Dans les entrailles de la prison du Puy-en-Velay

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 15/06/2024 à 06:00

Le Directeur de la Maison d’arrêt du Puy-en-Velay, aux côtés d’autres rouages de la machine judiciaire, partage le quotidien d’un détenu, enfermé pour purger sa peine dans l’imposante bâtisse. Immersion au cœur de cette vieille dame âgée de 127 ans.

« Quand une personne intègre la maison d’arrêt du Puy, un numéro d’écrou lui est attribué, décrit Cyril Mathieu, le directeur de l’établissement. Ses effets personnels lui sont retirés et une carte avec ses empreintes lui est délivrée. »

Avant de prendre possession de son nouveau lieu de vie de 12 m², le détenu passe ensuite par le vestiaire, la douche et la fouille. Il obtient aussi un kit tabac et une carte de téléphone.

La personne écrouée est alors vue par l’infirmière pour le suivi éventuel d’un traitement médical. Un entretien est organisé avec un personnel de la direction qui lui présente la structure, les activités, la formation professionnelle ou encore les cultes. « Une tablette lui est remise lui permettant de s’adresser à tous les services de la structure, d’acheter des biens à l’extérieur et de gérer les visites familiales », explique encore Cyril Mathieu.

L'une des cellules présentes dans la Maison d'arrêt ponote.
L'une des cellules présentes dans la Maison d'arrêt ponote. Photo par Nicolas Defay

Derrière les murs, 34 cellules accueillent environ 42 personnes. Une quarantaine d’agents au total sont présents pour assurer la sécurité et le bien-être des détenus.

« La présence des inscriptions de résistants de la 2ᵉ guerre mondiale »

La prison est structurée en plusieurs étages parmi lesquels le rez-de-chaussée est réservé aux prévenus et le 1ᵉʳ aux condamnés.

Au-dessus de la salle de musculation et de la salle de classe, où le taux de scolarisation reste très élevé (75 % d’après Cyril Mathieu lors d’un entretien en 2020), se trouve une chapelle impressionnante par son espace et son architecture. « Je ne pourrais pas vous dire depuis combien de temps elle existe, mais la charpente est du type Gustave Eiffel. Cet endroit est classé aussi bien par son élégance que par la présence des inscriptions de résistants de la 2ᵉ guerre mondiale, toujours gravées dans le bois des box ».

Cette partie de la prison est un lieu empli d'histoire, des stigmates gravées dans le bois
Cette partie de la prison est un lieu empli d'histoire, des stigmates gravées dans le bois Photo par Nicolas Defay

Prévenir pour ne pas de nouveau punir

Sandra Martin est la directrice du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP). Cette entité créée en 1999 assure le suivi et le contrôle des personnes placées en milieu fermé ou en milieu ouvert. Elle apporte une aide à la décision judiciaire dans un souci d’individualisation pour éviter notamment les sorties sèches. Autrement dit, que le détenu ayant purgé sa peine ne soit pas lâché « sans filet » à sa sortie.

Les 14 conseillers affectés au SPIP au Puy-en- Velay suivent près de 750 personnes. Leur mission principale ? La prévention des effets désocialisants de l'emprisonnement. Pour cela, il s'agit, selon eux, de maintenir des liens sociaux et familiaux et de les aider à préparer leur réinsertion sociale afin de prévenir une éventuelle récidive.

En détention, chaque personne détenue a un conseiller référent qui le suit, l’informe sur ses droits et l’aide dans ses démarches.

« L’emprisonnement est la peine ultime »

Pour Lucie Degoy, juge de l’application des peines (JAP) au Puy, « l’emprisonnement est la peine ultime. Les textes de loi sont faits aujourd’hui pour qu’on évite au maximum les peines d’emprisonnement avec le développement des peines alternatives ».

Avant de souligner : « Mais toutes les peines alternatives à l’incarcération qui ne sont pas respectées par la personne jugée peuvent conduire à une peine de prison ».

La fonction du JAP est d’arriver à modifier le comportement du délinquant pour éviter la récidive et le sortir du cercle de la délinquance. Concernant les peines en milieu ouvert, « la personne jugée à 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple est libre, mais elle ne doit pas récidiver sur une période de 5 ans, précise Lucie Degoy. Si la personne récidive, le sursis est révoqué et elle effectue sa peine de prison de six mois ».

Dans une salle de cours, décorée par des détenus eux-même.
Dans une salle de cours, décorée par des détenus eux-même. Photo par Nicolas Defay

Le JAP peut convertir des peines de prison en peines comme le travail d’intérêt général ou les jours-amendes en fonction des motivations et de la bonne foi du mis en cause.

En milieu fermé, il existe la prison, la détention à domicile sous surveillance électronique, la semi-liberté (la personne dort en prison) ou encore le placement à l’extérieur au cours duquel le détenu exécutera sa peine sur un chantier d’insertion par exemple. « Le JAP peut à tout moment, retirer les réductions de peines si l’individu a eu un mauvais comportement », termine Lucie Degoy.

3 % de femmes détenues

Aurélie Chambon, avocate du Barreau de la Haute-Loire, rappelle, qu’en France « nous avons 75 000 détenus dont 3 % de femmes, 20 000 personnes en détention provisoire et 800 mineurs. L’avocat intervient à tous les stades de la procédure ».

Au moment du jugement, l’objectif poursuivi par l’avocat est d’éviter la prison pour son client ou de rester en deçà du délai de 12 mois de prison. « Si la durée de la peine ne dépasse pas un an, le mis en cause peut bénéficier d'un aménagement de peine, nous apprend Aurélie Chambon. Dans ce cas, il n’ira pas en prison et pourra exécuter la peine sous une autre forme (bracelet électronique...) ».

L'enseignement comme moyen d'évasion.
L'enseignement comme moyen d'évasion. Photo par Nicolas Defay

Des prisons aux visages divers : les maisons d’arrêt, les centres de détention, les maisons centrales et les centres de semi-liberté et les établissements pour mineurs.

« L’accompagnement à la sortie de prison est clairement nécessaire »

Enfin, Fabien Sartre-Andrade Dos Santos, président du tribunal judiciaire, soulève que c’est seulement au 18ᵉ siècle qu’apparaît la prison au sens moderne d’institution pénale dédiée à l’enfermement.

Il termine en ces mots, mettant en exergue l’importance d’une surveillance post peine : « Les personnes suivies dans le cadre notamment d’un aménagement de peine ont plus de chance de ne pas récidiver en sortant de détention. L’accompagnement à la sortie de prison est clairement nécessaire. »

La prison du Puy-en-Velay est née en 1897.
La prison du Puy-en-Velay est née en 1897. Photo par Nicolas Defay

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