Eau : quand la nature nous rappelle que nous sommes dépendants d’elle (et pas l’inverse)

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 23/07/2024 à 06:00

Le Conseil départemental a rendu son rapport sur la qualité de l’eau en Haute-Loire en 2023. La majorité des prélèvements décrit un état alarmant des rivières. Si 2024 apparaît bien plus fourni en eau que les deux années précédentes, il ne faut se fier à cette illusion d’optique, selon la collectivité. Surtout, il faut comprendre que la nature peut se passer de nous. Mais cette vérité n'est pas réciproque.

Plusieurs experts et élus se sont réunis, vendredi 12 juillet, aux côtés de Marie-Agnès Petit, présidente du Conseil départemental de la Haute-Loire. L’objet de cette réunion qui s’est déroulée à Peyrard, à quelques mètres de la rivière La Gagne, portait sur la qualité et la quantité d’eau qui nourrit les nombreux cours d’eau du département.

52,4 % des stations du côté de l’Allier en mauvais état concernant la biologie (Algues, faune invertébrées, poissons). 55 % pour le bassin Loire-Lignon. La qualité de la majorité des cours d’eau en Haute-Loire est donc classée de moyen à médiocre.

« Les deux années consécutives de sécheresse que nous venons de traverser ont mis à l’épreuve notre capacité à faire face au risque de pénurie en eau », s’inquiète Marie-Agnès Petit.

Elle ajoute à propos de la très grande enquête effectuée sur le sujet : « Le travail réalisé par mes équipes permet d’établir un diagnostic utile aux décisions et arbitrages des actions en faveur des milieux aquatiques, dans l’objectif de sauvegarder ce patrimoine qui fait l’identité et la renommée de notre territoire. »

Autrement dit, avant de déclencher des actions qui seraient soit improductives, soit irréalisables ou soit « au doigt mouillé », le Département s’est acharné à comprendre l’état des ruisseaux et des rivières avant d’appliquer les opérations adéquates.

52,2 % des stations de l’Allier un bon état écologique et physico-chimique (température de l’eau, acidité, oxygénation, nutriments). C'est 56,5 % pour le bassin Loire-Lignon.

300 jours en sous-alimentation

Le rapport de 2023 est édifiant. Déjà, le débit moyen des cours d’eau est inférieur de 61 % en comparaison à une année moyenne. Des situations d’assec (rivières dénuées d’eau) ont été constatées jusqu’au mois de décembre. D’après les relevés, la majorité est restée sous le débit moyen pendant… 300 jours.

L'état dramatique de la rivière Arzon dans la commune de Vorey.
La rivière Arzon dans la commune de Vorey en 2022. Photo par DR

« Ceci est la conséquence annoncée du changement climatique »

Le rapport fait état d’un déficit hydrologique très prononcé lié aux fortes chaleurs. Si la qualité de l’eau est bonne pour 54 % des 46 sites ciblés, comptant pas moins de 272 prélèvements en Haute-Loire, les experts tirent vivement la sonnette d’alarme. « Le recul sur les dernières années nous amène à constater la réduction des épisodes pluvieux et l’augmentation de leur intensité, partagent-ils durant la conférence de presse. Ceci est la conséquence annoncée du changement climatique ».

« Nous pouvons véritablement nous questionner sur notre capacité à conserver la bonne qualité des cours d’eau de notre département ». Les experts de l’Agence de l’ingénierie du Département

« Les actions de résilience des milieux aquatiques doivent être favorisées »

En guise de solutions bâties justement sur la conclusion du rapport, « les actions de résilience des milieux aquatiques doivent être favorisées en réduisant, par exemple, les apports polluants par l’amélioration de l’assainissement, l’adaptation des pratiques culturales ou encore l’infiltration des eaux pluviales ».

Les experts ajoutent en mentionnant le rôle primordial de la ripisylve que Zoomdici a traité dans un précédent article : « Il faut protéger les cours d’eau de la chaleur, en recréant, là où c’est pertinent, le couvert végétal des berges. »

« Il faut arrêter avec cet obscurantisme digne du Moyen Âge »

Les constats pessimistes sont là, sourcés par des scientifiques reconnus, poussant de plus en plus les climato-sceptiques au rang des inconscients. Mais, parmi les parlementaires, « grands » de ce monde qui font la pluie et le beau temps par leurs points de vue et leurs pouvoirs politiques, certains s’acharnent encore à dire qu’il n’y a pas d’urgence.

« La peur est mauvaise conseillère et des médias, tels que Zoomdici et L’Éveil, ont fait des articles alarmistes (sur la retenue d'eau de Naussac) », dixit le sénateur LR de la Haute-Loire, dans un post public Facebook daté du 4 juin 2024, repris par la page Actu43. À noter que les médias conspués par le Sénateur ont aussi fait des articles optimistes sur Naussac, suivant l'actualité du moment. Mais, aucun d'entre eux n'a été mentionné par le parlementaire LR (voir lien en bas de l'article).

Le sénateur LR ajoute : « Il faut arrêter avec cet obscurantisme digne du Moyen Âge. Il n’y a nul besoin pour parler du changement climatique ou de l’écologie, d’être sans cesse vecteur de message anxiogène, angoissant de peur et de culpabilité, sauf pour certains à vouloir, par dogme politique générer ce qu’ils affectionnent : l’interdit ! »

Comme quoi, les expressions, même puisées dans les tréfonds du passé, resteraient encore d’actualité : « Quand le sage désigne la Lune... »

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