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Déviation St-Hostien / Le Pertuis : la réponse de la Région
Le projet est extrêmement polémique pour France Nature Environnement qui dans un article de la semaine dernière dénonce "'une gabegie environnementale et financière".
La Région Auvergne Rhône-Alpes, qui a fait le choix de devenir maître d'ouvrage sur un chantier hors de ses prérogatives et dont le coût (226 M€) ne laisse pas indifférent, était clairement pointée du doigt par les associations écologistes, qui l'accusent notamment d'avoir "bâti ce projet sur de faux arguments". Zoomdici a logiquement sollicité les services de la Région, dont la réponse nous est parvenue ce lundi matin.
Accidentologie : moins de gravité, mais plus d'accidents
Selon FNE (France Nature Environnement), la Région avance l'argument de l'accidentologie pour justifier cette déviation alors que la gravité des accidents sur la portion est inférieure à la moyenne nationale. Le Conseil régional rétorque que la gravité est inférieure à la moyenne nationale effectivement (74,1 tués et blessés graves contre 83 au niveau national) mais que le nombre d’accidents est supérieur à la moyenne nationale (24,9 accidents contre 21 au niveau national).
Gain de temps et atout pour le développement des centres-bourgs
Alors que FNE conteste le gain de temps pour les usagers (moins de 5 minutes selon l'association), la Région assure qu'il y a "effectivement un gain de temps" sans pour autant le chiffrer mais insiste surtout : "le projet permet un gain de sécurité, améliore les conditions de vie et constitue un véritable atout pour le territoire et le développement des centres-bourgs".
Sur ce point justement, Renaud Daumas, président de FNE Haute-Loire, déplore : "il n'y a aucun exemple en France qui prouve qu'une déviation peut avoir un rôle positif sur l'économie d'un village". Nous avons demandé à la Région si elle pouvait nous fournir des exemples de réussite et s'il y avait des études. "Nous pouvons citer la déviation de Quinssaines dans l’Allier, la déviation de Villeneuve sur la RN7 dans l’Allier également", nous répond la collectivité.
Pourquoi le coût des travaux est passé de 160 M€ à 226,5 M€ ?
"L’Etat avait estimé à 160 millions d’euros le projet sur la base de ratios et sans avoir mené des études précises, ni pris en compte les enjeux environnementaux", répond la Région qui a dû reprendre l’ensemble des études et "mener les procédures environnementales qui n’avaient pas été réalisées par l’Etat". L’estimation du projet a de fait été refaite et a pris en compte les enjeux techniques et environnementaux réglementaires imposés notamment par le Code de l’Environnement (espèces protégées, loi sur l’eau, transparence écologique, mesures compensatoires…). "L’opération est déclarée d’utilité publique depuis 1997 et l’Etat n’a pas été en capacité de budgéter l’opération", ajoute le cabinet du Président Laurent Wauquiez.
L’excédent de déblais ramené à 800 000 m3
Autre point noir soulevé par FNE Haute-Loire et l'Autorité environnementale (Ae) : les 1 400 000 m3 de déblais non utilisés, qui risquent d'être déposés dans le milieu naturel. "L’excédent dont vous parlez est ramené à 800 000 m3", assure le Conseil régional, "par une optimisation des études techniques pour réemployer le maximum de matériaux en remodelant pour, à la fois, insérer la route dans le paysage et redonner le maximum de surface en exploitation agricole en adoucissant les pentes des talus".
Puis la collectivité d'ajouter : "en ce qui concerne la prise en compte du paysage, cela a été un enjeu majeur à travers le protocole « murets » pour préserver et reconstituer des ouvrages en pierres (chirat, muret, pierrier…)".
"Le niveau d’exigence de l’Etat dans le domaine de l’environnement va bien au-delà de ce qu’il pratique lui-même pour les opérations qu’il porte"
C'est en substance ce que nous répond la Région concernant la problématique de l'artificialisation des sols et la possible compensation de la destruction de 20 ha de zones humides. "L’Autorité environnementale a émis, dans son avis du 20 mai, 22 recommandations auxquelles la Région va répondre positivement et de façon détaillée, notamment en précisant l’avancée des prospections et de la sécurisation foncière pour les mesures compensatoires et les zones de dépôt des matériaux excédentaires. Le niveau d’exigence de l’Etat dans le domaine de l’environnement va bien au-delà de ce qu’il pratique lui-même pour les opérations qu’il porte".
----France Nature Environnement Haute Loire, la Fédération Nationale des Associations d'Usagers des Transports et l'Asso'Loucionne invitent tout un chacun à manifester ce mercredi 17 juin à 16h au Pertuis en venant endimanchés.es ou en costumes d’animaux, avec peluches d’animaux, pancartes et masques.-----"La transparence écologique est un point essentiel pris en compte dans la conception du projet"
Enfin notre dernière question reposait sur l'impact que ce chantier peut avoir sur la faune, notamment la question des passages tous les 720 m alors que la continuité écologique préconisée par l'Autorité environnementale est de 300 m. "Une étude d’impact dont la qualité a été reconnue par l’Autorité environnementale et le CNPN (Conseil national de protection de la nature), a été réalisée par la Région", nous répond-on, "elle a permis de mettre en œuvre la séquence Eviter/ Réduire/ Compenser. Le projet a ainsi été optimisé et adapté pour éviter des impacts majeurs sur les espèces protégées notamment. La transparence écologique est un point essentiel pris en compte dans la conception du projet : réalisation d’un viaduc pour préserver le cours d’eau de Roudesse, intégration de plus de 60 ouvrages hydrauliques dont 10 ouvrages mixtes pour le passage de la faune, deux passages à grande faune, deux chiroptéroducs [passerelles à chauves-souris, Ndlr]. L’inter-distance entre les ouvrages est de l’ordre de 250 mètres et non pas de 720 mètres. Le projet comprend le rescindement de plus de 1,7 km de cours d’eau qui avait été modifié et obstrué. Le projet va améliorer de façon considérable les conditions de vie des riverains actuels de la RN88 : baisse des nuisances sonores et amélioration de la qualité de l’air".
Propos recueillis par Maxime Pitavy
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