Billom : une rando contre les méga-bassines

Par Nathalie Piendel , Mise à jour le 06/05/2024 à 18:00

Le rendez-vous est donné à 9 heures, le samedi 11 mai, à Billom, afin de se dresser contre la construction de deux "méga-bassines" à proximité. 

Petit rappel des faits : deux méga-bassines de 14 et 18 hectares sont à l’étude à proximité de Billom dans le Puy-de-Dôme, sous l'impulsion de l'Association Syndicale Libre des Turlurons, groupement d'agriculteurs principalement céréaliers. 

Si elles profitent à certains, les méga-bassines ne se font pas que des copains, en raison notamment de leur impact environnemental, particulièrement sur les écosystèmes locaux et la gestion des ressources en eau. 

Depuis l'annonce de ce double projet en février 2023, le collectif d'opposants Bassines Non Merci 63 (BNM63) s'est créé, composé d'habitants de Billom, et villages alentours, de Puydômois engagés.

Soutenus par la Confédération paysanne 63, Extinction Rebellion, les Faucheurs Volontaires et les Soulèvements de la Terre, ils appellent, le 11 mai prochain, à "une mobilisation massive et nationale en dehors du territoire pour montrer que la préservation de l'eau en tant que bien commun est au cœur des préoccupations citoyennes." Sont donc attendus des militants de toute la France. "Les méga-bassines contribuent à l’accaparement de la ressource en eau par une minorité, endommagent le milieu naturel, et bénéficient à une agriculture intensive et exportatrice." Collectif BNM63. 

Méga-bassine, de quoi parle-t-on ?

Les méga-bassines sont des retenues d'eau, entourées de digues d'une dizaine de mètres de haut, installées sur une terre décaissée (jusqu'à 8 mètres de profondeur). Ce sont des ouvrages hydrauliques imperméables, bâchés, remplis par pompage dans les nappes phréatiques (nappes de surface) ou dans les cours d’eau. 

Elles permettent ainsi aux agriculteurs de disposer d'une réserve d'eau pour irriguer leurs cultures pendant les périodes de sécheresse ou de faible pluviométrie.

Le principe de base, c'est de remplir ces bassines en hiver, pour faire des réserves pour l'été et éviter de pomper l'eau des cours naturels en période de sécheresse. 

Financées à 70 % par de l'argent public

Un projet aussi largement subventionné, 25 millions d'euros financés à 70% par la région et l'Europe, que critiqué. Passons le fait que cet argent public soit versé pour le projet d'une poignée d'agriculteurs, 36 exploitations concernées sur un peu plus de 5700 recensées dans le département, et que les membres soient majoritairement des producteurs de maïs semence, en contrat avec Limagrain, groupe semencier international.

Un problème majeur se pose, car les dîtes méga-bassines, ne sont pas de bêtes et gigantesques cuves de récupération de l'eau de pluie, mais des espaces de stockage d'une quantité d'eau astronomique directement pompée dans l'Allier : 2,3 millions de m3, pour irriguer un total de 800 hectares, en périodes de sécheresse. Périodes par ailleurs non réellement déterminées, car en fait, personne ne peut prédire avec justesse ce que Dame Nature a en tête.

"On n'est pas là pour taper sur les agriculteurs, on sait qu'ils ont des besoins en irrigation, ce qu'on veut c'est un débat citoyen, on veut discuter et comprendre. On n'attaque pas les personnes mais les choix, nous ce qu'on défend ce sont les circuits courts, le respect des zones humides, les techniques agricoles plus respectueuses de l'environnement." Adèle Desmoulins, membre du collectif BNM63 et d'Exction Rebellion Puy-de-Dôme. 

Et du gaspillage, en veux-tu, en voilà, puisque de l'eau stockée dans les méga-bassines, environ 20% s’évaporent. "En la stockant, on la prélève du milieu qui ne reçoit donc plus la quantité nécessaire pour répondre à ses besoins et à ceux de l’agriculture. Par ailleurs, on la rend stagnante alors qu’elle était courante : l’eau s’évapore et sa qualité se dégrade (eutrophisation)", déplorent les membres du Collectif CNM63. 

Une rando festive, mais à l'engagement ferme

Cette randonnée festive et engagée du 11 mai aura lieu dans les environs de Billom, avec un départ prévu à 9 heures. "On veut que ce soit un événement pédagogique, que soit joyeux et créatif, pour que les personnes se sentent engagées. Là on des membres super investis qui créent des oeuvres artistiques, des mascottes géantes" explique Adèle Desmoulins. "Notre objectif c'est de sensibiliser, alerter les populations"

Pour plus d'informations, suivre les réseaux sociaux de Bassines Non Merci 63 (BNM63) ou sur l'adresse e-mail  : bnm63@riseup.net

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