Des coeurs vaillants qui bravent la pluie

Le Club Coeur et Santé du Puy, l'aboutissement d'une histoire personnelle

" Les médecins ont d'abord cru à une forme de burn-out" 

" C'était en 2012. Je menais alors une activité professionnelle hyper intense. Ça m'occupait totalement la tête. Sans doute trop ! Je me sentais de plus en plus fatigué. Un jour, j'ai fait un gros malaise. Lors d'une réunion de travail, je me suis effondré. Les médecins qui m'ont pris en charge à ce moment-là, ont d'abord cru à une forme très grave de burn-out, ce nouveau mal du siècle, qui voit de plus en plus de gens s'écrouler au travail. Mais les premiers symptômes cardiaques sont arrivés un peu plus tard : j'avais de grosses douleurs au niveau du thorax, une sensation de serrement intense, c'était hyper angoissant !".

Michel Girard souffre alors d'une forme assez grave d'angine de poitrine : son coeur n'est plus suffisamment oxygéné en raison du rétrécissement de ses artères coronaires. Cet épisode, déjà très sérieux en soi, aurait pu avoir pour conséquence un autre épisode, encore plus grave : l'infarctus du myocarde, la crise cardiaque.

" J'étais hyper stressé "

Lorsque le diagnostic tombe, c'est le ciel qui s'abat également sur la tête de ce quinquagénaire, sportif confirmé, pratiquant la course à pieds et grand habitué des 15 kilomètres du Puy : " Cela a été pour moi une période très difficile. C'était très dur physiquement mais aussi psychologiquement. Je me pensais en bonne santé, je ne fumais pas, je mangeais plutôt sainement, mais c'est vrai que j'étais hyper stressé dans mon cadre professionnel et que mon père est décédé des suites d'une crise cardiaque".

Michel devra être opéré en urgence pour subir un triple pontage coronarien, cette opération de chirurgie cardiaque visant à rétablir un flux sanguin normal vers le coeur, en créant, comme son nom l'indique, " un pont " afin de contourner les parties bouchées de ses artères.

" Après mon triple pontage, j'avais l'impression de revivre "

Après quelques semaines d'hospitalisation, vient le temps de la rééducation : " A ce moment-là, j'avais l'impression de revivre. Je retrouvais le moral, malgré toutes les agrafes sur mon thorax. Le chirurgien  et le personnel m'ont ramené à la vie. Ensuite, je suis allé dans un centre de rééducation, pour apprendre à mieux connaître et à davantage écouter mon corps. Chaque jour, je retrouvais mon souffle et mes muscles d'avant grâce à l'aquagym, au vélo et à toutes les séances d'activités physiques adaptées proposées par le personnel médical".

" Ils ont du m'imaginer entrain de m'effondrer, ça m'a vexé "

De retour chez lui, du côté de Saint-Gemain-Laprade, Michel s'adresse à une salle de sport afin de pouvoir continuer à progresser en  bénéficiant de séances de coaching sportif. Grosse désillusion. Fin de non recevoir : " ma situation a du leur faire peur. Ils ont du m'imaginer entrain de m'effondrer en pleine séance de cardio.  Ça m'a vexé énormément. Du coup, j'avais entendu parler, pendant ma rééducation, des clubs Coeur et Santé. J'ai décidé de créer l'antenne locale".

Les missions du club en matière de santé publique 

C'est donc en 2016, que Michel Girard crée l'antenne locale de " Coeur et Santé "  avec le cardiologue Michel Viallet et la conseillère municipale ponote Laurence Bouilhol. La raison d'être de cette association, affiliée à la Fédération Française de Cardiologie est d'aider les patients à reprendre confiance en eux en prenant en charge leur rétablissement.

" Aider les patients à renouer avec leur vie d'avant"

Selon Michel Viallet, aujourd'hui retraité, " l'une des missions principales de ce club, c'est d'organiser des séances de réadaptation pour aider les patients à renouer avec leur vie familiale, sociale et professionnelle en pratiquant une activité physique et sportive dans le but de renforcer leurs capacités cardiorespiratoires". 

" Notre message de prévention tient en trois nombres "

Mais l'association tient également à effectuer un travail en amont, en insistant sur la prévention de ces maladies auprès du grand public. En la matière, Michel Viallet sait être pédagogue : " notre message de prévention tient en trois nombres : le zéro, le cinq et le trente, zéro cigarette, cinq fruits et légumes par jour et trente minutes au moins d'activités sportives quotidiennes". 

Les maladies cardiovasculaires, un problème de santé publique qui touche de plus en plus de femmes

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde et la deuxième en France, après les cancers. Malgré 40 ans de baisse de mortalité et de morbidité grâce notamment à toutes ces initiatives de prévention mais également aux progrès thérapeutiques, elles restent à l'origine  d'environ 140 000 morts par an en France. Elles sont également l'une des principales causes de morbidité ( ndlr : nombre de personnes malades dans la population générale) et de consommation de soins avec plus de 15 millions de personnes traitées actuellement pour ce type de pathologie. 

" Chez les femmes, les taux d'hospitalisation pour infarctus bondissent depuis quelques années

Une nouvelle donnée inquiète tout particulièrement, Michel Viallet : le risque cardio-vasculaire des femmes, qui ne cesse de croître : " C'est vrai qu'à âge égal, les taux de mortalité et d'hospitalisation pour ce type de pathologie sont plus faibles que ceux des hommes, mais cet écart tend à se réduire de plus en plus. Chez les femmes, les taux d'hospitalisation pour infarctus bondissent vraiment depuis quelques années. C'est très inquiétant!".

Et de mettre en cause l'exposition croissante des femmes aux facteurs de risque : " cette évolution très défavorable est due au tabagisme, en forte augmentation chez les femmes, à l'association tabac et contraception, à une activité physique en baisse et donc à une sédentarisation croissante ainsi qu'à la consommation d'alcool et à l'augmentation de l'obésité et du diabète". 

Le club Coeur et santé organisera cet automne une conférence à ce sujet. En attendant, ses membres et leurs invités auront bravé la pluie de ce samedi matin. Le coeur vaillant.