Banque alimentaire : « En 15 ans de présidence, je n’ai jamais assisté à ça »

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 31/08/2023 à 15:30

Mercredi 30 août, le préfet de la Haute-Loire, Yvan Cordier, s’est rendu dans les nouveaux locaux de la Banque alimentaire à Cussac-sur-Loire. Le président de l’association humanitaire, Jean-Marie Guérault, lui a confié un fait sans précédent. La nécessité de rationner les distributions, faute de produits en stock.

« Le problème alimentaire est crucial en ce moment. Et la rentrée va s’avérer être très compliquée. Les prix des produits alimentaires et autres ont augmenté entre 10 et 15 %. Voire bien plus pour certains. En parallèle, le nombre de personnes dans le besoin ne cesse de croître ».

Le président de la Banque alimentaire Haute-Loire ajoute : « Les gens, et je le comprends tout à fait, achètent moins à cause de l’inflation. Et ils donnent logiquement moins aux associations humanitaires. Mais comment fait-on alors pour contenter celles et ceux qui ne dépendent que de nous, de la Banque alimentaire, des Resto du Cœur et des autres entités similaires ? »

Il y a deux ans, la Grande collecte pour la Banque alimentaire Haute-Loire a généré 48 tonnes de denrées. En 2022, ce chiffre est passé à 35 tonnes, soit 13 tonnes de moins.

(De g à d). Yvan Cordier, Jean-Marie Guérault, et le maire de Cussac/Loire Rémi Barbe.
(De g à d). Yvan Cordier, Jean-Marie Guérault, et le maire de Cussac/Loire Rémi Barbe. Photo par Nicolas Defay

« La situation est extrêmement préoccupante »

Devant le préfet Yvan Cordier, fraîchement arrivé dans le département, Jean-Marie Guérault se désole : « En 15 ans de présidence, je n’ai jamais assisté à ça. Nous avons été confrontés à une pénurie de lait et de pâtes pour constituer les menus que nous confions ensuite aux associations du département en fonction de leurs besoins. C’est la première fois que nous avons dû nous résigner à diminuer la quantité des paniers tant que nos stocks étaient bas ou à néant ».

Il continue avec la même intonation. « Au mois de juillet, nous n’avions plus de lait. Aujourd’hui, nous rationnons de plus en plus pour espérer donner jusqu’à la fin de l’année. La situation est extrêmement préoccupante ».

« Les menus que l’on propose maintenant aux gens sont plus faibles quantitativement. Cela veut dire que les gens mangent moins et devront manger de moins en moins si la tendance reste la même ». Jean-Marie Guérault

L'un des bénévoles transportant des denrées de la Banque alimentaire.
L'un des bénévoles transportant des denrées de la Banque alimentaire. Photo par Nicolas Defay

Des aides, oui, mais...

En réponse à ce sombre constat, Yvan Cordier rappelle les aides octroyées par l’Europe et l’État aux associations telle que la Banque alimentaire. « Il y a le FSE (Fond Social Européen) qui est un financeur important à hauteur de 40 % de votre action et qui finance en partie les denrées alimentaires ».

Remarque : Le FSE n’a, certes, pas diminué son enveloppe financière. Mais il n’a pas pris en compte les conséquences de l’inflation sur les prix des produits. Avec cet effet ciseau, c’est comme si les fonds avaient diminué autant que la part de l’inflation.

Il ajoute : « L’État local, également, apporte son soutien. Cette année, il a versé 121 000 euros pour les quatre principales structures humanitaires de la Haute-Loire dont 35 000 euros pour la Banque alimentaire ». D’après Yvan Cordier, cette enveloppe sert à financer les véhicules, le carburant, le chauffage et les matériels divers.

À noter dans le calendrier : la prochaine Grande collecte organisée par la Banque alimentaire dans pléthore de magasins et grandes surfaces en Haute-Loire est prévue les 24, 25 et 26 novembre 2023

La Banque alimentaire de la Haute-Loire a besoin de toujours plus de bénévoles.
La Banque alimentaire de la Haute-Loire a besoin de toujours plus de bénévoles. Photo par Noé Capitant

« Je suis prêt à mobiliser les représentants locaux des grandes surfaces »

Yvan Cordier admet qu’il faut renforcer les aides et la communication sur ce problème de société. « L’État s'est aperçu, notamment durant la période Covid, d’un vrai problème d'accès à l'alimentation pour de plus en plus de personnes en France. Ce qui est assez choquant dans notre pays »

Il promet alors : « Je suis prêt à mobiliser les représentants locaux des grandes surfaces pour voir comment on peut maintenir, voire augmenter le flux de denrées, qui peuvent être mises à disposition de la Banque alimentaire ».

La Banque alimentaire en manque de bras et de tête

L’association est composée d’une trentaine de bénévoles, œuvrant dans les trois structures du département à savoir Le Puy (Cussac/Loire), Monistrol-sur-Loire et Paulhaguet.

Elle recherche activement des bénévoles supplémentaires, disponibles les lundis et mercredis matin.

Contact : 04 71 04 02 13 et auvergne.43@banquealimentaire.org

 

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1 commentaire

jeu 31/08/2023 - 18:34

Depuis 2008 la grosse crise financière ,on assiste à cette 'marée lente' du recours à l'aide alimentaire qui n'a jamais reflué" et maintenant avec la hausse de l'inflation en France çà se ressent fortement sur le pouvoir d'achat des Français modestes avec une diversité des profils des bénéficiaires.

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