Un film de Franck Dubosc en avant-première au Ciné Dyke du Puy
Tous
Condamné pour avoir agressé sexuellement infirmière et femme de ménage
"Vieux garçon", "solitaire", "désert affectif"... Si une chose a mis d'accord le tribunal du Puy-en-Velay, mardi 31 octobre, c'est bien la personnalité du prévenu. Un homme de 53 ans qui, depuis sa naissance, n'a pas quitté son hameau, non loin de la Chaise-Dieu. Ni ses parents. Et n'a jamais connu de relations amoureuses. "Je suis bien avec mes bêtes", confie-t-il durant l'audience.
Bien avec ses bêtes, mais pas forcement avec les femmes. Pas avec cette infirmière qui venait lui procurer des soins à domicile en tout cas. Chaque soir, elle le piquait pour son diabète. "Vous tentiez de renifler son parfum, le nez presque dans ses cheveux. Et un jour vous avez essayé de toucher sa poitrine, avant qu'elle ne s'écarte", décrit le juge André-Frédéric Delay, dossier en mains. Idem avec une femme de ménage. "Vous avez lui avez touché les fesses, notamment quand elle passait le balai".
----L'affaire Weinstein en toile de fond
Les infractions de nature sexuelle font couler beaucoup d'encre depuis l'affaire Weinstein, ce producteur hollywoodien accusé d'agressions sexuelles par de nombreuses actrices. Une actualité qui a déteint sur le procès de mardi : les avocats ont à plusieurs reprises fait référence à des "comportements de cinéaste connus".-----"Il avait cette manière de me fixer, les pupilles dilatées"
Un peu vouté à la barre, le prévenu nie la quasi totalité des faits. Pourtant les témoignages s'accumulent. "Le problème c'est que les langues se sont déliées", remarque le juge. Mais le prévenu s'entête, et esquisse une théorie du complot. "L'infirmière voulait se venger car j'ai menacé de changer de cabinet", tente-t-il.
La plaignante, elle, se tient à deux pas de lui, tête baissée, comme accablée par la gêne. Elle se contente d'un imperceptible "non" de la tête quand une parole lui déplaît. Appelée à la barre, elle craque dès la première seconde. Les larmes rendent l'explication difficile. "Il cherchait le contact en permanence, voulait toujours me faire la bise. Il avait cette manière de me fixer, les pupilles dilatées. Comme si j'étais un objet." L'infirmière continue alors à voir se patient malgré l'appréhension, jusqu'à "ce geste de trop", quand il tente de toucher ses seins.
"Il a pris l'habitude de toucher quand l'occasion se présente"
Ce comportement a-t-il une cause psychiatrique? Non, affirme l'expert. "Il s'agit plutôt d'un état de grande frustration sexuelle. Ce n'est pas un sujet dangereux, mais il a pris l'habitude de toucher, de palper quand l'occasion se présente". L'avocat de la plaignante, Me Schott, va plus loin : pour lui, cette piqûre du soir n'était qu'"un prétexte pour voir un élément féminin".
Quoi qu'il en soit, les faits se sont déroulés à huis-clos, et deux paroles s'opposent. Y a-t-il eu, pénalement, tentative d'agression sexuelle? L'avocate du prévenu, Me Diez, le réfute. Son client est certes "un rustre", "pas toujours malin", qui a "un discours inadapté à l'égard des femmes". Ce qui ne suffit pas, selon elle, à caractériser une agression sexuelle. "Isolement social, solitaire... Ce sont des termes flous, le code Penal n'en a que faire."
Six mois avec sursis
Mais les témoignages sont "précis, sans exagération et concordants" pour le procureur, qui demande huit mois de prison avec sursis. Les juges en retiendront six, avec obligation de soins, interdiction de recroiser les victimes, ainsi que 1600€ de dommages et intérêts.
Clément L'hôte
Vos commentaires
Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire