Avec l'Office, le nouveau skatepark, glisse et cultures urbaines s'implantent au Puy

L'aboutissement d'une longue aventure

Ce nouvel espace dédié à tous les sports de glisse urbain du BMX au VTT freestyle, du skate aux rollers, en passant par la trottinette, porte un nom qui peut paraitre incongru aux non-initiés : l'Office.

Ne cherchez pas, on vous explique.

Au Puy, comme ailleurs, le skate, à ses origines se veut le porteur d'une véritable contre culture urbaine dont les fers de lance sont une certaine esthétique underground et la revendication d'un idéal libertaire. Tout dans la ville devient dès lors matière à être skaté : canalisations, murets, bancs publics, escaliers. Dans la cité pavée, le point de ralliement des premiers skaters était l'arène en terrasses située devant l'office du tourisme. Les vrais ponots s'en souviennent surement. Le choix de ce nom était une manière de rendre hommage à cet endroit, mythique et fondateur pour les premiers adeptes locaux de la glisse urbaine. Ces derniers se regrouperont d'ailleurs rapidement au sein d'une nouvelle association, l'ACUSAV ( Association des Cultures Urbaines et des Sports Alternatifs du Velay) afin de promouvoir les cultures urbaines et les sports qui leur sont associés sur l'ensemble du territoire altiligérien. Ils sauront se faire remarquer par les élus en organisant dès 2016, la "Street en Velay", une compétition de skate et de BMX qui avait connu un immense succès à la Halle des Orgues d'Espaly. L'occasion pour la jeune association de capter l'attention des élus de la Communauté d'agglomération du Puy-en-Velay qui retiendront son projet de construction d'un skatepark. Entre les premiers travaux de terrassements en Juin 2022 et l'aménagement des abords il y a quelques jours seulement, le nouvel espace aura été livré en moins d'un an. 

Un site organisé autour de trois spots 

La surface totale du site est de 3600 m2, ce qui fait de l'Office, d'après Laurent Wauquiez, président de la Région, "l'un des plus grands skatepark extérieur de la région". Il se compose de trois parties principales. Visite des lieux, avec Yvan, 31 ans, adepte du freestyle sur son BMX depuis dix-huit ans.

• Un bowl de 900 m2

Le bowl, (de l'anglais cuvette, bassin)  est un module de skatepark qui ressemble à un bol. Les skaters et les riders l'utilisent pour réaliser des figures acrobatiques (les tricks). Il se compose d'une ou de plusieurs demi-sphères reliées entre elles et entourées de bordures en métal. Pour pouvoir y évoluer et y réaliser le parcours le plus fluide possible il faut pouvoir gérer au mieux sa vitesse et sa trajectoire. C'est le deuxième plus gros bowl, sur lequel Yvan a roulé. Il le trouve "assez génial, parce que son wall incurvé permet prendre de la vitesse". Et de préciser: " Ici c'est plutôt l'espace de ceux qui écoutent du grunge et du métal, alors qu'à côté, au street, on écoute plutôt du rap et du hip-hop"

• Un espace street de 600 m2

L'espace street, justement, est un  espace, dont le nom fait référence aux origines urbaines de ces sports. Il permet de les pratiquer de manière plus agressive que dans le bowl. Les différents modules qui le composent sont inspirés de l'infrastructure d'une ville ( escaliers, rampes, pentes, murs..) afin de permettre aux pratiquants de réaliser des parcours libres en enchainant le plus de figures possibles. Même si cet espace est plutôt dédié aux skaters, Yvan y trouve quand même l'occasion d'y réaliser de nombreux freestyle : " Il y a plein de possibilités, on peut bien s'amuser, j'aime bien l'espace en pavé qui rappelle le Puy". 

• Un pump track de 1 200 m2

Le pump track est un circuit tout terrain fermé, caractérisé par des virages et des bosses sur un sol en béton. C'est le lieu d'évolution des BMX, mais il peut également être parcouru en skate, en rollers et même à trottinettes. Les virages et les bosses doivent permettre, à ceux qui le pratiquent, de pédaler le moins possible mais d'agir en flexion avec leurs bras et leurs jambes pour prendre de la vitesse. Pour Yvan, les 500 m2 de parcours en enrobé (le restant étant dédié aux espaces verts) sont " cool et permettent de bien s'amuser".

La question qui fâche 

La construction d'un skatepark en béton projeté, de surcroît en zone inondable paraitra sans doute pour certains un non sens  : " C'est vrai que ça fait beaucoup de béton quand même sur une telle surface à l'heure du grand réchauffement climatique et du questionnement général autour de l'écologie et du bilan carbone. Et puis le skatepark se trouve à quelques pas de la Borne, c'est pas une zone inondable ici ?", insiste Isabelle, les yeux rivés sur son ado qui effectue des pirouettes sur sa trottinette.

Nous avons tenté d'en savoir plus avec l'un des concepteurs du projet, Frédéric Serrurier, gérant du bureau d'études "Connexion sport urbain", spécialisé dans l'aménagement de telles structures : " C'est vrai que nous n'avons pas utilisé de béton bas carbone. Nous avons utilisé du béton classique de construction, mais le béton en lui même ne pollue pas l'environnement.  Dès l'automne, on réalisera de nombreuses plantations autour du site afin de recréer un maximum de biodiversité et puis notre projet a été conçu autour de quelques arbres qu'il fallait préserver. En ce qui concerne les inondations possibles, elles auront un impact négligeable sur la structure puisque nous avons un équilibre entre les déblais et les remblais. Nous ne sommes pas dans une zone humide, le revêtement ne sera  pas impacté par l'humidité".