Le maire prend un arrêté ferme pour le Père Noël et ses complices
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Déviation St-Hostien/Le Pertuis : '''une gabegie environnementale et financière'''
"Le chantier sera exemplaire en matière d'environnement". C'est ce qu'avait assuré Michel Chapuis, maire du Puy-en-Velay, lors de ses vœux en début d'année 2020. Pourtant, l'Autorité environnementale (Ae) est loin de partager en totalité cet avis, comme Zoomdici l'a déjà relaté la semaine passée.
10,7 kilomètres de long entre Le Pertuis et Saint-Hostien en passant par Saint-Pierre-Eynac et Saint-Etienne-Lardeyrol. 13 ouvrages d’art. Un viaduc de 300 mètres de long. 2 600 mètres linéaires de protections acoustiques. 3 millions de m³ de déblais pour 1,4 millions de m³ de remblais. "Cela va être la plus grande réalisation d’un bloc de la RN88", s’était enthousiasmé Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes lors du premier coup de pelle des travaux le 28 février 2020.
Sauf que l'Autorité environnementale (Ae), à l'instar de l'avis émis pour le doublement de la déviation d'Yssingeaux, apporte un sérieux bémol, et dans son sillage, France Nature Environnement (FNE) Haute-Loire, qui fédère plus de 25 associations du département, monte au créneau.
----"Un forcing politique de Laurent Wauquiez"
C'est ce que dénonce FNE Haute-Loire : "il profite de sa position à la présidence de la Région pour nourrir ses ambitions politiques, au détriment du bon sens et des autres territoires. Un habitant de Grenoble ne touche en moyenne que 3 € de subvention par an du Conseil régional et un habitant du Puy 300 €".
-----"Un projet bâti sur de faux arguments"
Selon FNE, les arguments mis en avant par la Région pour récupérer la maîtrise d'ouvrage et lancer le projet sont fallacieux. "Depuis 23 ans, l'État estime que cette réalisation n'est pas prioritaire car il recense trop peu de trafic", relate Jean-Jacques Orfeuvre, vice-président, alors que seulement 14 000 véhicules empruntent ce tronçon chaque jour, contre 22 000 le long du Breuil au Puy par exemple. "La Région avance l'argument de l'accidentologie mais l'Ae explique dans son rapport que la gravité des accidents y est inférieure à la moyenne nationale", lance-t-il.
Deuxième argument justifiant le projet : un gain de temps. Là encore, FNE s'inscrit en faux. "Laurent Wauquiez annonce qu'on va gagner 10 minutes sur le trajet mais il faudrait rouler à 110 km/h tout le long du tracé, ce qui paraît peu probable, et prendre en compte une vitesse moyenne de 42 km/h sur le trajet actuel. C'est encore une absurdité énorme", s'emporte Jean-Jacques Orfeuvre. Sans oublier que l'Ae soulève la question de l'augmentation des gaz à effet de serre, de l'ordre de 5 à 6 %, "ce qui était possible il y a 23 ans mais plus du tout aujourd'hui", insiste le collectif. Et encore, l'émission des gaz à effet de serre n'a pas été évaluée pour les travaux.
Enfin dernier argument mis en avant par le maître d'ouvrage : le développement de villages services. "On nous promet que les villages déviés vont avoir un développement économique mais aujourd'hui, il n'y a aucun exemple en France qui prouve qu'une déviation peut avoir un rôle positif sur l'économie d'un village", ajoute Renaud Daumas, président de FNE Haute-Loire.
Une gabegie environnementale mais aussi financière ?
Selon le collectif, le coût des travaux concernant la déviation du Pertuis et de Saint-Hostien pour une déviation de 10,5 km est aujourd'hui estimé à 226,5 M€ (contre seulement 160 M€ il y a deux ans). La Région en financerait 198 M€. Si le projet se réalise et que le porteur de projet prend en compte l'avis de l'Ae, le coût va forcément augmenter. L'enquête publique devrait être lancée dans l'été. "Cet investissement colossal se fera fatalement au détriment de dépenses plus utiles à la vie quotidienne de nos concitoyens", estime FNE Haute-Loire, "il correspond par exemple au prix de quatre lycées neuf, ce qui est une compétence régionale".
Autre compétence régionale : le transport collectif, et Pierre Pommarel, président de l'association des usagers des transports d'Auvergne, d'égréner des projets : "réaliser 14 allers-retours quotidiens en bus entre Le Puy et Yssingeaux, de 7h à 20h, ne coûterait que 500 000 €. La création d'un aller-retour supplémentaire en train rapide tous les jours entre Le Puy et Saint-Etienne coûterait environ 1M€ par an". Dernier exemple donné par l'ancien conseiller régional EELV : la commune de Sainte-Sigolène, forte de 6 000 habitants, qui ne dipose d'aucun transport collectif. "Les routes régionales n'existent pas donc on est hors compétence de la Région, qui a par contre l'entière responsabilité de développer les transports collectifs, ce qu'elle ne fait pas suffisament", juge-t-il.
Pierre Pommarel, pour vous, ce projet est une gabegie environnementale mais aussi financière ?
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Les habitants de la Haute-Loire privés de transports collectifs depuis des décennies
C'est ce que déplore le président de l'association des usagers des transports d'Auvergne, "et ils ont perdu l'habitude de les utiliser. Par contre, aujourd'hui ils en payent tout le prix puisque ce sont eux qui doivent financer leurs déplacements très coûteux en voiture, posséder un ou plusieurs véhicules par ménage...", ajoute-t-il, "donc c'est très coûteux pour les Altiligériens d'être dépendants à 100 % de l'automobile. Et à l'avenir l'énergie sera de plus en plus chère et donc ce coût de déplacement va aller croissant".
----Quid des 1 400 000 m² de déblais non stockés ?
Le terrassement du projet comprend 3 000 000 m3 de déblais et 1 600 000 m3 de remblais. La bonne gestion de tels chantiers routiers veut que déblais = remblais pour ne pas aller puiser ou déposer dans le milieu naturel. Dans ce projet, il reste 1 400 000 m3 de déblais non utilisés, souligne l'Ae.
-----"Des incidences sur le réchauffement climatique, sur la perte de biodiversité et de ressources en eau..."
Sur le champ purement environnemental, Renaud Daumas ne décolère pas : "ce sont près de 140 hectares d'habitats naturels, forestiers ou agricoles qui vont être détruits, des bocages, des prairies naturelles, des zones humides... donc il va y avoir des incidences sur le réchauffement climatique, sur la perte de biodiversité et de ressources en eau... ça va à l'encontre de toutes les directives données au niveau national et même international".
Le projet affecterait 29 exploitations agricoles et ne permettrait pas à la faune de se déplacer (un passage prévu tous les 720m quand la préconisation pour la continuité écologique est de 300 m). C'est enfin un territoire de grande qualité paysagère qui serait détruit, ce qui pourrait également avoir des conséquences sur l'économie touristique du secteur.
Des déviations à deux fois une voie, et le basculement du reste des montants sur le rail
Pas question pour autant d'être dans une opposition stérile et le collectif a bien conscience des désagréments que peuvent subir les habitants du Pertuis et de Saint-Hostien, traversés par une route nationale. Il propose deux petites déviations, à deux fois une voie, et le basculement du reste des montants sur le rail.
Renaud Daumas, pour vous il s'agit d'un projet anachronique ? Comment l'imaginer autrement ?
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Rassemblement mercredi prochain au Pertuis
Pour se faire entendre, un appel à l'action est lancé le mercredi 17 juin à 16h au Pertuis pour "arrêter la bétonisation inutile qui conduit au massacre du vivant". Les manifestants sont invités à venir endimanchés ou en costume d'animaux, avec peluches et masques.
Maxime Pitavy
Note : la rédaction de Zoomdici a sollicité le cabinet du Président de Région Laurent Wauquiez pour une réaction. Celle-ci devrait faire l'objet d'un article ultérieurement.
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