ou les incontournables " Tetris" et " Donkey Kong". Ils sont tous là, les jeux de plateforme mythiques !
Les dalles, les passerelles et les blocs suspendus saturent les vieux écrans cathodiques . Les petits personnages d'à peine 15 pixels de haut, dessinés à coups de gros carrés numériques ont le geste un peu lourd. Ils sautent. Ils grimpent.Ils courent. Evitent les obstacles.
De l'emblématique NES ( Nintendo Entertainment System) à sa rivale, la Dreamcast SEGA, en passant par la Super Nintendo, la Game Boy ou la Megadrive, elles sont toutes là également. Toutes ces consoles de jeu qui auront marqué au moins trois générations. Des mains nerveuses glissent sur leurs manettes, s'accrochent, appuient, relâchent. Des pouces dansent sur les sticks, malmènent les croix directionnels et martèlent les boutons d'action.
Mario saute en boucle au rythme d'une musique 8-bit. Donkey Kong, le gorille jette des barils et des tonneaux en défiant les joueurs de son cri électronique déformé. L'univers sonore se résume à une sorte de boite à outils en furie. A mi chemin entre l'alarme intrusion et la fanfare de cirque. L'ambiance est à la fête foraine des années 80 et à la transmission entre générations. Une sorte de musée. Old school. Mais un musée dans lequel on touche, on joue, on vit. Les vieux expliquent aux jeunes. Les jeunes se plongent dans les jeux de leurs parents, parfois même de leurs grands-parents qui retrouvent vite les gestes et les réflexes qu'ils avaient oubliés et prennent le dessus sur la cyber-jeunesse.
" Les gosses découvrent avec émerveillement l'univers des pixels "
Le gaming day de l'Emblavez a atteint son but : réunir parents, grands-parents, enfants, curieux et passionnés autour d'un langage commun. Le public est venu en nombre, à la grande joie de Stéphane Souton, l'un des organisateurs de cet évènement qui en est cette année à sa troisième édition : " On attend environ 600 personnes sur la journée. Ca a a pris tout de suite. Ce genre de salons répond à une vraie demande. Les gosses découvrent avec émerveillement l'univers des pixels. Leurs parents, parfois même leurs grands-parents leur racontent plein d'anecdotes et leur donnent leurs astuces. Ca fait de ce lieu un vrai espace de transmission orale et ludique. Le rétro-gaming, c'est notre patrimoine, il faut le transmettre".
Les joies du rétro-gaming
Mais le salon, c'est aussi "the place to be" pour tous les passionnés de rétro-gaming, une communauté étonnamment diverse, unie par un amour commun pour le pixel, les challenges à l'ancienne et les mouvements de manette. Rien à voir avec des nostalgiques ou des geeks associaux. Bien au contraire. On a rencontré des curieux, des esthètes, des adeptes du collectif et surtout des joueurs exigeants.
" C'est rempli de bonne humeur"
Parmi les esthètes, Patricia, venue de Saint-Etienne pour l'occasion, totalement accro aux pixels : " J'adore le style épuré et économe des premiers jeux vidéos. Chaque pixel est super étudié. Les créateurs des premiers jeux exprimaient énormément de choses avec juste quelques carrés. Ca me fascine. Et puis ca stimule plus mon imagination que l'hyper réalisme actuel où tout est donné d'emblée. C'est beaucoup plus léger, c'est brut et naïf , c'est rempli de bonne humeur".
" Le jeu c'est avant tout quelque- chose de collectif "
Parmi les adeptes du collectif, on retrouve Stéphane : " l'un des buts du salon, c'est de montrer aux jeunes générations qu'on peut jouer ensemble physiquement, sans être connecté avec quelqu'un à l'autre bout du monde. On veut leur montrer qu'avant les jeux en ligne, les casques, les pseudos et les parties à distance, on était tous dans la même pièce, devant le même écran, avec les mêmes règles. On peut encore jouer en étant tous ensemble, en se partageant une manette, une console, en vivant tous la même aventure, avec un esprit de défi mais aussi d'entraide. Le jeu c'est avant tout quelque chose de collectif".
" C'est clair et basique, il faut sauter, viser, éviter, réfléchir et réagir "
Quant à Mathias et à son oncle, adeptes tous les deux, bien qu'ayant une génération d'écart, au rétro-gaming, ce sont avant tout des joueurs exigeants. Rien ne vaut pour eux la "pureté du gameplay" des premiers jeux vidéos : " Nous ce qu'on aime dans ces jeux, c'est que l'essentiel réside dans le jeu en lui-même, dans ce que le joueur fait, dans ce qu'il ressent et ce qu'il maitrise et pas dans tous les artifices qu'on peut trouver aujourd'hui. C'est clair et basique, il faut sauter, viser, éviter, réfléchir et réagir. La prise en main est immédiate et tu te retrouves directement dans l'action sans passer par de longues explications, des menus hyper complexes et des tutos interminables".
Pas plus facile pour autant : " dans ce genre de jeu il faut être très bon, sinon tu galères. Il n'y a aucune sauvegarde possible, aucune assistance automatique. Si tu rates, tu recommences ! Point ! Et tu ne gagnes jamais du premier coup. Il faut être endurant et perspicace. C'est ça qui fait le charme de ces jeux".
Et le futur-gaming dans tout ca ?
Bien que ne jurant que par les pixels et les consoles, il arrive tout de même aux rétro-gamers de se projeter dans le futur et d'envisager l'avenir du jeu vidéo. Avec une forme de lucidité critique, de fascination et de prudence. Pour Stéphane, les jeux du futur seront toujours plus poussés : " la réalité virtuelle sera toujours plus perfectionnée, ce sera encore plus immersif et interactif que les jeux d'aujourd'hui. L'intelligence artificielle sera sans doute capable de réagir aux choix du joueur en temps réel ".
Avec le risque de voir disparaitre un jour l'essence même du jeu : " je ne suis pas contre la technologie, bien au contraire, mais je pense qu'elle ne doit pas prendre le pas sur le joueur. Un jeu trop assisté et trop dirigé par des algorithmes ça laisse moins de place à notre imagination, à nos efforts de joueur et à notre sentiment de découverte. Ce qu'on aime dans les jeux, c'est la liberté avant tout" !