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L’ambiance était à la rencontre. Peu de badauds, peut-être, mais plus de temps pour échanger, s’arrêter, poser des questions, et découvrir ce qui fait battre le cœur de l’artisanat local. De la couture à la liqueur, du bois tourné au crochet, les exposants ont tous en commun une chose essentielle : la passion.
Au lendemain de la Fête de la Musique et sous un soleil de plomb, le marché des créateurs de Saint‑Germain‑Laprade n’a pas attiré les foules. Pourtant, ceux qui s’y sont aventurés ont eu la chance de vivre de vrais moments d’échange. Derrière chaque stand, des artisans passionnés ont pris le temps de raconter leur parcours, leurs techniques, et les défis d’un métier où la passion l’emporte souvent sur la rentabilité. Car ici, on crée par vocation, on vend pour continuer, et surtout, on transmet : savoir-faire, respect de la matière, et amour du travail bien fait.
Transmission, partage, sincérité : l’essence de l’artisanat
Ces artisans ne vivent pas toujours de leur art, mais ils vivent pour lui. Ce qu’ils vendent, c’est autant une pièce qu’une histoire, un geste, un héritage. Ils accueillent les visiteurs avec une disponibilité rare, expliquant volontiers leur technique, les matériaux qu’ils utilisent, et ce qui les anime. Ils ne vendent pas qu’un produit, ils partagent un savoir. Et si l’on tend un peu l’oreille, on repart avec bien plus qu’un objet. Il ne reste pas moins que pour ces artisans, pas besoin de promesse d'achat. Un échange sincère est tout aussi essentiel. Voici cinq d’entre eux, rencontrés au fil de la matinée.
Malili_fée, une couturière passionnée
Aurélie, créatrice de Malili_fée, s’est lancée dans la couture il y a six ans. Depuis trois ans, elle développe son activité depuis chez elle, jonglant entre cinq enfants et sa passion pour le textile.
"Couturière Retoucheuse
Créations / Zéro déchet / Upcycling"
Grâce à une formation avec la CMA, elle a appris à gérer son propre site WordPress et à organiser sa production. Créations, upcycling, accessoires zéro déchet : elle propose des pièces aussi utiles que jolies. Même si elle reconnaît qu’elle ne pourrait en vivre, elle revendique fièrement son indépendance, la possibilité de créer à son rythme, selon ses contraintes, et la joie de se former en continu. Une belle démonstration que l’artisanat est aussi un moyen d’émancipation et d’adaptation.
Au Bois du Loup : quand le bois a son mot à dire
Pierre, tourneur et sculpteur sur bois, travaille sous le nom évocateur Au Bois du Loup. Pour lui, le bois n’est pas qu’un matériau : c’est un interlocuteur. “Parfois j’arrive avec une idée, mais c’est le bois qui décide.”
"Je tourne et sculpte des objets décoratifs ou utilitaires en bois, d’essences locales principalement. Je tiens compte du bois, qui me guide dans la forme que je vais lui donner et le sens dans lequel je vais le tourner. J’aime à travailler ce matériau à la fois noble, durable, chaleureux et intemporel."
Il évoque avec précision le travail de tournage, les outils qu’il faut souvent fabriquer soi-même, les gestes millimétrés, et les surprises qui surgissent en creusant une pièce. Il s’est formé seul, avec passion, puis a complété son parcours à l’école d’Escoulen, une référence internationale. Il récupère ses bois localement ou auprès de collègues tourneurs, et partage volontiers ses savoirs via des stages. “C’est un métier de geste”, dit-il, mais aussi d’écoute : "le bois a son mot à dire, et il faut l’entendre".
Petite Ponote, 30 heures de douceur
Marie-Hélène, alias Petite Ponote, crochète des peluches tendres pour enfants (et grands enfants). Tortues, moutons, lapins, personnages de dessins animés… Chaque pièce est réalisée à la main, avec une patience remarquable.
"Nous avons une passion pour le DIY que nous partageons avec vous. Il y a des créations, des inspirations et parfois des modèles repris."
Le mouton, sa pièce la plus longue, lui demande jusqu'à 30 heures de travail. “Il prend plus de temps, et les points sont plus complexes”, explique-t-elle. Retraitée, elle a commencé en créant pour ses petits-enfants avant que sa fille ne l’encourage à partager son talent. Lavables en machine, les peluches sont aussi sécurisées (yeux vissés), et pensées pour durer. “Je ne donne pas de cours, je n’ai pas la patience”, avoue-t-elle en riant. Mais elle espère tout de même transmettre l’envie, notamment à sa petite-fille… ou à ses copines.
L’Atelier du Vieux Tilleul : le bois d’exception entre tradition et design
Jérôme, fondateur de L’Atelier du Vieux Tilleul, tourne et façonne le bois avec une précision horlogère et une conscience écologique affirmée.
"Le tournage sur bois, comme la sculpture implique d’enlever de la matière, c’est pour cela que nous essayons au mieux d’adapter nos design d’objets aux morceaux de bois. Toutes les chutes sont réutilisées pour la réalisation de stylo, porte-clés ou autres objets de petite taille."
Il travaille plus de 30 essences, le plus souvent locales ou issues de récupération, toutes tracées et sélectionnées selon des critères écoresponsables. Stylos haut de gamme, vases polymorphes, objets sur commande pour designers, boucles d'oreilles, stylo à parfum… rien ne lui échappe. Chaque pièce est bien évidemment unique, souvent façonnée à partir d’un simple “carrelé” de bois, puis travaillée jusqu'à devenir un objet d’exception. Le succès est là, avec des collaborations prestigieuses (le Prince de Monaco, Fragonard, designers parisiens, hôtels de luxe), mais la réalité est plus nuancée : “Il faudrait une commande de designer par mois pour en vivre vraiment.” Un artisanat d’art qui mise sur la qualité, la transmission et une transparence totale envers le client.
La Brasserie des Plantes : élixirs d’Auvergne et liqueurs d’auteur
À Saint-Didier-en-Velay, Étienne, co-fondateur de La Brasserie des Plantes transforme les plantes oubliées en élixirs remarqués.
Liqueurs, infusions, chaque recette est pensée comme une alchimie entre biologie, terroir et créativité. Le fondateur, ancien ingénieur en biologie végétale, met au point ses formules avec rigueur et passion, souvent en lien avec des bars ou restaurateurs. Leur “Alchimie Végétale”, un digestif de 27 plantes, a même été sacrée meilleur digestif du monde en 2025 au concours de Paris. Malgré ce coup de projecteur, la brasserie reste fidèle à l’échange humain et à la pédagogie : visite du labo, ateliers, vente directe, discussions sur les bienfaits des plantes... Un projet enraciné, vivant, ouvert.
Ce que les objets ne disent pas seuls
Au-delà de l’aspect commercial, ce marché a offert un précieux rappel : l’artisanat local est vivant, inventif et profondément humain. Il mérite notre attention, notre soutien, et parfois simplement notre écoute. Prendre le temps d’échanger avec un créateur ou une créatrice, c’est aussi valoriser une démarche souvent solitaire, exigeante, mais toujours portée par la volonté de faire du beau, du durable, du vrai. À Saint‑Germain‑Laprade, les mots ont souvent compté autant que les mains.
Sans art, pas d’humanité au sens plein. L’art est ce qui rend Homo... sapiens.
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